Les jeunes de Grenoble et le p. Lagadec, 17 sept. 2018 © Vatican Media

Les jeunes de Grenoble et le p. Lagadec, 17 sept. 2018 © Vatican Media

Le chrétien ne suit pas une institution, il suit Jésus, déclare le pape à des jeunes Français

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Sexualité, vocations, évangélisation, au menu du dialogue

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Le chrétien ne suit pas une institution, il suit Jésus, a déclaré le pape François en dialogue avec une vingtaine de jeunes du diocèse français de Grenoble-Vienne. Reçus au Vatican le 17 septembre 2018, dans le cadre d’une initiative diocésaine pour le Synode d’octobre, les jeunes ont formulé au pape des questions, touchant notamment les thèmes de l’évangélisation, de la sexualité, des vocations.
Pour évangéliser, le pape leur a livré un « secret » : la proximité. Car « le message chrétien est un message de proximité ». Avant de parler, a-t-il aussi conseillé, il faut « écouter » : « l’apostolat de l’oreille : écouter… Et avant de parler, agir… La dernière chose que tu dois faire est de parler. C’est la dernière. Avant, tu dois agir ». En outre, a-t-il ajouté, « le message chrétien ne peut pas se transmettre ‘depuis un canapé’ : il est toujours en chemin ». Et « un jeune qui ne se met pas en chemin est un jeune retraité à vingt ans ».
Au fil du dialogue, le pape a rappelé que « l’Evangile met les pauvres au centre » : « Si tu n’es pas pauvre d’esprit, tu ne seras pas un bienheureux, un chrétien courageux ». Pour s’approcher des pauvres, a-t-il aussi expliqué, on ne peut le faire « de haut ».
Dans la crise actuelle de l’Eglise, il a rappelé que « l’appartenance à l’Eglise, avant tout, n’est pas une appartenance à une institution, c’est une appartenance à une personne, à Jésus » : « Il s’agit de suivre Jésus, non pas (…) les conséquences sociales : si l’Eglise est grande ou petite… non, Jésus. Le suivre dans les moments tranquilles, quand l’Eglise est florissante ; et le suivre dans les moments où l’Eglise est en crise ».
La sexualité attaquée par la mondanité
Répondant à la questions d’une jeune fille, le pape a affirmé que la sexualité était « un don de Dieu » et qu’elle ne devait pas être « taboue ». La sexualité a deux fins, a-t-il ajouté : « s’aimer et générer la vie ». Elle exprime « l’amour passionné » car « le véritable amour est passionné » et il conduit à « donner sa vie pour toujours », « corps et âme ». Saluant la « grandeur de la sexualité », le pape a encouragé à la vivre « dans cette dimension : celle de l’amour entre un homme et une femme pour toute la vie ». « La sexualité est grande, a-t-il redit : protégez votre dimension sexuelle, votre identité sexuelle. Protégez-la bien. Et préparez-la pour l’amour, pour l’insérer dans cet amour qui vous accompagnera toute la vie. »
« Nos faiblesses, nos chutes spirituelles, nous conduisent à utiliser la sexualité hors de cette voie si belle, de l’amour entre l’homme et la femme, a regretté le pape. Mais ce sont des chutes, comme tous les péchés. Le mensonge, la colère, la gourmandise… ce sont des péchés : des péchés capitaux. Mais ce n’est pas la sexualité de l’amour : c’est la sexualité ‘chosifiée’, séparée de l’amour et utilisée pour le divertissement. » Il a fait observer que la sexualité, « le plus beau point de la création », est aussi « la plus attaquée par la mondanité, par l’esprit du mal », notamment dans la « pornographie » qui est « une dégénération par rapport au niveau où Dieu l’avait établie ».
La première chose que je ferais comme curé
Dans la société, a encore souligné le pape, « un chrétien doit être une personne qui s’engage », « là où il se trouve » : « on ne peut pas être chrétien si l’on ne s’engage pas dans la société, sans créer la société. (…) Pour être un bon chrétien, il faut se salir les mains, en aident les autres. Pas seulement avec les idées, non, avec les actions. S’engager ». Et si l’on se trompe ? « Il est humain de se tromper. Je demande pardon et j’avance ». Le pape a aussi mis en garde contre « deux ennemis » de l’engagement chrétien : l’égoïsme et la corruption.
Il a confié aux jeunes : « J’ai été curé de paroisse durant six ans : c’est le plus beau travail que j’ai eu. (…) Je pense que si aujourd’hui l’on me nommait curé, la première chose que je ferais serait d’aller là, d’ouvrir la porte de l’église, de m’asseoir pour accueillir les personnes. (…) Une autre chose que l’on peut faire, et que j’aime beaucoup, est de sortir dans le quartier et de saluer les gens : “Comment t’appelles-tu ? Enchanté…” Regarder dans les yeux. »
Enfin, évoquant les vocations sacerdotales et religieuses, le pape a plaidé pour un accompagnement « dans la normalité » : « J’ai peur des séminaristes qui font comme ça [qui prennent la pose], j’en ai peur, parce qu’ils ne sont pas normaux. Tu veux être prêtre ? Tu dois être un vrai homme qui avance. Tu veux être religieuse ? Tu dois être une femme mature qui avance. Ne jamais renier l’humanité. Qu’ils soient normaux, parce que le mal que fait un prêtre névrosé est terrible ! Et le mal que peut faire une religieuse névrosée est terrible ! »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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