Retour de retraite de carême 2018 capture @ Vatican Media

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La gratitude ou l’envie : prédication du p. Tolentino

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Lecture de la parabole de l’Enfant prodigue

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La parabole de l’Enfant prodigue, ou parabole du père et des deux fils, montre à la fois une relation fraternelle rongée par l’envie et la façon de la surmonter par la gratitude, c’est ce qu’a expliqué en substance le prédicateur de la retraite de carême du pape François à Ariccia (sud-est de Rome), dans sa 8e méditation, jeudi 22 février 2018.
Pour le p. José Tolentino de Mendonça, la parabole de l’enfant prodigue « reflète la réalité de familles où la relation entre frères est rongée par des sentiments tels que l’envie », tandis que « le père est l’icône de la miséricorde », rapportent les media du Vatican en Italien.
Le prédicateur pose ce diagnostic : l’un des « grands dangers » sur le chemin « intérieur », c’est « le regard centré sur soi », lorsque « le ‘je’ est le principe et la fin de toutes choses ».
Dans cette parabole, explique le prédicateur, « nous voyons une famille humaine comme celle dont chacun de nous est issu » : c’est « un miroir » où l’on « trouve tout », c’est « une histoire qui nous saisit intérieurement », où apparaît « la problématique de la relation entre frères ».
Dieu guérit
La parabole précise-t-il, met aussi en valeur « la signification délicate du lien filial », la trame « subtile et fragile des sentiments que nous tissons ».
D’où ce nouveau diagnostic du prédicateur qui évoque la guérison intérieure que Dieu donne: « À l’intérieur de nous-mêmes, en vérité, il n’y a pas seulement des choses belles, harmonieuses, résolues. À l’intérieur de nous-mêmes, il y a des sentiments étouffés, beaucoup de choses à clarifier, des pathologies, des fils à connecter. Il y a des zones de souffrance, des domaines à réconcilier, des souvenirs et des césures à laisser à Dieu pour qu’il les guérisse. »
Il décrit une époque dominée par « un désir à la dérive » qui promeut « en nous, enfants prodigues », l’ « arbitrage facile », le « caprice », l’ « hédonisme », se développe dans « un tourbillon trompeur » dicté par la « société de consommation » qui promet de « satisfaire tout et tout le monde », avec cette confusion entre « bonheur et satiété ».
Cela crée des êtres « repus, pleins, satisfaits, dressés », mais, fait remarquer le père José, cette « satiété » obtenue par les biens de consommation, c’est « la prison du désir ».
Le remède, c’est la gratitude
Il revient à la parabole pour faire observer qu’au besoin de « liberté » du fils cadet, poussé par « l’imagination de la toute-puissance », s’ajoutent les « attentes malades » du fils aîné : « Les mêmes choses s’infiltrent très facilement en nous : la difficulté de vivre la fraternité, la prétention de conditionner les décisions du père, le refus de se réjouir du bien de l’autre. Tout cela crée en lui un ressentiment latent et l’incapacité à saisir la logique de la miséricorde. »
Ainsi, « aux faux pas » du fils cadet, animé d’un « désir à la dérive », se superpose ensuite le danger qui ronge le fils aîné : « l’envie » qui constitue « une pathologie du désir », un «  manque d’amour », une « revendication stérile et malheureuse ».
Le fils aîné, qui n’a pas réussi à « résoudre sa relation avec son frère », est encore déchiré par « l’agressivité, les barrières et la violence », constate le prédicateur.
Mais voilà le remède : le contraire de l’envie, c’est la « gratitude » qui « construit et reconstruit le monde ».
L’icône de la miséricorde
Et la miséricorde, incarnée par le père de la parabole : « Ce père est l’icône de la miséricorde. Il a deux fils et il comprend qu’il doit avoir une relation différente avec chacun, réserver à chacun un regard unique. »
La miséricorde, fait observer le p. José Tolentino de Mendonça, « ne consiste pas à donner à l’autre ce qu’il mérite » : elle est « compassion, bonté, pardon ».
La miséricorde, dit-il, c’est « donner davantage, donner au-delà, aller au-delà » : c’est un « excès d’amour » qui guérit les blessures. C’est « l’un des attributs de Dieu » : « Croire en Dieu, c’est donc croire en la miséricorde. La miséricorde, c’est un Évangile à découvrir. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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