La situation humanitaire au Myanmar est « catastrophique », affirme le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Il lance un appel « aux autorités » du pays « de suspendre les activités militaires et la violence et de reconnaître le droit de ceux qui ont quitté le pays de revenir », autrement dit les Rohingyas.
C’est ce qu’il a déclaré le 13 septembre 2017 en rencontrant des journalistes à New York à la septième Assemblée générale des Nations Unies : un appel relayé par L’Osservatore Romano du 15 septembre 2017. Le pape François a lui-même lancé plusieurs appels en faveur de cette minorité rejetée dans son pays. L’Osservatore Romano s’est aussi fait l’écho de l’appel des évêques de Birmanie.
Interrogé par un journaliste s’il était persuadé qu’il s’agissait du « nettoyage ethnique » contre la minorité musulmane Rohingyas, le secrétaire général a répondu: « Quand un tiers de la population Rohingyas doit quitter le pays, peut-on trouver un meilleur mot pour décrire ce qui se passe? »
Il a donc appelé à un plan d’action visant à remédier aux causes profondes de cette crise demandant à « tous les pays à faire de leur mieux pour fournir une assistance ».
António Guterres a aussi personnellement envoyé une lettre au Conseil de sécurité pour porter la situation à l’attention des Quinze: « C’est depuis 1989, a-t-il écrit, qu’un secrétaire général n’a pas envoyé personnellement une lettre au Conseil et cela indique mon engagement. »
Le Conseil de sécurité, qui a terminé hier son travail, s’est déclaré profondément préoccupé par la situation au Myanmar et a demandé une action immédiate pour mettre fin à la violence.
L’Osservatore Romano ajoute que le prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, ministre des Affaires étrangères et conseillère d’État du Myanmar, a déclaré aujourd’hui qu’elle aborderait le thème de la crise des Rohingyas dans un discours télévisé à la nation mardi prochain, « afin de sauvegarder la paix et la réconciliation nationales ». Elle a annulé sa participation à la 72e Assemblée générale des Nations Unies en raison de la crise.
Pendant ce temps, le parlement du Bangladesh voisin a approuvé à l’unanimité une motion demandant au Myanmar de réintégrer les réfugiés sur son territoire et d’assurer leur sécurité, en reconnaissant leur citoyenneté, indique la même source. La première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a indiqué qu’elle parlerait des « responsabilités de Naypyidaw » (capitale du Myanmar – ndlr) à l’Assemblée générale des Nations Unies.
En raison des violences, plus de 400 000 Rohingyas ont été forcés de fuir l’Etat de Rakhine, dans l’ouest du Myanmar, et de chercher un refuge dans le Bangladesh voisin. Selon les dernières estimations, environ 60% des réfugiés sont des enfants, relève L’Osservatore Romano.
Au Bangladesh, où les nouveaux arrivants cherchent refuge partout où ils trouvent de l’espace, « il y a une grave pénurie de tout, a déclaré Edouard Beigbeder, représentant de l’Unicef au Bangladesh, en particulier d’un toit, d’une nourriture et d’eau potable ».
Les Rohingyas qui restent au Myanmar sont enfermés dans des camps de réfugiés, dans des conditions hygiéniques et sanitaires désastreuses. Ils ne peuvent pas partir sans la permission du gouvernement, déplore L’Osservatore Romano.
En tant que non-citoyens, les Rohingyas sont privés de droits fondamentaux et connaissent d’énormes difficultés dans l’Etat de Rakhine, l’un des plus pauvres du Myanmar. Selon le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, ils ne peuvent pas travailler, posséder des terres, aller à l’école ou se soigner dans les hôpitaux du pays, toujours selon la même source.
Des Rohingyans déplacés WIKIMEDIA COMMONS - DFID - UK Department for International Development
Myanmar: appel du secrétaire général des Nations Unies pour les Rohingyas
Une situation humanitaire «catastrophique»