Card. Tagle, 13 mai 2019 © Sanctuaire de Fatima

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La mission selon le coeur du pape François, par le card. Tagle (3/3)

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Au coeur de la pandémie, les dons de l’Esprit

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« Fermement enracinés dans le don du Saint-Esprit, nous pouvons au contraire affronter notre mission et ses souffrances avec joie et espérance »: en cette neuvaine de la Pentecôte, le préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, le cardinal Luis Antonio Tagle, revient, au micro de Radio Vatican (Alessandro Gisotti), et dans L’Osservatore Romano, sur le message du pape François aux Œuvres pontificales missionnaires (OPM): un condensé en quelque sorte d’Evangelii gaudium (2013).

Pour le cardinal philippin, ce message ne s’adresse pas seulement aux OPM, mais doit servir d’examen de conscience pour toute la mission de l’Eglise: il faut donc le lire et l’étudier partout. Il discerne notamment, au coeur de la pandémie, la réalité des dons de l’Esprit.

La meilleure ressource

Il revient aussi sur la questions des dons, témoignage de la charité: « Dans la vision cohérente du Pape François, les dons sont considérés comme des offres de charité qui accompagnent la prière pour la mission. Cette perspective fait des dons ou des collectes de fonds une partie du don de la foi et de la mission. Lorsque l’horizon du don est remplacé par celui de l’efficacité dans la gestion d’une organisation, alors les dons deviennent uniquement des fonds ou des ressources à utiliser, plutôt que des signes tangibles d’amour, de prière, de partage des fruits du travail humain. »

Mais il souligne les réticences du pape lorsque manque cette charité de l’élan missionnaire: « Le danger est que l’argent soit collecté au nom de la mission, mais sans devenir une expression de charité missionnaire de la part du donateur. L’objectif pourrait alors devenir celui de simplement atteindre la somme d’argent souhaitée, plutôt que celui d’éveiller la conscience et la joie des missionnaires. Avec le regard tourné vers un objectif monétaire, la tentation de s’appuyer sur les grands donateurs devient forte. Je suggère que nous consacrions plus de temps et d’énergie à donner aux gens la possibilité de rencontrer Jésus et son Évangile et d’être missionnaires dans leur vie quotidienne. »

Il souligne où se trouve la vraie force de l’élan missionnaire: « Ceux qui deviennent des missionnaires engagés et joyeux sont notre meilleure ressource, et non l’argent. Il est également utile de rappeler à nos fidèles que même leurs petits dons, une fois réunis, deviennent une expression tangible de la charité missionnaire universelle du Saint-Père pour les Églises dans le besoin. Aucun cadeau n’est trop petit lorsqu’il est fait pour le bien commun. »

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Plus encore, pour le cardinal Tagle, le message du pape François aux OPM constitue en quelque sorte un condensé d’Evangelii gaudium: « Le message de François aux directeurs nationaux des OPM reprend les principaux thèmes d’Evangelii Gaudium. Je crois qu’Evangelii Gaudium est la façon originale du Pape François d’articuler l’héritage ecclésiologique et la missiologie de Vatican II pour notre époque. Il exprime également l’influence d’Evangelii Nuntiandi de saint Paul VI sur sa vision missionnaire. Au cours des soixante dernières années, nous avons entendu affirmer haut et fort que l’identité et la raison d’être de l’Église est la mission. La mission de l’Église est de partager le don qu’elle a reçu. Je me souviens de la première lettre de saint Jean quand il dit : «Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie… Nous écrivons cela, afin que notre joie soit parfaite»(1 Jean 1, 1-4). J’espère que nous pourrons revenir à ces origines simples et joyeuses de l’Église et de sa mission apostolique. »

Au coeur de la pandémie, les dons de l’Esprit

Enfin, pour ce qui est de la crise profonde enfantée par la pandémie, le cardinal Tagle exprime son espérance: « La pandémie de COVID-19 a apporté beaucoup de souffrance et de peur dans la famille humaine. Nous ne pouvons et ne devons pas ignorer son impact sur l’Église et la mission. Il faudra peut-être encore de nombreuses années pour mieux comprendre cet événement dans notre vie. »

Il constate les fruits de l’Esprit Saint au coeur de cette épreuve: « Mais nous pouvons dire dès maintenant que, parmi les incertitudes, l’isolement, le chômage, la perte de revenus et bien d’autres effets de la pandémie, l’Esprit Saint a déversé en abondance les dons de la compassion, de l’héroïsme, de l’amour de la famille, de la prière fervente, de la redécouverte de la Parole de Dieu, de la faim de l’Eucharistie, du retour à un mode de vie simple, du souci de la Création, pour n’en citer que quelques-uns. Alors que l’Église se sentait limitée dans ses activités habituelles, le Saint-Esprit poursuivait sa mission sans aucune limitation. L’Église est appelée à regarder et à s’émerveiller des œuvres surprenantes du Saint-Esprit. Nous apprécions ce don et nous raconterons les histoires de l’action du Saint-Esprit pendant la pandémie encore pendant de nombreuses années à venir. »

La première partie de cet entretien est ici.

La deuxième partie est ici.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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