Colombe de l'Esprit Saint, gloire du Bernin, Saint-Pierre de Rome, capture CTV

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La synodalité dans l'Ecriture et dans la vie de l'Eglise, par sr Alenka Arko (traduction complète)

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Un document de la Commission théologique internationale

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« Le « chemin ensemble » (en grec sýnodos) est le paradigme de l’histoire du salut, le paradigme de l’alliance que Dieu stipule avec l’humanité »: L’Osservatore Roano en italien du 6 mai 2018 publie cette réflexion de soeur Alenka Arko, sur la « synodalité » dans l’Ecriture Sainte et dans la vie de l’Eglise, à propos du document de la commission théologique internationale du Vatican sur la synodalité.
Religieuse de la Communauté Loyola, et d’origine slovène, soeur Alenka Arko est membre de cette commission depuis 2014. Elle est professeur au grand séminaire Marie-Reine-des-Apôtres à Saint-Pétersbourg (Russie),  à l’Institut saint Jean Chrysostome de l’Université du Latran (Rome) et au séminaire inter-diocésain pour l’Asie centrale, à Karaganda (Kazakhstan).
« Dieu, en effet, explique la théologienne, crée l’être humain, homme et femme, à son image, à l’image de la communion trinitaire, parce qu’Il veut qu’en Lui toute la création participe à la plénitude de sa vie. Puis tout au long de l’histoire et dans toutes les épreuves il l’accompagne avec amour et chaleur. Atteindre la destination finale du chemin tracé est en effet toujours une grâce. »
Voici notre traduction intégrale, de l’italien, de cette réflexion sur la synodalité qui est au coeur aussi du dialogue oecuménique.
AB
Le document de la Commission théologique internationale sur la synodalité
« Pour que tous soient Un »
par Alenka Arko
Le « chemin ensemble » (en grec sýnodos) est le paradigme de l’histoire du salut, le paradigme de l’alliance que Dieu stipule avec l’humanité. Dieu, en effet, crée l’être humain, homme et femme, à son image, à l’image de la communion trinitaire, parce qu’Il veut qu’en Lui toute la création participe à la plénitude de sa vie. Puis tout au long de l’histoire et dans toutes les épreuves il l’accompagne avec amour et chaleur. Atteindre la destination finale du chemin tracé est en effet toujours une grâce.
L’Ancien Testament témoigne que Dieu convoque Abraham et sa descendance, le peuple élu, pour qu’il soit le premier fruit et le levain de la communion à répandre sur toute l’humanité. La marche du peuple de Dieu est cependant tortueuse, et elle l’est à cause de la dureté du cœur humain qui s’oppose sous différentes formes à la communion. Ce sont surtout les prophètes qui rappellent continuellement à la conversion et en même temps encouragent à poursuivre le chemin parce que Dieu est fidèle. Dans sa miséricorde, Il est toujours disposé à rénover le cœur humain, à le guérir. Il prépare une nouvelle alliance, non plus inscrite sur les tables de pierre, mais dans les cœurs que Lui-même transformera (cf. Jérémie, 31, 31-34), l’alliance qui sera scellée par l’Esprit du Seigneur répandu sur tous (cf. Joël, 3, 1-4).
La nouvelle alliance est stipulée en Jésus, Fils bien-aimé du Père, dans sa Paques. De la croix il attire tout le monde à lui (cf. Jean, 12, 32) et en ressuscitant il reprend la vie pour la donner comme vie filiale et fraternelle à ceux qui croient en lui. C’est la raison pour laquelle Jésus s’identifie à un « chemin » (hodós). Il — le mystère de sa personne — est le rapport étroit avec le Père vers lequel l’Esprit conduit quand il donne la possibilité d’entrer dans la demeure de Dieu, l’accomplissement du chemin de chaque individu et de toute l’humanité (cf. Apocalypse, 21, 3). Ses disciples — le nouveau Peuple de Dieu, l’Eglise — sont en effet appelés les disciples du « chemin » (cf. Actes des apôtres, 9, 2 ; 18, 25 ; 19, 9).
Une autre image biblique pour l’Eglise et significative pour le thème de la synodalité est celle du corps, selon Paul. Le corps est une réalité harmonieuse et ordonnée. En lui, tous les membres sont nécessaires, et aucun n’est supérieur ou inférieur. Tous les membres jouissent de la même dignité qui jaillit du baptême (cf. Galates, 3, 28; 1 Corinthiens, 12, 13) et tous sont responsables pour la vie de la communauté selon le propre don (chárisma) hiérarchique ou charismatique reçu « selon la mesure du Christ » (Ephésiens, 4, 7) en vue de l’utilité de tous. Il est significatif que Paul parmi les dons reçus mette toujours à la première place le charisme des apôtres, dont Simon Pierre est le chef (cf. 1 Corinthiens, 15, 5) et considère que le plus grand des dons est celui de la charité (cf. 1 Corinthiens, 12, 31).
L’Eglise – Corps du Christ est constituée grâce à la participation à un unique pain (cf. 1 Corinthiens, 10, 17), à la synapse eucharistique. L’image utilisée par l’apôtre, non fortuitement, dès l’époque patristique inspira la réflexion sur la communion ecclésiale. Il est donc licite de dire que l’eucharistie, le sacrement de l’unité, est le lieu ordinaire de la synodalité — comme événement, processus, mais compris aussi sous l’aspect de sujets réunis, mettent en relief la participation structurée au mystère du Christ — célébrée par des ministres ordonnés et distribuée à tous « dans l’attente de sa venue », jusqu’à la fin des temps. L’Eglise a une claire conscience de cela — la communion sacramentelle est le signe de la communion ecclésiale, mais aussi l’envoi en mission, afin que se réalise la prière de Jésus : « Que tous soient uns » (Jean, 17, 21).
La synodalité dans son déploiement historique a une structure institutionnelle, normative, canonique. La forma originelle dans laquelle se manifeste la vocation synodale du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament est quahal/eda, le premier terme souvent traduit en grec par ekklesía. Il est significatif que celle-ci ne comprenne pas seulement les hommes, mais également les femmes, les enfants et les étrangers (cf. Josué, 8, 33.35).
Le Nouveau testament, en revanche, nous présente un véritable événement synodal — ledit concile apostolique de Jérusalem (cf. Actes des apôtres, 15 et Galates, 2, 1-10) qui traite une question concernant l’identité de l’Eglise — et les conditions à imposer aux gentils pour être admis dans le peuple de Dieu. Et il est significatif que le discernement d’une question si importante soit fait par les apôtres en présence de toute la communauté de Jérusalem.
L’histoire de l’Eglise après cet incipit témoigne d’une succession de synodes et conciles tant au niveau des Eglises locales qu’au niveau de l’Eglise universelle, convoqués pour traiter des questions théologiques, liturgiques, canoniques et pastorales. Nous voyons que cet instrument ecclésial connaît des périodes d’activité très intenses suivies de périodes caractérisées par un affaiblissement de la pratique synodale. L’histoire témoigne aussi que, malgré les divisions qui ont blessé et blessent la communion ecclésiale, les processus et événements synodaux sont si significatifs pour la vie de l’Eglise qu’ils sont toujours pratiqués aussi dans les Eglises et communautés ecclésiales aujourd’hui séparées de l’Eglise catholique.
C’est pourquoi il n’est pas étonnant qu’en deux mille ans d’histoire de l’Eglise, la pratique synodale soit toujours reproposée, tant pour les synodes que les conciles eux-mêmes qui prescrivent une certaine régularité de la convocation, que dans la vie consacrée (moines de Cluny et les ordres mendiants) et les chapitres des églises cathédrales au Moyen Age, par chaque évêque (saint Charles Borromée à Milan, saint Turibe de Mogrovejo à Lima) pendant la période de la contreréforme, ou par certains théologiens (John Henry Newman, Antonio Rosmini, Johann Adam Möhler) dans le but de valoriser le sensus fidei fidelium et donc la participation active de tous les baptisés à la vie de l’Eglise au XIX siècle.
Le concile Vatican II a tracé ensuite d’importantes conditions à la synodalité : la conception du mystère et du sacrement dans l’Eglise ; sa nature de peuple de Dieu pèlerine dans l’histoire vers la patrie céleste ; la doctrine de la sacramentalité de l’épiscopat et de la collégialité en communion hiérarchique avec l’évêque de Rome. Les papes à leur tour, durant ces 50 dernières années, en promouvant la communion, ont proposé des moyens efficaces pour la rendre plus solide et rappeler dans leur magistère qu’une Eglise synodale est ce que le Seigneur souhaite et à laquelle il s’attend.
© Traduction de ZENIT, Océane Le Gall
 

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Océane Le Gall

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