Journée mondiale pour l'alimentation 2017, FAO © L'Osservatore Romano

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FAO: Mgr Arellano suggère aux dirigeants politiques «d'évaluer l’impact moral des actions»

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Portrait robot du leadership « éthique »

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L’observateur permanent du Saint-Siège à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Mgr Fernando Chica Arellano, a appelé les dirigeants politiques et sociaux « à évaluer l’impact moral des actions qu’ils promeuvent ». Il a énuméré les caractéristiques d’un leader éthique : selon lui, c’est avant tout l’humilité et la conscience de ses propres limites ; la prudence, c’est-à-dire la capacité de discernement, d’anticipation des conséquences ; empathie pour les problèmes et la souffrance des autres ; ouverture à la nouveauté ; cohérence.
Mgr Arellano est intervenu au séminaire intitulé « Construire le présent et préparer l’avenir avec un leadership éthique » organisé à Rome le 13 novembre 2019 par la Fondation Joseph Ratzinger-Benoît XVI et la Mission permanente d’observation du Saint-Siège auprès de la FAO, du FIDA et de PAM, les trois agences des Nations Unies dédiées aux secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, indique Vatican News en italien du mercredi.
Le séminaire s’est tenu au siège de la FAO et portait sur l’idée du développement durable à partir d’un système de production alimentaire équitable et productif. La rencontre a été introduite par le père Federico Lombardi, président de la Fondation Joseph Ratzinger-Benoît XVI, et par Maria Helena Semedo, directrice générale adjointe de la FAO. Parmi les intervenants étaient : le prof. Stefano Zamagni, président de l’Académie pontificale des sciences sociales, Pietro Sebastiani, ambassadeur de l’Italie près le Saint-Siège, le prof. Vincenzo Buonomo, recteur de l’Université pontificale du Latran.
« Le chef, a dit dans son discours Mgr Arellano, ne peut être que celui qui agit et pas seulement celui qui parle. Et dans le monde globalisé d’aujourd’hui, l’action devient une coopération, dans la ferme conscience que l’avenir de l’un dépend des autres. »
Le leadership, a-t-il poursuivi, « n’est donc pas une question de compétence oratoire ni de l’ostentation de la culture, mais de témoignage ». « Les jeunes, a-t-il ajouté, s’en rendent compte et l’exigent encore plus directement : ils vivent une période de leur vie où les grands rêves et les idéaux ne doivent pas laisser la place à la résignation face à une réalité qui se présente comme décevante et à la fois en dessous de leurs attentes. »
Dire « non » à une culture « d’acceptation non critique de ce qui se passe »
À son tour, le prof. Stefano Zamagni, président de l’Académie pontificale des sciences sociales, a invité à dire « non » à une culture « d’acceptation non critique de ce qui se passe » aujourd’hui.
Le gaspillage et les pertes alimentaires constituent un problème urgent, a-t-il rappelé : un tiers de la production alimentaire mondiale est perdue ou gaspillée tout au long de la chaîne alimentaire, 32% pendant la phase de production, 22% après la récolte, 13% dans la phase de distribution et 22% dans la phase de consommation.
Une augmentation de la consommation de la viande, déterminée par la croissance des revenus, aura un impact énorme sur la consommation d’eau, car s’il faut un mètre cube d’eau pour produire un kilogramme de céréales, il en faut 15 pour produire un kilogramme de viande, a expliqué le professeur. À ce jour, a-t-il poursuivi, la consommation moyenne de la viande est de 83 kg par personne et par an en Amérique du Nord, de 62 kg en Union européenne, de 28 kg en Asie et de 11 kg en Afrique. La FAO prévoit que, d’ici 2050, la consommation de la viande dans le monde augmentera de 76%. Donc, si nous n’intervenons d’aucune manière, a averti Zamagni, « la déforestation et l’épuisement des réserves en eau douce auront les conséquences immédiates et tragiques ».
Le président de l’Académie pontificale des sciences sociales s’est arrêté aussi sur les aspects financiers et économiques du marché des produits alimentaires, qui orientent les politiques agricoles et conditionnent la volatilité des prix des produits alimentaires. Parmi les aspects les plus inquiétants, le prof. Zamagni a indiqué la concentration progressive du marché entre les mains d’un petit groupe de multinationales qui détient le contrôle des semences et de l’agriculture mondiale. En 1981, plus de 7 000 sociétés opéraient dans ce secteur, tandis qu’aujourd’hui quatre groupes (Bayer-Monsanto, Dow-Dupont, Chem China-Syngenta, Basf) contrôlent près de 90% du marché. Puis il y a 10 entreprises de transformation qui contrôlent 70% du marché alimentaire.
 

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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