Congrès sur les drogues à l'Académie des sciences © L'Osservatore Romano

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Non à la légalisation des drogues soi-disant douces, par Mgr Sanchez Sorondo

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Elles endommagent le cerveau et sont un cheval de Troie pour les drogues dures

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« Non » à la légalisation des drogues soi-disant « douces », qui « endommagent le cerveau » et sont un « cheval de Troie pour les drogues plus dures », déclare Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l’Académie pontificale des sciences, à l’occasion d’un congrès organisé au Vatican sur les stupéfiants, dans cet entretien à Radio Vatican en italien du 25 novembre 2016.
Une soixantaine de participants, parmi lesquels la reine Silvia de Suède et Youri Fedotov, directeur du Bureau de l’ONU chargé de la drogue et des crimes, ont été reçus par le pape François au Vatican, hier, jeudi 24 novembre. Il s’est déclaré en faveur du contrôle du réseau mafieux de distribution.
Mgr Sanchez Sorondo dit non à la légalisation des drogues dites « douces »: « Quelqu’un a dit que la libéralisation de la drogue sert dans le domaine de la santé en tant que soin. Mais, en général, la drogue soi-disant douce n’est pas douce parce qu’elle endommage le cerveau ! Elle veut être, comme on l’a dit, le cheval de Troie pour les drogues plus dures. Par conséquent : non à la drogue douce ! Et puis l’éducation et la prévention contre l’alcool, contre le tabac et contre le pire de tout qu’est la drogue. »
Le travail continue, explique-t-il: « Nous voulons continuer d’étudier tout ce phénomène : ses dimensions, ses causes et ses solutions. Nous voudrions étudier encore plus profondément les effets produits sur le cerveau parce qu’effectivement (…) la drogue bloque les défenses du cerveau, bloque la communication même du cerveau et les membranes qui servent de communication ; et elle les bloque de telle sorte qu’il n’est pas facile, ensuite, de récupérer. »
Le chancelier de l’académie pontificale explique l’effet de la drogue sur le cerveau: « Le cerveau change radicalement et voit diminuer ses possibilités. Par conséquent l’homme perd, d’une certaine manière, sa dignité et il n’est plus motivé. Il a été dit qu’il existe des animaux qui, lorsqu’ils consomment de la drogue, n’ont plus aucune motivation à vivre et qui meurent. Pour éviter tout cela, il est nécessaire de donner une éducation, une communauté, le sport, la justice et de regarder le problème : ce problème nous envahit, représente le grand problème de notre époque avec les autres formes d’esclavage. »
Mgr Sanchez Sorondo revient sur l’appel du pape: « Le pape a parlé de cette blessure, de ce fléau présent dans le monde entier et qui ne touche pas seulement les pauvres mais tout le monde. C’est une nouvelle forme d’esclavage qu’il a qualifié de « chimique » et que nous devons résoudre. Naturellement, le pape insiste beaucoup dans le cadre général et donc sur l’importance de la justice, de l’égalité et de la prévention, sur l’éducation, sur la solidarité, sur la socialisation, y compris le sport – comme il l’a dit en d’autres occasions – et sur la création de véritables communautés où les gens ne sentent pas l’isolement qui peut les conduire à la drogue. Il a parlé de la nécessité d’avoir un cadre plus précis quant à la production, à la diffusion et à la distribution de la drogue, mais aussi de la contamination entre les mafias et les gouvernements. »
Il dénonce une certaine « hypocrisie » de la communauté internationale: « Il y a une hypocrisie dans la mesure où les gouvernements ne s’en occupent pas suffisamment. Quelqu’un a dit, et c’est un peu vrai, qu’ils font « comme si » (…) Il y a une omission et quelques fois il y a compromission. Le pape a parlé de l’Argentine (…) Cela vaut aussi pour d’autres pays latino-américains – pensons au Mexique, à la Colombie – mais aussi au monde asiatique où il se produit la même chose. »
Mgr Sanchez Sorondo risque un premier bilan des travaux, dénonçant les « forces occultes » contrôlant ce commerce illicite: « Un premier résultat c’est d’être arrivés à une connaissance du problème. Les grandes forces occultes qui utilisent la drogue l’utilisent pour le profit et ont donc des rapports avec d’autres formes d’esclavage : elles ont des relations avec le travail forcé, avec la prostitution et avec la vente d’organes dont nous nous sommes aussi occupés… En ce sens, donc, la première chose est de connaître les causes, d’avoir distingué les « pouvoirs forts » et les connivences avec les États. Tout ceci se produit dans un cadre général par une injustice générale : une injustice parce que, par exemple, on n’a pas été effectivement conscient des effets négatifs de la mondialisation. Mais plus concrètement parce qu’il y a un manque d’éducation : pensez que 50 pour cent des jeunes de ce monde ne reçoivent pas d’éducation et que ces jeunes (…) qui n’ont pas de famille – le pape a aussi parlé de la famille – sont victimes de cette situation et de ceux qui veulent les exploiter. »
Avec une traduction de Constance Roques
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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