Le cardinal Pietro Parolin © L'Osservatore Romano

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"Il n’y a pas de guerre entre le christianisme et l’islam", affirme le cardinal Parolin

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Le dialogue comme instrument de la paix

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« Il n’y a pas de guerre entre le christianisme et l’islam », affirme le cardinal Pietro Parolin. Le secrétaire d’Etat du Vatican assure que le dialogue est un instrument pour résoudre les situations de conflits dans une longue interview publiée par le journal de la Conférence épiscopale italienne Avvenire le 24 août 2016.
« Le pape François a clairement refusé la thèse selon laquelle nous assisterions à une guerre de religion », rappelle le cardinal. « Plusieurs autorités islamiques, poursuit-il, ont aussi condamné le terrorisme perpétré au nom de l’islam. C’est ainsi que la participation des musulmans aux messes après l’assassinat du père Hamel (en France, ndlr) est née comme un signe de fraternité, de solidarité et de refus de la violence. »
« La preuve » qu’il n’y a pas de guerre entre le christianisme et l’islam « est que le terrorisme islamique touche, d’un point de vue numérique, plus les musulmans que les chrétiens ».
On ne peut nier, selon le cardinal, «  que les militants de Daesh instrumentalisent l’islam pour justifier leurs actes de violence. Et leurs déclarations dans ce sens sont précisément une tentative d’évoquer une soi-disant ‘guerre de religion’. Nous ne devons pas tomber dans leur piège. »
Le dialogue interreligieux, « un devoir pour les chrétiens »
Pratiquer le dialogue interreligieux « est un devoir pour les chrétiens comme pour ceux qui appartiennent aux autres communautés religieuses », souligne le cardinal Parolin. C’est « une condition nécessaire pour la paix dans le monde ». Il estime que « critiquer ou rejeter le dialogue entre les religions comme un idéalisme ingénu » est « le signe d’un pessimisme exagéré et c’est aussi dangereux ».
« À mon avis, poursuit-il, il n’y a pas d’alternative au dialogue, bien que ce ne soit jamais facile. Dépasser les malentendus culturels, politiques, sociaux et religieux, qui durent depuis des siècles et qui sont alimentés aussi par des phénomènes actuels, requiert beaucoup de patience, une attitude d’attention profonde et de respect envers tous et doit commencer par la conviction que toute personne jouit de la même dignité humaine. »
Le primat du dialogue et de la rencontre
« Le pape François ne craint pas de dialoguer avec l’humanité, avec ses besoins et ses attentes », affirme encore le secrétaire d’État. « C’est justement la simplicité et le courage avec lequel le pape propose le primat du dialogue et de la rencontre, qui a éveillé chez de nombreux responsables religieux et politiques le désir d’entrer en contact avec lui et de mieux connaître l’action du Saint-Siège et de l’Église catholique dans le monde. »
L’ « unique préoccupation » du pape François, assure le « numéro 2″ du Vatican, « est d’annoncer l’Évangile qui sauve, afin que les hommes puissent se réconcilier avec Dieu et avec leurs frères et retrouver ainsi l’espérance et la paix. (…) C’est de là que naît, et autour de cela que tourne aussi son attention aux thèmes comme les conflits, les migrations, la sauvegarde de la création, le développement économique, la protection des faibles. Des problèmes sur lesquels les ‘puissants de ce monde’ l’écoutent avec intérêt et sympathie et lui manifestent de l’estime parce qu’il s’agit de questions d’une actualité brûlante ».
« Le pape François n’est pas un chef politique, ajoute le cardinal Parolin,  ni le chef d’une grande et puissante multinationale, expert en stratégies politiques, commerciales et financières. Il est le Successeur de Pierre, le pasteur de l’Église universelle, choisi par Dieu pour cette tâche ardue. »
L’accueil fait partie intégrante de l’identité chrétienne
« L’esprit d’accueil fait partie intégrante de l’identité chrétienne et c’est une application concrète des œuvres de miséricorde indiquées par Jésus dans l’Évangile », affirme le secrétaire d’État au fil de ce long entretien.  
« Nous ne pouvons pas diminuer l’ouverture universelle de l’Évangile ou faire semblant qu’elle n’existe pas, poursuit-il. Et l’Église doit continuer de répéter, sans se lasser, à temps et à contretemps, les paroles du Seigneur : ‘Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés’ et ‘Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux’ ».
En même temps, « il est légitime pour un pays de prendre des mesures légales et juridiques pour protéger son identité culturelle liée au christianisme », estime le cardinal Parolin. « Mais même de telles mesures doivent être informées par l’esprit d’amour et de miséricorde à l’égard de toutes les personnes à partir de celles qui en ont le plus besoin, sans aucune distinction. »
Être proches des chrétiens souffrants au Moyen-Orient 
« La manière chrétienne » d’aider des chrétiens au Moyen-Orient « est, avant tout, de nous souvenir d’eux », estime le cardinal. « Nous devons chercher toutes les façons possibles de leur montrer que nous leurs sommes effectivement proches, surtout par la prière et la solidarité concrète. »
« Le Saint-Siège se préoccupe des souffrances des chrétiens au Moyen-Orient, réaffirme le cardinal Pietro Parolin, des difficultés qu’ils rencontrent et des injustices – et parfois des persécutions – qu’ils subissent et qui les poussent à abandonner leur terre. »
Avec une traduction de Constance Roques

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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