Mme Setsuko Thurlow, survivante de la bombe atomique et la Flamme d'Hiroshima © Vatican Media

Mme Setsuko Thurlow, survivante de la bombe atomique et la Flamme d'Hiroshima © Vatican Media

Japon: le pape François à Hiroshima et Nagasaki en novembre

Un pèlerinage de la paix

Share this Entry

Le pape François avait confié à la presse son projet de voyage en novembre prochain: le projet se précise, annonce « Japan Today« . Le pape pourrait être à Hiroshima et Nagasaki le 24 novembre prochain. Le Vatican n’a pas pour le moment confirmé.
Arrivé le 23 novembre, le pape devrait rencontrer le Premier ministre japonais Shinzo Abe et l’empereur Naruhito à Tokyo et il présidera la messe au stade du Dôme de Tokyo le 25 novembre.
Le pape avait écrit deux lettres en mai dernier promettant sa prière pour les citoyens des deux villes de Hiroshima et Nagasaki en réponse aux maires et au gouverneur de la préfecture d’Hiroshima qui l’avaient invité.
Le pape « a condamné non seulement l’utilisation des armes nucléaires, mais leur « possession » pour la première fois dans un discours prononcé en 2017″, souligne Japan Today.
La non-prolifération nucléaire
Ce serai le second voyage d’un pape au Japon après la visite du pape Jean-Paul II, en février 1981: il avait participé à une émission télévisée à grand succès. Mais surtout, Jean-Paul II s’est rendu au parc du Mémorial de la paix à Hiroshima, à l’église catholique Urakami Tenshudo à Nagasaki et à une résidence des « hibakusha », les Japonais souffrant encore aujourd’hui du fait des radiations.
Quant au pape François, il réaliserait son désir de jeune jésuite de se rendre au Japon: sa candidature n’avait pas été retenue en raison de sa santé. En 1958, à 22 ans, lorsqu’il a décidé d’entrer dans la Compagnie de Jésus, il rêvait de devenir missionnaire au Japon. Mais au terme de son noviciat, sa demande lui a été refusée en raison de ses problèmes respiratoires.
Premier jésuite à devenir pape, il mettra ses pas dans ceux de saint François Xavier qui a introduit le christianisme au Japon en 1549.
Le pape a été officiellement invité à se rendre au Japon par le premier ministre Shizo Abe, en juin 2014. Le 2 mai 2018, le maire de Nagasaki, Tomihisa Taue a remis au pape François une lettre signée par lui et par le maire d’Hiroshima, Kazumi Matsui, l’invitant à se rendre dans leurs deux villes frappées par des bombes atomiques en août 1945,  faisant 110 000 morts sur le coup et au moins le même nombre, des suites des radiations.
Les Japonais « comprennent le prix de la paix », avait fait observer Mgr Paul Richard Gallagher,  secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États au terme de son voyage au Pays du Soleil levant – du 28 janvier au 3 février 2017.
Ne pas identifier christianisme et Occident
Ce voyage marquerait aussi le chemin vers la Conférence internationale de 2020 sur la non-prolifération nucléaire. Ce serait aussi l’occasion de démonter la fausse identification entre Occident et christianisme qui est un obstacle à l’adhésion des Japonais à l’Evangile: on craint d’être infidèle à la patrie en demandant le baptême. Ne sont-ce pas des baptisés qui ont déclenché les bombes atomiques? Le baptême est souvent synonyme pour cela d’une mise en marge de la famille.
En dialoguant avec la presse dans l’avion Rome-Panama, le 23 janvier dernier, le pape avait déclaré qu’il se rendrait au Japon en novembre.
Un voyage apostolique au Japon est actuellement « à l’étude », a confirmé le directeur par intérim du Bureau de presse du Saint-Siège, Alessandro Gisotti. « Comme le pape l’a déjà dit à d’autres occasions, il a un grand désir de se rendre dans ce pays », a ajouté le porte-parole.
En 1973, comme provincial des Jésuites en Argentine, le pape a accueilli le supérieur général de la compagnie, le père Pedro Arrupe, « qui incarne l’épopée jésuite contemporaine au Japon » et dont le procès de la canonisation a été ouvert en novembre 2018.
Le père général de la Compagnie de Jésus Pedro Arrupe élu en 1965, est mort en 1991. Celui-ci était maître des novices présents à Hiroshima le 6 août 1945: aucun d’eux n’a été irradié par la bombe, ce qui lui faisait dire que « le Coeur de Jésus est plus puissant que la bombe atomique ».
Rencontres au Vatican
Il a rencontré au Vatican une survivante de la bombe d’Hiroshima, Mme Setsuko Thurlow, et une délégation portant la Flamme d’Hiroshima, le 20 mars dernier, place Saint-Pierre.
Et la semaine dernière, le 19 juin, il a salué à l’audience générale les jeunes Japonais de Nagasaki de l’association Jeunes Messagers de la Paix (« Youth Peace Messengers »).
ls sont venus du Japon pour continuer à relancer « des initiatives dans le monde entier afin que ces terribles événements ne soient pas oubliés et que de telles tragédies ne se reproduisent plus », indique L’Osservatore Romano du 20 juin.
Avec eux, place Saint-Pierre, il y avait aussi un groupe de la chaîne de télévision japonaise Nippon television network corporation, dirigée par Yorisha Kono, qui réalise un documentaire sur la photo, prise par Joseph Roger O’Donnell.
Le pape a commenté cette photo – évoquée à plusieurs reprises comme un symbole éloquent des conséquences de la tragédie de Nagasaki – : elle représente un garçon avec son petit frère mort dans le bombardement atomique attendant son tour pour incinérer le corps.
Le pape en a fait sa carte de voeux pour la paix, à l’occasion du Nouvel an 2018, sous le signe du « non » au nucléaire.  Il a choisi, comme carte de voeux en 2018, cette photo d’un jeune garçon portant son petit frère mort au crématorium de Nagasaki (Japon, 9 août 1945). Il commentait, en italien: « Le fruit de la guerre ».
Voeux à l’empereur Naruhito
Le pape François a adressé ses « salutations cordiales » et « meilleurs vœux » à sa majesté impériale Naruhito, nouvel empereur du Japon, à l’occasion de son accession au trône, dans un télégramme envoyé ce jeudi 2 mai 2019.
« Je vous assure de mes prières afin que vous puissiez être doté des dons de sagesse et de force dans votre service dévoué à la nation », a écrit le pape en anglais.
Le pape a aussi invoqué les « bénédictions divines de paix et de bien-être » sur le nouvel empereur, les membres de la famille impériale et tout le peuple japonais.
Hier, 1er mai, Naruhito, 59 ans, a officiellement succédé à son père Akihito qui a choisi d’abdiquer après 30 ans de règne.
Quant au cardinal Thomas Aquino Manyo Maeda, archevêque d’Osaka, qui est né dans l’archidiocèse de Nagasaki et a été aussi pasteur à Hiroshima – les deux villes martyres de la folie nucléaire – s’est confié à L’Osservatore Romano du 20 juillet 2018, dans une interview où il parle du rôle de l’Église dans un Japon de plus en plus sécularisé.
Enfin, le 8 février 2017, le pape François a salué la béatification du samouraï martyr Takayama Ukon (1552-1615), qui avait eu lieu la veille au Japon. Un exemple de « force dans la foi », a-t-il estimé.

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel