Le pape fait se rencontrer les présidents de colombiens © L'Osservatore Romano

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Colombie: deux présidents pour la paix reçus par le pape François

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Rencontre inédite au service du dialogue et de la fin du conflit

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Deux présidents colombiens, le président actuel, Prix Nobel pour l’accord de paix  avec les rebelles des FARC, du 26 septembre 2016, et l’ancien président, opposé à l’accord de paix, se sont entretenus ensemble avec le pape François, ce vendredi 16 décembre 2016 au Vatican. Du jamais vu.
Le président actuel, Juan Manuel Santos Calderon, reçu une première fois par le pape en juin 2015, en audience privée, n’avait pas hésité à saluer le rôle de l’Église dans le processus de réconciliation. Cette fois, il a été reçu officiellement et il s’est entretenu en tête à tête avec le pape argentin pendant une vingtaine de minutes.
Son prédécesseur, Alvaro Uribe Velez, opposé à l’accord de paix avec les FARC, signé à Cuba, a ensuite été également reçu personnellement par le pape François: « Le pape a parlé de la « culture de la rencontre » et il a relevé l’importance du dialogue sincère entre tous les acteurs de la société colombienne en ce moment historique »,  indique le Saint-Siège.
Mais la photo qui a frappé les esprits c’est celle des deux présidents côte à côte qui s’entretiennent ensuite ensemble avec le pape, dans sa bibliothèque du palais apostolique du Vatican, avant la présentation de la suite présidentielle, suivie du traditionnel échange de cadeaux.
Le Saint-Siège indique que Juan Manuel Santos a remercié le pape François pour son soutien au processus de paix colombien, en confiant : «Nous avons besoin de votre aide». En signe de sa gratitude pour le rôle du pape latino-américain dans la construction de la paix, il lui a offert une copie du stylo avec lequel il a signé l’accord de paix. Une balle y est enchâssée et on peut lire cette phrase qui y est gravée : «Les balles ont écrit notre passé, la paix notre avenir».
Le président Santos a ensuite été reçu par le cardinal Secrétaire d’Etat, Pietro Parolin, accompagné de Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les Etats.
Ces entretiens se sont déroulés dans un climat de « grande cordialité », indique le communiqué du Saint-Siège: les deux parties se sont félicitées des « bons rapports » existant avec le Saint-Siège qui souhaite une paix « stable et durable ».
Ils ont souligné l’importance de « la culture de la rencontre », de « l’unité » entre les forces politiques colombiennes et de l’engagement des FARC-EP ». Ils ont affirmé que « l’Eglise locale pourra continuer à offrir sa contribution en faveur de la réconciliation nationale et de l’éducation au pardon et à la concorde ». Ils ont aussi permis d’aborder « des thèmes liés à l’actualité réginale ».
Le Saint-Siège précise aussi qu’avec Alvaro Uribe, le pape a évoqué la « culture de la rencontre » et qu’il a souligné « l’importance du dialogue sincère entre tous les acteurs de la société colombienne ».
Radio Vatican voit dans cette visite inédite un tournant de l’histoire de la Colombie : « Voir les deux présidents assis derrière le bureau du Pape François est une image forte : l’avenir de la Colombie est encore à écrire, mais cette rencontre (…) en sera très probablementl’ un des chapitres importants. »
Les deux personnalités colombiennes ont rencontré la presse à l’issue des entretiens avec le pape François. Alvaro Uribe a expliqué que le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin lui avait téléphoné pour l’inviter à cette rencontre. Il s’est dit « très ému et très bouleversé » et plein de gratitude pour « le généreux accueil du pape ». Il a aussi confié qu’il fait partie des gens qui « veulent la paix » mais « qui ont des désaccords » avec le processus et il dit avoir exprimé ces « préoccupations » au pape François.
Le traité du 26 septembre 2016 a en effet été soumis à un référendum qui l’a rejeté. Le texte amendé a ensuite été approuvé par le Parlement. L’ancien président a reconnu que le « non » au référendum a été suivi de « dialogues ». Il a affirmé ne pas être contre « la paix », mais vouloir que les accords soient modifiés. Il a révélé avoir, en présence du pape François, demandé des « ouvertures » au président Santos. Aujourd’hui sénateur, l’ancien président Uribe a affirmé que dans le jeu démocratique « il n’y a pas de place pour les haines » et il a réaffirmé sa volonté de dialogue avec le gouvernement.
Pour sa part, le président Santos a souligné que le pape a soutenu le processus de paix dès le commencement et il l’a remercié pour « tous ses gestes ». Il a révélé que le pape a réitéré son appui à l’accord de paix, et à la mise en œuvre rapide de l’accord. Le président a expliqué au pape que l’une des raisons pour lesquelles le processus abrégé a été important devant le Congrès : « En étudiant les autres processus de paix dans le monde, nous avons appris qu’il est fondamental d’abréger le délai entre le moment de la signature des accords et le moment où l’on commence à les mettre en oeuvre ».
Il a déjà commencé, a-t-il dit, avec le feu vert de la Cour constitutionnelle. Au président Uribe il a confirmé qu’il est toujours disponible pour « continuer le dialogue » et « arriver à un accord sur comment faire pour le mettre en oeuvre ». La « division » et la « polarisation » ne conviennent à personne, a ajouté le président qui estime que la paix se construit « comme une cathédrale », « pierre par pierre », et que cela demande l’effort de nombreuses personnes, pendant longtemps.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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