Confessional and Penitence

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La Pénitencerie apostolique clarifie certains concepts souvent mal compris

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Et réaffirme qu’aucun compromis n’est acceptable dans la lutte contre les abus

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En rappelant « le caractère sacré du for interne » et « l’absolue inviolabilité du sceau sacramentel », la Pénitencerie apostolique entend « se mettre au service de Pierre, de l’Église et de tous les hommes de bonne volonté, en redisant l’importance et en favorisant une meilleure compréhension » de certains concepts « qui semblent actuellement largement incompris ou carrément contestés dans certains cas », explique le cardinal Mauro Piacenza.
Le cardinal Mauro Piacenza, pénitencier majeur et préfet de la Congrégation pour le clergé, a présenté la note sur l’importance du for interne et l’inviolabilité du sceau sacramentel, indique la salle de presse du Saint-Siège ce lundi 1er juillet 2019.
Le préfet de la Congrégation pour le clergé a tenu à préciser que « le texte de la note ne peut et ne veut être en aucun cas une justification ou une forme de tolérance des cas exécrables d’abus perpétrés par des membres du clergé. Aucun compromis n’est acceptable en matière de promotion de la protection des mineurs et des personnes vulnérables et de prévention et de lutte contre toute forme d’abus ».
Voici notre traduction de la présentation du cardinal Piacenza.
HG
Présentation par le card. Mauro Piacenza
À l’occasion de la récente audience accordée aux participants au Cours sur le for interne organisé par la Pénitencerie apostolique le 29 mars 2019, le pape François a plusieurs fois mis l’accent sur deux thèmes aussi centraux dans la théologie, le droit et la pratique de l’Église, qu’étrangers à l’opinion publique d’aujourd’hui : le caractère sacré du for interne et l’inviolabilité du sceau sacramentel.
En ouverture du discours, le Saint-Père a rappelé avant tout la nature sacrée du for interne, domaine intime des rapports entre Dieu et le fidèle, pas toujours correctement compris et conservé même au sein de la communauté ecclésiale elle-même :
« Et je voudrais ajouter – hors texte – un mot sur le terme “for interne”. Ce n’est pas une expression que l’on utilise à tort et à travers : on l’emploie sérieusement ! Le for interne est le for interne et il ne peut sortir à l’extérieur. Et je dis cela parce que je me suis aperçu que dans certains groupes dans l’Église, les responsables, les supérieurs – on peut le dire comme cela – mélangent les deux choses et prennent dans le for interne pour des décisions dans le for externe, et vice versa. S’il vous plaît, c’est un péché ! C’est un péché contre la dignité de la personne qui fait confiance à un prêtre, qui exprime sa propre réalité pour demander le pardon et ensuite on l’utilise pour organiser les choses d’un groupe ou d’un mouvement, peut-être – je ne sais pas, j’invente – peut-être même d’une nouvelle congrégation, je ne sais pas. Mais le for interne est le for interne. C’est une chose sacrée. Je voulais dire cela parce que cela me préoccupe ».
Par la suite, le pape a redit l’inviolabilité absolue du sceau sacramentel, garantie indispensable du sacrement de la Réconciliation :
« La réconciliation elle-même est un bien que la sagesse de l’Église a toujours protégé de toute sa force morale et juridique par le sceau sacramentel. Même s’il n’est pas toujours compris par la mentalité moderne, il est indispensable pour la sainteté du sacrement et pour la liberté de conscience du pénitent qui doit être certain, à tout moment, que l’entretien sacrementel restera dans le secret du confessional, entre sa conscience qui s’ouvre à la grâce et Dieu, par la médiation nécessaire du prêtre. Le sceau sacramentel est indispensable et aucun pouvoir humain n’a juridiction sur lui, ni ne peut la revendiquer. »
La Pénitencerie apostolique, qui est depuis huit siècles le Tribunal apostolique député au traitement des matières qui concernent le for interne, connaît bien l’inestimable valeur du secret sacramentel, de la confidentialité, de l’inviolabilité de la conscience. En élaborant la note que nous présentons maintenant, elle entend se mettre au service de Pierre, de l’Église et de tous les hommes de bonne volonté, en redisant l’importance et en favorisant une meilleure compréhension de ces concepts qui semblent actuellement largement incompris ou carrément contestés dans certains cas.
Le document part de la constatation que, dans la société actuelle fortement ‘médiatisée’, en général, au développement technologique et à la mise en oeuvre des moyens de communication ne correspond pas un engagement analogue pour la recherche de la vérité mais plutôt le désir morbide de faire circuler les nouvelles, qu’elles soient vraies ou fausses, amplifiées ou diminuées selon les intérêts. Aujourd’hui, tout est exposé, tout doit être su. « Invoquant de fait, en tant que tribunal ultime, le jugement de l’opinion publique, trop souvent sont rendues publiques des informations en tout genre, relatives même aux sphères les plus privées et confidentielles, qui induisent inévitablement (…) – ou du moins favorisent – des jugements téméraires et lèsent illégitimement et de manière irréparable la renommée d’autrui ».
Ce comportement généralisé se reflète aussi dans l’Église dont on voudrait parfois que le système juridique soit conformé à celui des États dans lesquels elle vit, au nom d’une prétendue correction et transparence
Dans ce contexte, la Pénitencerie apostolique a considéré comme urgent de rappeler en premier lieu l’absolue inviolabilité du sceau sacramentel, qui est fondée sur le droit divin et qui n’admet aucune exception. Le prêtre confesseur, agissant ‘in persona Christi capitis’, a connaissance des péchés du pénitent « non pas en tant qu’homme, mais en tant que Dieu »,
selon une expression connue de saint Thomas d’Aquin. Pour cette raison, il est appelé à défendre le secret du contenu de la confession non seulement par « loyauté » à l’égard du pénitent, mais, plus encore, par respect de la sainteté du sacrement.
À cet égard, il est essentiel d’insister sur le caractère incomparable du sceau confessionnel avec le secret professionnel auquel sont tenues certaines catégories (médecins, pharmaciens, avocats, etc.), pour éviter que les législations séculières n’appliquent au sceau – inviolable – les dérogations légitimement prévues pour le secret professionnel.
Le secret de la confession n’est pas une obligation imposée de l’extérieur mais une exigence intrinsèque au sacrement et, comme tel, il ne peut être délié, pas même par le pénitent. Le pénitent ne parle pas au confesseur-homme mais à Dieu, c’est pourquoi s’emparer de ce qui appartient à Dieu serait un sacrilège. La protection du sacrement lui-même, institué par le Christ pour être un havre sûr de salut pour les pécheurs, est liée à cela. Si la confiance dans le sceau disparaissait, les fidèles seraient découragés d’accéder au sacrement de la réconciliation ce qui serait évidemment très préjudiciable aux âmes. Par ailleurs, c’est précisément cette préoccupation pour le salut des âmes qui motive l’Église à établir les peines les plus sévères pour celui qui viole le sceau (cf. can. 1388 CIC can. 728, § 1, n. 1 e can. 1456 CCEO).
En second lieu, la note considère le domaine juridique et moral propre aux actes de for interne qui sont posés en dehors du sacrement de la Pénitence. L’exemple classique est celui de la direction spirituelle. Même pour ces cas, le droit canonique garantit une confidentialité particulière à l’entretien spirituel qui implique la sphère la plus intime et personnelle du fidèle en ce qui concerne l’écoute et le discernement de la volonté de Dieu. Ainsi, par exemple, à l’occasion de l’admission aux Ordres sacrés, il est interdit de demander l’avis non seulement du confesseur mais aussi du directeur spirituel du candidat, pour prévenir tout abus de pouvoir éventuel.
Enfin, le dernier point de la note aborde les autres ‘sortes’ de secret qui sortent du domaine du for interne. À cet égard on y réaffirme le principe du droit naturel à garder le secret, sauf quand « la rétention du secret devrait causer à celui qui les confie, à celui qui les reçoit ou à un tiers des dommages très graves et seulement évitables par la divulgation de la vérité » (CEC, n.2491). Plus généralement, pour la communication ou la dissimulation de la vérité, la note propose comme critère général celui de « conformer sa vie au précepte de l’amour fraternel, ayant sous les yeux le bien et la sécurité d’autrui, le respect de la vie privée et le bien commun ». Il est opportun de préciser que le texte de la note ne peut et ne veut être en aucun cas une justification ou une forme de tolérance des cas exécrables d’abus perpétrés par des membres du clergé. Aucun compromis n’est acceptable en matière de promotion de la protection des mineurs et des personnes vulnérables et de prévention et de lutte contre toute forme d’abus, dans l’esprit de ce que le pape François a constamment répété et qui a été récemment réglementé par le Motu proprio ‘Vox estis lux mundi’ (7 mai 2019).
En publiant une note sur l’importance du for interne et l’inviolabilité du sceau sacramentel, la Pénitencerie a la ferme conviction que « la défense du sceau sacramentel et la sainteté de la confession ne pourront jamais constituer une forme quelconque de connivence avec le mal ; au contraire, ils représentent l’unique véritable antidote au mal qui menace l’homme et le monde entier ; ils sont la réelle possibilité de s’abandonner à l’amour de Dieu, de se laisser convertir et transformer par cet amour, en apprenant à y correspondre concrètement dans la vie personnelle ».
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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