Le prof. Andrea Lenzi salue le pape François © L'Osservatore Romano

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Biotechnologies: le principe de responsabilité, pivot de l’agir humain, par le pape François

Sciences et technologies, pour l’homme et pour le monde (traduction complète)

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« Le principe de responsabilité est un pivot incontournable de l’agir de l’homme », rappelle le pape François aux membres du Comité national italien pour la biosécurité, les biotechnologies et les sciences de la vie, qu’il a reçus dans la Salle des Papes du Vatican, ce lundi 10 avril 2017. Après l’allocution du prof. Andrea Lenzi, le pape François a pris la parole, en revoyant notamment à son encyclique Laudato si’.
« Le principe de responsabilité est un pivot incontournable de l’agir de l’homme qui doit répondre de ses actes et de ses omissions devant lui-même, devant les autres et ultimement devant Dieu », a rappelé le pape.
Il reconnaît la difficulté notamment d’articuler « le pouvoir technologique et le pouvoir économique » et que « ce n’est pas facile d’atteindre une composition harmonieuse des diverses instances scientifiques, productives, éthiques, sociales, économiques et politiques pour promouvoir un développement durable qui respecte la « maison commune » ».
Il souligne les qualités humaines requises: « Une telle composition harmonieuse requiert de l’humilité, du courage et une ouverture à la confrontation entre les différentes positions, dans la certitude que le témoignage rendu par les hommes de science à la vérité et au bien commun contribue à faire mûrir la conscience civile. »
Le pape conclut par un adage ne quelque sorte: « Les sciences et les technologies sont faites pour l’homme et pour le monde, et non l’homme et le monde pour les sciences et les technologies. Qu’elles soient au service d’une vie digne et saine pour tous, dans le présent et à l’avenir, et qu’elles rendent notre maison commune plus habitable et solidaire, plus soignée et gardée. »
Voici notre traduction complète du discours prononcé par le pape François en italien.
AB
Discours du pape François
Mesdames et Messieurs,
Je vous souhaite cordialement la bienvenue à chacun et je remercie le président, le Professeur Andrea Lenzi, pour les aimables paroles par lesquelles il a introduit notre rencontre. Je désire avant tout exprimer mon estime pour le travail réalisé par le Comité national pour la biosécurité, les biotechnologies et les sciences de la vie, en 25 ans depuis son institution auprès de la Présidence du Conseil des ministres. Les thèmes et les questions que votre Comité aborde sont de grande importance pour l’homme contemporain, en tant qu’individu comme dans sa dimension relationnelle et sociale, en partant de la famille et jusqu’aux communautés locales et nationales, à la communauté internationale et au soin de la création.
Comme nous le lisons dans le livre de la Genèse, « Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde » (2,15). La culture dont vous êtes les représentants autorisés dans le domaine de la science et des technologies de la vie, porte en elle l’idée de « cultiver ». Elle exprime bien la tension pour faire croître, fleurir et fructifier, à travers le génie humain, ce que Dieu a mis dans le monde. Mais nous ne pouvons pas oublier que le texte biblique nous invite aussi à « garder » le jardin du monde. Comme je l’ai écrit dans l’encyclique Laudato si’, « Alors que “cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature » (n.67). Votre tâche consiste non seulement à promouvoir le développement harmonieux et intégré de la recherche scientifique et technologique qui concerne les processus biologiques de la vie végétale, animale et humaine ; il vous est aussi demandé de prévoir et de prévenir les conséquences négatives que peut provoquer un usage déformé des connaissances et des capacités de manipulation de la vie.
Le scientifique, comme le technologue, est appelé à « savoir » et à « savoir faire » avec une précision et une créativité toujours plus grandes dans le domaine de sa compétence et, en même temps, à prendre des décisions responsables sur les pas à accomplir et sur ceux devant lesquels s’arrêter et emprunter une voie différente. Le principe de responsabilité est un pivot incontournable de l’agir de l’homme qui doit répondre de ses actes et de ses omissions devant lui-même, devant les autres et ultimement devant Dieu. Les technologies, plus encore que les sciences, mettent dans les mains de l’homme un pouvoir énorme et croissant. Le risque grave est que les citoyens, et parfois aussi ceux qui les représentent et les gouvernent, ne perçoivent pas pleinement le sérieux des défis qui se présentent, la complexité des problèmes à résoudre et le danger de mal utiliser la puissance que les sciences et les technologies de la vie mettent entre nos mains (Cf. Romano Guardini, La fin de l’époque moderne, Brescia 1987, pp.80-81).
Quand ensuite l’articulation entre le pouvoir technologique et le pouvoir économique se fait plus étroite, les intérêts peuvent alors conditionner les styles de vie et les orientations sociales dans la direction du profit de certains groupes industriels et commerciaux, au détriment des populations et des nations plus pauvres. Ce n’est pas facile d’atteindre une composition harmonieuse des diverses instances scientifiques, productives, éthiques, sociales, économiques et politiques pour promouvoir un développement durable qui respecte la « maison commune ». Une telle composition harmonieuse requiert de l’humilité, du courage et une ouverture à la confrontation entre les différentes positions, dans la certitude que le témoignage rendu par les hommes de science à la vérité et au bien commun contribue à faire mûrir la conscience civile.
Pour conclure cette réflexion, permettez-moi de rappeler que les sciences et les technologies sont faites pour l’homme et pour le monde, et non l’homme et le monde pour les sciences et les technologies. Qu’elles soient au service d’une vie digne et saine pour tous, dans le présent et à l’avenir, et qu’elles rendent notre maison commune plus habitable et solidaire, plus soignée et gardée. Enfin, j’encourage l’effort de votre Comité pour lancer et soutenir des processus de consensus entre les scientifiques, les technologues, les entrepreneurs et les représentants des Institutions, et pour identifier des stratégies de sensibilisation de l’opinion publique sur les questions posées par les développements des sciences de la vie et des biotechnologies.
Que le Seigneur bénisse chacun de vous, vos familles et votre précieux travail. Je vous assure de mon souvenir dans la prière et je compte aussi sur le vôtre pour moi. Merci.
© Traduction de ZENIT, Constance Roques

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Constance Roques

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