Rencontre avec les évêques de Pologne, cathédrale de Cracovie © L'Osservatore Romano

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Le pape François fustige la colonisation idéologique de la théorie du "genre"

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Dialogue avec les évêques polonais (4)

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En Pologne, le pape François a fustigé les « colonisations idéologiques », parmi lesquelles le « gender », soutenues « par des pays très influents ». Lors d’une rencontre avec les évêques polonais le 27 juillet 2016, il a aussi encouragé à l’accueil des réfugiés, car tous les pays « ont la possibilité d’être généreux ».
« Aujourd’hui, à l’école, on enseigne ceci aux enfants (…) : que chacun peut choisir son sexe », a dénoncé le pape lors d’un dialogue à huis-clos avec 130 évêques. Et de citer l’une de ses conversations avec le pape émérite Benoît XVI, qui soulignait que « notre époque est celle du péché contre le Dieu Créateur ». « Dieu a créé l’homme et la femme (…) et nous faisons le contraire », a déploré le pape argentin.
Durant ce dialogue dans la cathédrale des Saints Stanislas et Venceslas de Cracovie, publié par le Saint-Siège six jours plus tard, le pape a aussi plaidé la cause des réfugiés. « Il y a toute une réforme à faire, au niveau mondial, sur cet engagement, sur l’accueil », a-t-il estimé en encourageant aussi à combattre les causes de l’émigration, les conflits, l’exploitation de la création et l’exploitation des personnes.
Voici la traduction de la quatrième et dernière question de cet échange.
AK
Dialogue du pape avec les évêques polonais (4)
Mgr Krzysztof Zadarko (évêque auxiliaire de Koszalin-Kolobrzeg)
Saint Père, un des problèmes les plus angoissants auxquels est confrontée l’Europe d’aujourd’hui est la question des réfugiés. Comment pouvons-nous les aider, vu qu’ils sont si nombreux ? Et que pouvons-nous faire pour surmonter la peur d’une invasion ou d’une agression de leur part, qui paralyse toute la société ?
Pape François
Merci ! Le problème des réfugiés… Les réfugiés n’ont pas été comme maintenant à toutes les époques. Disons les migrants et les réfugiés, nous les considérons ensemble. Mon papa est un migrant. Et je racontais au président [de la Pologne] que, dans l’usine où il travaillait, il y avait beaucoup de migrants polonais, dans l’après-guerre ; j’étais enfant et j’en ai connu beaucoup. Ma terre est une terre d’immigrants, tous… Et là, il n’y avait pas de problèmes ; c’était une autre époque, vraiment. Aujourd’hui, pourquoi y a-t-il tant de migration ? Je ne parle pas d’émigration à partir de sa patrie vers l’extérieur : cela, c’est pour le manque de travail. Il est clair qu’ils vont chercher du travail à l’extérieur. C’est un problème de maison, que vous aussi, vous avez un peu… Je parle de ceux qui viennent chez nous : ils fuient les guerres, la faim. Le problème est là. Et pourquoi le problème est-il là ? Parce que sur cette terre, il y a une exploitation de la population, il y a une exploitation de la terre, il y a une exploitation pour gagner plus d’argent. En parlant avec des économistes mondiaux, qui voient ce problème, ils disent : nous devons investir dans ces pays ; en investissant, ils auront du travail et n’auront pas besoin d’émigrer. Mais il y a la guerre ! Il y a la guerre des tribus, certaines guerres idéologiques ou certaines guerres artificielles, préparées par les trafiquants d’armes qui vivent de cela : il te donnent les armes, à toi qui es contre ceux-ci et à ceux-ci qui sont contre toi. Et c’est ainsi qu’ils vivent, eux ! La corruption est vraiment à l’origine de la migration. Comment faire ? Je crois que chaque pays doit voir comment et quand : tous les pays ne sont pas égaux ; tous les pays n’ont pas les mêmes possibilités. Oui, mais ils ont la possibilité d’être généreux. Généreux en tant que chrétiens. Nous ne pouvons pas investir là-bas, mais pour ceux qui viennent… Combien et comment ? On ne peut pas donner de réponse universelle, parce que l’accueil dépend de la situation de chaque pays et aussi de la culture. Mais on peut certainement faire beaucoup de choses. Par exemple, la prière : une fois par semaine, l’oraison devant le Saint Sacrement avec une prière pour ceux qui frappent à la porte de l’Europe et qui ne réussissent pas à entrer. Certains réussissent, mais d’autres non… Et puis l’un d’eux entre et prend un chemin qui génère de la peur. Nous avons des pays qui ont bien su intégrer les migrants, depuis des années ! Ils ont bien su les intégrer. Dans d’autres, malheureusement, des sortes de ghettos se sont formés. Il y a toute une réforme à faire, au niveau mondial, sur cet engagement, sur l’accueil. Mais c’est cependant un aspect relatif : ce qui est absolu, c’est le cœur ouvert pour accueillir. Cela, c’est l’absolu ! Par la prière, l’intercession, faire ce que je peux. La manière dont je peux le faire est relative : tout le monde ne peut pas le faire de la même manière. Mais le problème est mondial ! L’exploitation de la création et l’exploitation des personnes. Nous vivons un moment d’anéantissement de l’homme comme image de Dieu.
Et là, je voudrais conclure sur cet aspect parce que, derrière cela, il y a des idéologies. En Europe, en Amérique, en Amérique latine, en Afrique, dans certains pays d’Asie, il y a de véritables colonisations idéologiques. Et une de celle-ci – je le dis clairement avec « le nom et le prénom » – est le ‘gender’ ! Aujourd’hui, à l’école, on enseigne ceci aux enfants – aux enfants ! : que chacun peut choisir son sexe. Et pourquoi enseigne-t-on ceci ? Parce que les livres sont ceux des personnes et des institutions qui te donnent l’argent. Ce sont des colonisations idéologiques soutenues aussi par des pays très influents. Et c’est terrible. En parlant avec le pape Benoît, qui va bien et qui a une pensée claire, il me disait : « Sainteté, notre époque est celle du péché contre le Dieu Créateur ! » C’est intelligent ! Dieu a créé l’homme et la femme ; Dieu a créé le monde comme ceci, comme ceci, comme cela… et nous faisons le contraire. Dieu nous a donné un état « inculte » pour que nous le fassions devenir culture ; et ensuite avec cette culture, nous faisons des choses qui nous ramènent à l’état « inculte » ! Ce que le pape Benoît a dit, nous devons y penser : « C’est l’époque du péché contre le Dieu Créateur ! ». Et cela nous aidera.
Mais toi, Cristoforo, tu me diras : « Qu’est-ce que cela a à voir avec les migrants ? ». C’est un peu le contexte, tu sais ? En ce qui concerne les migrants, je dirai : le problème est là, sur leur terre. Mais comment les accueillons-nous ? Chacun doit voir comment. Mais nous pouvons tous avoir le cœur ouvert et penser à faire une heure dans les paroisses, une heure par semaine, d’adoration et de prière pour les migrants. La prière soulève les montagnes !
C’était les quatre questions. Je ne sais pas… Excusez-moi si j’ai trop parlé, mais mon sang italien me trahit…
Merci beaucoup pour l’accueil et espérons que ces jours-ci nous rempliront de joie : de joie, d’une grande joie. Et prions la Vierge Marie qui est Mère et qui nous tient toujours par la main.
Salve Regina…
Et n’oubliez pas les grands-parents, qui sont la mémoire d’un peuple.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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