Le pape François ouvre la première Porte sainte du Jubilé de la miséricorde, cathédrale de Bangui, 29 novembre 2015

Le pape François ouvre la première Porte sainte du Jubilé de la miséricorde, cathédrale de Bangui, 29 novembre 2015

L'Année de la miséricorde, une "respiration" pour l'Eglise

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Réflexion de Mgr Fisichella dans L’Osservatore Romano

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L’Année sainte de la miséricorde « a permis aux chrétiens de prendre une grande respiration », affirme Mgr Rino Fisichella deux jours après sa clôture, le 22 novembre 2016. Dans un entretien à L’Osservatore Romano, le président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation fait aussi une mise au point sur la mesure du pape accordant à tous les prêtres la faculté d’absoudre l’avortement.

« N’oublions pas que l’Église est souvent apparue plus comme une ‘marâtre’ que comme une mère, fait observer Mgr Fisichella. Et elle est plus apparue avec en main le Code de droit canonique qu’avec l’Évangile ». C’est pourquoi le Jubilé accueilli « comme un vent de printemps », « a permis aux chrétiens de prendre une grande respiration ».

L’archevêque évoque la Lettre apostolique de conclusion de l’année, Misericordia et misera : « Le pape insiste beaucoup sur le caractère social de la miséricorde. (…) Il y a des points très intéressants dans lesquels le pape offre des exemples sur la façon d’interpréter les œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle. Il explique ce que veut dire aujourd’hui vêtir ceux qui sont nus et explique que la nudité est, de fait, un manque de dignité ».

« Les chrétiens ont la tâche de construire une ville fiable, ajoute-t-il. Les œuvres de charité, c’est cela : la contribution que les chrétiens donnent, pour que la ville soit vivable et fiable ».

De toutes les périphéries existentielles

Parmi les nouveautés du document du pape, outre l’initiative l’institutionnalisation des « Vingt-quatre heures pour le Seigneur » et la « fête de la Parole de Dieu », Mgr Fisichella évoque l’introduction de la « Journée mondiale des pauvres » : « Aujourd’hui, fait-il observer, nous pensons que les seuls pauvres sont ceux qui sont dans la rue. Alors que le concept des pauvres dans l’Écriture sainte et dans notre histoire est multiple. Les pauvres sont, en un mot, ces périphéries existentielles dont parle le pape ». La Journée a donc pour but de « rappeler à l’Église qu’au moins pendant un jour les yeux de tous doivent être sur les pauvres ».

Mgr Fisichella évoque aussi les vendredis de la miséricorde, où le pape accomplissait un signe jubilaire une fois par mois : « Le pape est allé à la recherche des personnes qui, aujourd’hui, représentent les nouveaux pauvres. (…) Son affabilité et sa proximité envers tous sans distinction sont un des signes du jubilé que je porte en moi ».

Avec Misericordia et misera, « le pape François nous fournit beaucoup de suggestions pour une vie pastorale qui soit le plus possible active et tournée vers la lumière de la miséricorde ». En ce sens « la lettre apostolique est un engagement concret pour l’Église et pour tous les chrétiens à se retrousser les manches pour assumer un style de vie plus évangélique ».

La joie du fils qui rentre à la maison

Mgr Fisichella revient longuement sur la mesure du pape accordant à tous les prêtres la faculté d’absoudre du péché d’avortement : « cela frappe profondément même l’opinion publique, parce qu’ici, nous touchons du doigt ce que signifie réellement la gravité du péché, à savoir mettre fin à une vie humaine (…). Le pape redit de toute sa force qu’il s’agit d’un péché grave. Toutefois, même le péché le plus grave ne peut pas et ne doit pas ôter la possibilité de la réconciliation avec Dieu ».

Par cette décision, « le pape est en pleine continuité avec l’enseignement de ses prédécesseurs et dans la pleine tradition de la doctrine de l’Église », affirme-t-il : « Une personne qui veut confesser le péché d’avortement et qui va voir un prêtre vient déjà d’un long cheminement qui l’a portée à reconnaître le mal accompli, mais surtout à exprimer la souffrance qu’elle porte en elle. C’est comme si le pape voulait rendre, par la caresse de Dieu, la joie d’avoir retrouvé une personne qui a fait une erreur, le fils qui retourne à la maison ».

« N’oublions pas, précise Mgr Fisichella, que ce ne sont pas seulement les femmes qui commettent ce péché (…). Les médecins, les proches, les infirmiers, ceux qui les conseillent, sont tous impliqués dans ce péché, mais ils peuvent tous également être embrassés par la miséricorde de Dieu s’ils reviennent à lui repentis et surtout s’ils sont capables de reconnaître le mal objectif réalisé ».

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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