Sculpture de Fiorenzo Bacci, capture @ Vatican Media

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Jeudi Saint 2018: messe "in Cena Domini" à la prison romaine de Regina Caeli

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Lavement des pieds à 12 détenus

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Le pape François a quitté la Maison Sainte-Marthe, sa résidence au Vatican, pour se rendre en voiture à la prison « Regina Coeli », à Rome, à 15h45, ce Jeudi Saint, 29 mars 2018.

À son arrivée, vers 16h, le pape a rencontreré les détenus malades à l’infirmerie. Puis il a présidé la célébration de la messe de la Cène du Seigneur, début du Triduum pascal, pour plus de 600 détenus, dont 65% de jeunes étrangers, précise L’Osservatore Romano en italien du 29 mars 2018.

La visite et la célébration n’ont pas été retransmises en direct. Avant de partir, le pape a fait publier sur son compte Twitter @Pontifex_fr ces mots sur le sens du Jeudi Saint: « L’Eucharistie nous fait entrer dans le mystère pascal du Christ, nous donnant de passer avec lui de la mort à la vie. »

Au cours du rite, le pape a lavé les pieds de 12 détenus venant de sept pays différents quatre Italiens, deux Philippins, deux Marocains, un Moldave, un Colombien, un Nigérian et un de Sierra Leone. Neuf d’entre eux sont des chrétiens – huit catholiques et un orthodoxe -, deux sont musulmans, et un autre est bouddhiste.

En expliquant le sens du lavement des pieds, dans son homélie, le pape a invité à « servir » comme le Christ. Au moment du geste de paix, il a invité à renoncer à l’esprit de vengeance.
« Ils le sentent comme un ami, avec un grand cœur, capable de comprendre aussi ce que ressent un détenu » raconte au quotidien du Vatican (Alessandro Di Bussolo) le père Vittorio Trani, aumônier de la prison du Transtévère, qui a choisi les détenus auxquels le pape lavera les pieds, en essayant de représenter la diversité des nationalités, confessions et religions.

Enfin, avant de rentrer au Vatican, le pape a rencontré quelques détenus de la VIIIème Section de la prison. Il a dit son opposition à toute peine qui ne serait pas porteuse « d’espérance ».

Le pape offrira à la prison l’autel sur lequel il va célébrer la messe. Il est orné d’une sculpture en bronze de l’artiste italien Fiorenzo Bacci, 78 ans, de Porcia (Pordenone) a été réalisée à l’occasion de son cinquantième anniversaire de mariage. L’autel avait été offert au pape François à l’audience générale du 12 novembre 2016.

Le saint pape Jean XXIII avait rendu visite aux prisonniers de Regina Caeli le 26 décembre 1958. Le bienheureux Paul VI s’y est également rendu en 1964 et saint Jean-Paul II en l’an 2000.
Les jeunes détenus, en 2013
L’Osservatore Romano rappelle qu’en 2013, le pape François a célébré cette messe du Jeudi Saint parmi les jeunes détenus mineurs de Casal del Marmo, à Rome également. C’était un événement: les papes célébraient la messe in Cena Domini au Latran, ou, récemment, à Saint-Pierre.
Le pape François a célébré la messe in Coena Domini parmi les détenus aussi en 2015 et en 2017. Et tant de fois alors qu’il était archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio a passé le jeudi saint dans un pénitencier. Le 28 mars 2013, deux semaines après son élection, il a choisi le centre de détention pour mineur de Casal del Marmo.
« Cinquante très jeunes détenus et les pieds de femmes et d’hommes à la peau claire et sombre, que le pape lave, essuie et embrasse », rappelle le quotidien. Voici comment, juste avant, dans son homélie, il a expliqué son geste : « Nous aider l’un l’autre : c’est ce que Jésus nous enseigne et c’est cela que je fais, et je le fais de tout cœur, parce que c’est mon devoir. Comme prêtre et comme évêque je dois être à votre service. »
« Mais c’est un devoir qui me vient du cœur : je l’aime. J’aime cela et j’aime le faire parce que le Seigneur m’a enseigné ainsi. Mais vous aussi, aidez vous : aidez-vous toujours. L’un l’autre. Et ainsi en nous aidant nous nous ferons du bien », a insisté le pape.
Auprès des personnes handicapées et de leurs familles
Le jeudi saint 2014, 17 avril, rappelle la même source, le pape François a rendu visite au centre de rééducation romain « Santa Maria della Provvidenza » de la Fondation don Gnocchi, et il a lavé les pieds de 12 personnes handicapées, avec des histoires, et d’âges, ethnies et confessions différentes: à Osvaldinho, 16 ans, du Cap Vert, en fauteuil roulant après un plongeon en mer, à Hamed, 75 ans, libyen de religion musulmane, avec de graves problèmes neurologiques après un accident de la route. A eux et aux 500 personnes présentes à l’intérieur comme à l’extérieur de l’église, le pape a rappelé l’héritage laissé par Jésus: « Lui est Dieu et il s’est fait serviteur, notre serviteur. C’est son héritage ; vous aussi vous devez être des serviteurs les uns des autres. Et Dieu a fait ce chemin par amour ; vous aussi vous devez vous aimer et être des serviteurs dans l’amour.»
A Rebibbia : Jésus nous aime tous
En 2015, le 2 avril, le pape est retourné à Rebibbia, pour répéter le geste de Jésus aux disciples pour 12 détenus. A l’arrivée, il a salué et embrassé un à un les 300 détenus qui l’attendaient pour la messe, avant de déclarer, dans son homélie:  « L’amour de Jésus pour nous n’a pas de limites toujours plus, toujours plus. Il ne se lasse pas d’aimer. Personne. Il nous aime tous, au point de donner sa vie pour nous. Oui, donner sa vie pour nous ; oui, donner sa vie pour nous tous, donner sa vie pour chacun de nous. Et chacun de nous peut dire : « Il a donné sa vie pour moi ». Chacun. Il a donné sa vie pour toi, pour toi, pour toi, pour moi, pour lui… pour chacun, en l’appelant par son nom et son prénom. Son amour est ainsi : personnel. »
Et puis il a conclu : « Mais moi aussi, j’ai besoin d’être lavé par le Seigneur et priez pour cela pendant cette Messe, pour que le Seigneur lave aussi toutes mes impuretés, afin que je devienne plus esclave que vous, plus esclave au service des personnes, comme l’a été Jésus »
Parmi les migrants à Castelnuovo di Porto
Le 13 avril 2016, le pape François s’est rendu au centre d’accueil pour demandeurs d’asile de Castelnuovo di Porto, aux portes de Rome, et il a célèbré la messe in Coena Domini avec près de 900 réfugiés, le personnel et les bénévoles du centre. Quelques jours auparavant les terroristes de Daech avaient commis un terrible attentat à Bruxelles: « Derrière ce geste, a commenté le pape, il y a les fabricants, les trafiquants d’armes qui veulent le sang, pas la paix; qui veulent la guerre, pas la fraternité ».
Puis il a expliqué son geste :« Aujourd’hui, en ce moment, quand j’accomplirai le même geste que Jésus de laver les pieds de douze d’entre vous, nous tous, accomplissons le geste de la fraternité, et nous disons tous : ‘Nous sommes divers, nous sommes différents, nous avons différentes cultures et religions, mais nous sommes frères et nous voulons vivre en paix’. Et c’est le geste que j’accomplis avec vous. Chacun de nous porte une histoire personnelle, chacun de vous porte une histoire personnelle : tant de croix, tant de douleurs, mais également un cœur ouvert qui veut la fraternité.»
A la prison de Paliano : serviteur par amour
L’année dernière, enfin, le 16 avril, rappelle encore L’Osservatore Romano en italien, le pape est allé de nouveau dans une prison, mais à l’extérieur de Rome, à Paliano, dans la province de Frosinone.
Parmi les détenus auxquels il a lavé les pieds se trouvaient trois femmes, un Argentin, un Albanais, un musulman qui a ensuite été baptisé en juin 2017. Deux d’entre eux ont été condamné à la prison à vie, les autres devraient avoir purgé leur peine entre 2019 et 2073.
Dans son homélie prononcée spontanément, le pape a rappelé que Jésus, qui est le chef de l’Eglise, a su se faire esclave par amour: « C’est un renversement : celui qui semble le plus grand doit faire le travail d’esclave, mais pour semer l’amour. Je vous dirai que si vous pouvez apporter une aide, accomplir un service, ici, en prison, au compagnon ou à la compagne, faites-le. Parce que cela est l’amour, c’est comme laver les pieds. C’est être serviteur des autres. »
Avec une traduction d’Océane Le Gall
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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