Le bréviaire du père Hamel à Rome, capture CTV à San Bartolomeo de Rome Sant'Egidio

Le bréviaire du père Hamel à Rome, capture CTV à San Bartolomeo de Rome Sant'Egidio

Le père Jacques, signe de fraternité universelle, par Mgr Lebrun

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A San Bartolomeo, remise du bréviaire du père Jacques Hamel (traduction complète)

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Le père Jacques Hamel, assassiné le 26 juillet 2016, à Saint-Etienne-du-Rouvray (France, Normandie) est devenu un « signe de fraternité » pour chrétiens et musulmans, pour tous, fait observer Mgr Dominique Lebrun.
L’archevêque de Rouen a en effet déposé, le 15 septembre 2016, le bréviaire du père Jacques Hamel, dans la basilique San Bartolomeo, sur l’Île Tibérine, à Rome,  confiée à la Communauté de Sant’Egidio pour être un sanctuaire des martyrs d’aujourd’hui.
Les deux soeurs du père Hamel, Roselyne et Chantal Hamel et un neveu, David Preterre, étaient présents à la cérémonie, comme ils avaient participé, la veille à la messe présidée par le pape François au Vatican en mémoire de leur frère et oncle.
« Oui, le père Jacques devient un signe de fraternité universelle, un frère universel », affirme Mgr Lebrun.
Voici notre traduction de l’italien, de l’homélie et Mgr Lebrun.
AB
Homélie de Mgr Lebrun
« Femme voici ton fils ». Qui sont les fils d’une mère ? Ce sont des frères et des sœurs. Par cette parole Jésus déclare  ce qu’il accomplit sur la croix. La fraternité nouvelle. Non pas d’un Père inconnu, mais d’un Père révélé par Jésus. Une fraternité nouvelle  mais qui se construit, qui se reçoit déjà sur cette terre, en tant que fils de Marie, qui sont enfants de la même mère, frères et sœurs, qui ont un frère aîné, Jésus lui-même. Dans le mystère de la croix s’accomplit l’adoption, par le Christ, de cette humanité que Dieu, son Père, lui a remis dans l’état de pécheurs.
N’oublions pas que le premier assassinat de l’histoire est celui de deux frères, qui ont ainsi rompu le lien de fraternité, qui par le Christ, par sa mort, se reconstruit, revient à nouveau. Ce n’est pas de peu d’intérêt de rappeler que, dans l’histoire de l’humanité, il y eut la possibilité juridique d’adopter un frère ou une sœur. On en trouve quelques traces dans la Grèce ancienne, dans l’empire romain également. Cependant l’histoire nous dit que cela disparaît : cela a disparu justement à l’époque de Jésus. Pour me faire comprendre, l’adoption juridique existe quand des parents adoptent un fils ou une fille nés d’autres personnes, mais il existe aussi l’adoption spirituelle, mais véritable, par le Christ.
La fraternité est notre chemin. Nous sommes fiers, nous, Français, d’avoir cette parole au fronton de nos établissements, de nos écoles, de nos mairies. Mais je crois également dans notre cœur : la fraternité. Je suis heureux que notre ambassadeur soit présent parmi nous, parce que ce que nous portons, ce désir, cette grâce qui nous a été faite par Jésus sur la croix n’est pas seulement pour nous, elle est pour tous. Sans limites. Parce qu’elle vient de l’amour de Dieu qui est infini.
Peut-être sommes-nous devenus, ou essayons de devenir, des frères, en oubliant le père et la mère. Parce que cette fraternité qui a été brisée par la mort, par l’assassinat, nous ne pouvons pas la vivre sans la recevoir comme une grâce.
Les deux sœurs du Père Jacques sont aujourd’hui parmi nous, dans notre cœur il y a aussi son frère qui n’a pas pu venir pour des raisons de santé. Ils sont choqués, touchés par cette mort, mais ils portent une espérance. Aujourd’hui, ils voient dans cette célébration, et aussi dans de nombreux signes dans le monde entier après l’attentat, que notre fraternité humaine est encore un petit signe de cette fraternité divine qui nous est donnée.
Oui, le père Jacques devient un signe de fraternité universelle, un frère universel.
Je remercie la Communauté de Sant’Egidio parce qu’elle n’est pas seulement gardienne de ce sanctuaire, mais elle l’est parce qu’elle s’est mise au service de la fraternité universelle entre les peuples et dans nos grandes villes, où le monde vit, en particulier au travers des migrants, des pauvres. Merci d’accueillir cette relique que nous vous donnons de tout cœur.
Je peux avouer que quand vous me l’avez proposé, quelque chose en moi me disait : n’est-ce pas trop tôt ? Après avoir entendu le Pape hier, je pense que ce sentiment n’était pas tout à fait juste. Peut-être ce sentiment naissait-il dans mon petit cœur parce que j’aurais voulu garder notre Père Jacques encore pour nous. Peut-être est-ce la même chose pour vous, sa famille. Je le sais, ce détachement de votre frère vous fait souffrir, mais il nous est donné comme un signe de fraternité. Nous voulons prendre ce chemin.
Et aujourd’hui je peux le dire aussi avec nos frères musulmans. Ce chemin déjà commencé, à son époque, par le bienheureux Charles de Foucauld, par saint Jean Paul II qui a voulu réunir les religions à Assise, autour de la figure de François. Oui, nous voulons entreprendre ce chemin de fraternité. Nous prions pour que ce soit possible dans notre cœur. Ce n’est pas facile, même pour moi, je vous assure. Je suis parfois pris de colère.
Aurai-je le courage d’interroger mes amis musulmans sur ce que signifie ce geste pour eux ? J’apporterai la question du Pape François d’hier matin : ce serait beau si toutes les confessions religieuses déclaraient que tuer au nom de Dieu est satanique. C’est à dire que cela ne correspond pas au cœur humain, que c’est seulement le signe de ces anges rebelles, mais ils ne vaincront pas. Au fond, ils n’ont pas vaincu le père Jacques. Nous sommes ici, vivants, sur le chemin de la fraternité.
Ceux qui ont perpétrés cette violence sont en quelque sorte  eux aussi condamnés à la fraternité comme chemin, au dialogue comme expression de l’amour, condamnés comme Jésus lui-même a été condamné, mais personne n’a pu mettre dans son cœur la haine, le mensonge, l’orgueil, personne.
Prions le Seigneur, aussi par l’intercession du père Jacques afin que cette fraternité soit concrète dans nos familles. Ce n’est pas difficile de voir des frères et des sœurs qui ne se parlent plus, ne se comprennent plus. Mais dans leur cœur, il reste la détermination de devenir des frères.
© Traduction de Zenit, Hugues de Warren

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Hugues de Warren

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