Accord de paix en Colombie, La Havane (Cuba) © Yenny Muñoa 23 06 2016 CubaMINREX

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Colombie : "ne pas avoir peur" du chemin de réconciliation

Mgr Ortega explique les attentes des Colombiens

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« Nous attendons du pape un appel à ne pas avoir peur d’entreprendre ce chemin » de réconciliation, déclare Mgr Oscar Urbina Ortega, archevêque métropolitain de Villavicencio et président de la conférence épiscopale de Colombie. C’est le chemin « que nous devons parcourir doucement et auquel il nous faut tous apporter – enfants, jeunes, adultes, et personnes âgées – notre expérience et notre disponibilité ».
Mgr Ortega parle à Radio Vatican des attentes du voyage du pape François en Colombie, qui a commencé le mercredi 6 septembre 2017. Cette visite du pape, dit-il, « signifie surtout une voix, une présence, un témoignage, un appel à cette nouvelle phase que nous entamons ensemble … vers la réconciliation ».
« Le chemin de la réconciliation n’est pas facile, estime le président de la conférence épiscopale de Colombie, il demande du temps, de la patience, de l’expérience, du courage. Il faut prendre son temps aussi dans le processus de réconciliation avec chacune des victimes, et cela n’est pas facile non plus. »
« L’engagement est grand, poursuit-il, c’est le plus grand, mais nous avons la force de l’Évangile qui nous aidera certainement. Nous devons tous nous engager, prêtres, évêques et laïcs. »
L’archevêque évoque une grande rencontre de prière pour la réconciliation nationale, prévue le vendredi 8 septembre. « À Villavicencio, dit-il, est prévu un moment de prière pour les victimes [des conflis, ndlr] et à cette occasion le pape, certainement, prononcera un discours très important: nous l’attendons comme tout le monde, pour qu’il nous encourage dans cette nouvelle voie d’accueil, pour les ex-combattants aussi, pour marcher avec eux. »
Mgr Ortega « pense que le pape aura des paroles d’invitation au dialogue ». « Il nous reste le dialogue et le pardon, explique-t-il, tant que nous serons incapables d’entrer en dialogue avec les autres, il sera difficile de penser à une réconciliation, tant en Colombie qu’au Venezuela et dans les autres pays. Et puis, le pardon ne s’impose pas, il faut qu’il naisse du cœur. »
Le président de la conférence des évêques colombiens explique aussi les thèmes qui ont été choisis pour les quatre étapes du voyage du pape François : la vie, à Bogota, la réconciliation, à Villavicencio, les vocations, à Medellín, et les droits humains, à Cartagena.
« Le premier, pour Bogotá, porte sur la vie et la famille, dit-il, car une guerre si longue a forcément blessé la vie. Il faut donc récupérer la valeur même de la vie pour chacun de nous et pour les autres. »
« Puis, poursuit Mgr Ortega,  il y aura chez nous, à Villavicencio, le thème de ce grand triangle, inséparable : quand nous acceptons d’être réconciliés par Dieu, nous devenons des personnes, des artisans de paix avec les autres et cela a des répercussions aussi sur la Création. Donc : réconciliation avec Dieu, avec les Colombiens, avec la Création. »
« La vocation » est « le troisième noyau de la rencontre, note le président, qui veut être un encouragement à approfondir les divers chemins d’évangélisation dont nous disposons. Le dernier est l’hôpital « de campagne » qui accompagne les personnes, comme l’a fait saint Pierre Claver à l’époque du colonialisme, quand il accompagnait la communauté plus fragile, celle des africains et de leurs descendants venus sur nos terres comme esclaves. »
Mgr Ortega explique également ce que représentent pour la Colombie les deux martyrs que le pape béatifiera le 8 septembre. Il s’agit de Mgr Jesús Emilio Jaramillo Monsalve (1916-1989), évêque d’Arauca, et du prêtre diocésain Maria Ramírez Ramos (1899-1948), tués en haine de la foi.
« Ces personnes nous sont très chères, affirme Mgr Ortega : le père Ramirez est une figure plus ancienne, les nouvelles générations ne l’ont pas connu parce qu’il est mort en 1948; l’évêque Jésus Jaramillo Monsalve est déjà plus proche de nous, les jeunes le connaissent plus, parce qu’il est mort en 1989. »
« Il est mort ici, poursuit le président, dans une ville pas loin, dans l’immense plaine de la Colombie; les paysans gardent un grand souvenir de lui, toutes les populations qui ont connu – et connaissent encore – les souffrances de la guerre… Ces signes nous encouragent à travailler et à donner notre vie pour ceux qui souffrent. »
Avec une traduction d’Océane Le Gall

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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