La visite de Benoît XVI à l’ONU aura un impact sur le droit international

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Entretien avec Mgr Celestino Migliore, Observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU

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ROME, Mardi 6 mai 2008 (ZENIT.org) – La visite de Benoît XVI aux Nations unies a suscité un grand enthousiasme au Palais de verre et aura un impact sur le droit international, a expliqué Mgr Celestino Migliore, observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU.

Dans cet entretien accordé à Zenit, Mgr Migliore, qui a accueilli le pape dans sa résidence lorsque celui-ci se trouvait à New York, évoque les rencontres privées de Benoît XVI et la portée de ses paroles à l’ONU.

Zenit – Y a-t-il un moment de la visite du pape que vous n’oublierez jamais ?

Mgr Migliore – Il y en a beaucoup, comme vous pouvez l’imaginer. Les Américains attendaient de voir par eux-mêmes et de découvrir personnellement la spiritualité de Benoît XVI, sa pensée intellectuelle et son humanité, qu’ils voyaient déjà à travers les médias. Quand il est arrivé, ils ont vu un pape heureux d’être aux Etats-Unis, heureux et impatient de rencontrer des Américains de toutes les classes sociales. Tous les événements auxquels ils a participé ont été marqués par un climat de fête, un climat chaleureux et une compréhension mutuelle. Puis il y a eu la profonde empathie du pape avec ce qui reste le symbole le plus fort pour les Américains, Ground Zero. La cérémonie, qui s’est déroulée presque sans paroles, dans un cœur à cœur, a fait apparaître le pape comme l’un d’eux, et en même temps revêtu d’une grande autorité pour transmettre son propre message. De la même façon, à deux reprises, le soir, le pape a quitté la résidence de New York pour saluer les centaines de personnes qui s’étaient rassemblées pour lui souhaiter et lui chanter un joyeux anniversaire. Le samedi soir, il y avait cinquante enfants au premier rang, visiblement atteints de différents types de cancer. L’affection et le sens de profonde dignité exprimés par le pape ont révélé son autorité morale la plus haute, qui peut donner espoir et confiance.

Zenit – Pouvez-vous nous dire ce que le Saint-Père vous a dit ?

Mgr Migliore – J’ai eu le privilège et le grand plaisir de passer trois jours avec le Saint-Père dans la résidence de son représentant aux Nations unies. Au cours des repas nous partagions nos sentiments, nos impressions et nous échangions des informations sur le déroulement de la visite papale et l’accueil chaleureux qu’il recevait. Pour le troisième anniversaire de son pontificat, c’est le pape Benoît XVI qui nous a fait un merveilleux cadeau : il a souhaité avoir tous mes collaborateurs à table pour dîner. Ceci a été le moment le plus fort pour nous tous qui avons eu l’opportunité de partager avec le Saint-Père les joies et les peines mais aussi les moments les plus drôles de notre activité aux Nations unies.

Zenit – Avez-vous reçu des réactions au discours du pape de la part de délégations nationales à l’ONU ?

Mgr Migliore – C’est un temps de difficulté et de tension pour les Nations unies aussi. Le pape leur a remonté le moral. Sachant que l’ONU n’est pas toujours une chose facile pour le pape non plus, j’ai eu l’impression qu’en l’entendant souligner le potentiel le plus beau de l’ONU, de nombreux diplomates se sont sentis réconfortés et encouragés à travailler pour une ONU qui tienne ses engagements. Jamais dans l’histoire de l’ONU, une rencontre avec le personnel n’avait enregistré un tel enthousiasme. A plusieurs reprises au cours de son discours, le pape a souri et a regardé la foule. A travers son enthousiasme, ses acclamations, et ses ovations debout, la foule répondait à l’attitude chaleureuse et réconfortante du pape. Cette réaction de fête de la part du personnel n’était pas de l’exaltation typique d’un stade. Elle était également motivée par le message qu’il leur donnait.

Zenit – Le pape a déclaré que lui-même et l’Eglise croient aux Nations unies, et il a pressé l’ONU de revenir aux principes d’origine de la Déclaration des droits de l’homme. Comment son message a-t-il été perçu par les membres des Nations unies ?

Mgr Migliore – Ils avaient en particulier l’impression que le pape lisait dans leur cœur, qu’il lisait leur désir personnel de justice et de liberté. Selon certains diplomates et fonctionnaires de l’ONU, les paroles du pape ne resteront pas lettre morte et auront des partisans profonds et réfléchis spécialement en ce qui concerne le rôle des Nations unies et du droit international.

Zenit – Dans quelle mesure la « responsabilité de protéger » mentionnée par le Saint-Père est-elle un nouveau principe pour la communauté internationale ? Quelle différence y a-t-il avec la réponse de la communauté internationale à des gouvernements oppresseurs dans le passé ?

Mgr Migliore – Il a affirmé que le fondement moral de la revendication de l’autorité, de la souveraineté, de la part d’un gouvernement, est sa responsabilité, sa volonté et son efficacité à protéger sa population de tout type de violation des droits humains. Même s’il a emprunté cette expression au Document final adopté par les chefs d’Etat et de gouvernement en 2005, le pape Benoît XVI a esquissé un concept plus large : la responsabilité de protéger couvre non seulement les interventions soit disant humanitaires (militaires) mais elle pourrait plutôt être utilisée comme le nouveau nom de la souveraineté, qui n’est pas seulement un droit mais surtout une responsabilité de protéger et promouvoir les populations dans leur vie quotidienne.

Propos recueillis par Jesús Colina

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ZENIT Staff

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