Dans le Christ, l’homme et la femme ressentent leur différence en termes d’harmonie et de collaboration

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Par Mgr Amato

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CITE DU VATICAN, Samedi 31 juillet 2004 (ZENIT.org) – Dans l’économie chrétienne du salut, « l’homme et la femme ne ressentent plus leur différence en termes de rivalité ou d’opposition, mais en termes d’harmonie et de collaboration », explique Mgr Amato.

« La collaboration de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde » fait l’objet d’une « lettre » de la congrégation pour la Doctrine de la foi aux évêques de l’Eglise catholique, publiée ce matin. Le secrétaire de ce dicastère, Mgr Angelo Amato, sdb, présente le document dans cet entretien accordé à Radio Vatican.

Radio Vatican : Après les documents de Jean-Paul II « Mulieris Dignitatem » (15 août 1988 et la Lettre aux Femmes (29 juin 1995), qu’est-ce que cette lettre aux évêques veut apporter de nouveau à la réflexion chrétienne ?

Mgr Amato : La nouveauté réside dans la réponse à deux tendances bien précises de la culture contemporaine. La première tendance souligne fortement la condition de subordination de la femme, qui, pour être elle-même devrait se situer en opposition à l’homme. On établit ainsi une rivalité radicale entre les sexes : l’identité et le rôle de l’un est au détriment de l’autre. Pour éviter cette opposition, un second courant tend à effacer les différences entre les deux sexes. La différence corporelle, qu’on appelle « sexe », est minimisée et considérée comme le simple effet de conditionnements socio-culturels. On souligne donc au maximum la dimension strictement culturelle, appelée « genre ». D’où la contestation du caractère naturel de la famille composée de père-mère, l’équivalence établie entre homosexualité et hétérosexualité, la proposition d’une sexualité polymorphe.

Radio Vatican : Quelle est la racine de cette dernière tendance ?

Mgr Amato : Cette perspective naît du présupposé que la nature humaine n’aurait pas en elle-même des caractéristiques qui la déterminent de façon absolue comme homme ou comme femme. Chaque personne, libre de toute prédétermination biologique, pourrait se modeler à sa convenance. Face à ces conceptions erronées, l’Eglise rappelle certains aspects de l’anthropologie chrétienne fondée sur les données révélées par l’Ecriture Sainte.

Radio Vatican : Que dit la Bible à ce propos?

Mgr Amato : La partie la plus ample du document est justement consacrée à une méditation sapientielle des textes bibliques sur la création de l’homme et de la femme. Le premier texte (Genèse 1,1 – 2,4) décrit la puissance créatrice de Dieu qui opère des distinctions dans le chaos primitif (lumière, ténèbres, mer, terre, plantes, animaux), et crée finalement l’homme : « à son image et à sa ressemblance il le créa, homme et femme il les créa ». Le second récit de la création, en Genèse 2, 4-25, confirme également l’importance de la différence sexuelle. A côté du premier homme, Adam, Dieu place la femme, créée de sa chair et enveloppée du même mystère.

Radio Vatican : Qu’est-ce que cela signifie?

Mgr Amato : Le texte biblique offre trois indications importantes. L’homme est une personne, de façon égale pour l’homme et pour la femme. Ils sont en relation réciproque. En deuxième lieu, le corps humain, marqué par le sceau de la masculinité ou de la féminité, est appelé à exister dans la communion et dans le don réciproque. C’est pourquoi le mariage est la première dimension fondamentale de cette relation. En troisième lieu, même bouleversées et obscurcies par le péché, ces dispositions originelles du créateur ne pourront jamais être annulées. L’anthropologie biblique suggère ainsi d’aborder selon une approche relationnelle et non concurrentielle les problèmes qui, au niveau public ou privé, impliquent la différence sexuelle.

Radio Vatican : Y a-t-il d’autres indications bibliques?

Mgr Amato : La lettre offre aussi des considérations théologiques sur la dimension « sponsale » du salut. Dans l’Ancien Testament, par exemple, on représente une histoire du salut qui met en jeu simultanément la participation du masculin et du féminin, par les métaphores d’époux-épouse, et d’alliance. Il s’agit d’un vocabulaire nuptial qui oriente le lecteur vers la figure masculine du Serviteur Souffrant, et vers la figure féminine de Sion (cf. n.9). Dans le Nouveau Testament, ces préfigurations trouvent leur accomplissement d’une part en Marie, fille de Sion élue, qui récapitule la condition d’Israël-Epouse dans l’attente du jour du salut, et de l’autre Jésus, qui récapitule dans sa personne l’amour de Dieu pour son peuple, comme l’amour d’un époux pour son épouse. Saint Paul développe ce sens nuptial de la rédemption en concevant la vie chrétienne comme un mystère nuptial entre le Christ et l’Eglise, son Epouse. Insérés dans ce mystère de grâce, les époux chrétiens, en dépit du péché et de ses conséquences, peuvent vivre leur union dans l’amour et dans la fidélité réciproque. La conséquence est que l’homme et la femme ne ressentent plus leur différence en termes de rivalité ou d’opposition, mais en termes d’harmonie et de collaboration.

Radio Vatican : Quel est l’apport du féminin à la vie de la société?

Mgr Amato : La femme, à la différence de l’homme, a son charisme propre, appelé « la capacité de l’autre » (n .13). Il s’agit d’une intuition, liée à sa faculté physique de donner la vie, qui l’oriente vers la croissance et la protection de l’autre. C’est « le génie de la femme » qui lui permet d’acquérir tôt maturité, sens de responsabilité, respect du concret, résistance dans l’adversité. Ce bagage de vertus pousse les femmes à être activement présentes dans la famille et dans la société avec la proposition de solutions innovatrices aux problèmes économiques et sociaux.

Radio Vatican : Comment la femme peut-elle concilier le travail et son rôle dans la famille ?

Mgr Amato : Il s’agit d’un problème important. La société devrait mettre adéquatement en valeur le travail de la femme dans la famille, et dans l’éducation des enfants, en en reconnaissant la valeur au niveau social et économique.

Radio Vatican : Comment se présente aujourd’hui l’apport de la femme à la vie de l’Eglise ?

Mgr Amato : Dans l’Eglise, le signe de la femme est plus que jamais central et fécond. Depuis ses débuts, l’Eglise s’est considérée comme une communauté liée au Christ par une relation d’amour. En cela, l’Eglise, Epouse du Christ, a toujours vu en Marie sa Mère et son modèle. D’elle, elle apprend certains comportements fondamentaux comme l’accueil dans la foi de la Parole de Dieu et la connaissance profonde de l’intimité avec Jésus et de son amour miséricordieux. La référence à Marie, avec ses dispositions à l’écoute, l’accueil, l’humilité, la fidélité, la louange et l’attente, situe l’Eglise dans la continuité de l’histoire spirituelle d’Israël. Ces attitudes sont communes à tous les baptisés. Mais de fait, c’est une caractéristique de la femme de les vivre avec une intensité et un naturel particulier. Aussi la femme a-t-elle dans l’Eglise un rôle de la plus grande importance, en devenant pour tous les chrétiens un témoin et un modèle de la façon dont l’Epouse doit répondre à l’amour de l’Epoux (n. 16). Et ainsi, elle contribue de façon unique, à manifester le visage de l’Eglise comme mère des croyants.

Radio Vatican : Un mot en conclusion?

Mgr Amato : Les mots de conclusion sont au nombre de deux : redécouverte et conversion. Redécouverte de la commune dignité de l’homme et de la femme, dans la reconnaissance réciproque et dans la collaboration.
Conversion de la part de l’homme et de la femme à leur identité originelle, d’ »image de Dieu », chacun selon la grâce qui lui est propre.

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ZENIT Staff

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