Conférence de presse © Deborah C. Lubov / ZENIT

Conférence de presse © Deborah C. Lubov / ZENIT

Carême 2020: « L’expérience de la limite, de la sobriété, de la fraternité », par le p. Duffé (texte complet)

Print Friendly, PDF & Email

Et « une réflexion des jeunes pour une nouvelle économie »

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« L’expérience de la limite et de la sobriété, l’expérience du pain partagé et de la fraternité, nous font redécouvrir Dieu en l’autre et l’autre comme une partie de nous-mêmes », explique le p. Duffé, en présentant au Vatican le message de carême 2020 du pape François, ce 24 février 2020.

Le secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral ajoute ceci à destination des jeunes: « La convocation du Pape François à une réflexion des jeunes pour une nouvelle économie, à Assise, au cours de ce mois de Mars, puis, en Mai, à une recherche pour une éducation à la fraternité, traduit cette urgence de la conversion et cette actualité de l’expérience pascale. »

Voici le texte original en français de l’intervention du p. Duffé.

AB

Intervention du p. Bruno-Marie Duffé

Le temps du Carême est, pour les Chrétiens, dans leur vie personnelle et dans leur vie communautaire, le temps de la conversion : temps de l’épreuve et temps de la joie retrouvée, temps de la mort et temps d’une vie nouvelle, la résurrection.

Nous faisons mémoire de ce chemin qui est au cœur même de notre foi, depuis Abraham, le premier des croyants qui se met en route vers la Terre de la Promesse, préparée par Dieu, pour lui et pour ses descendants.

Nous faisons mémoire de la traversée du désert qu’a vécu le peuple de l’Alliance, guidé par Moïse, entre espoir et désespoir, entre révolte et confiance.

Nous faisons mémoire de toutes les expériences humaines qui font passer des personnes, de la souffrance à une nouvelle naissance : victimes d’un exil qui les conduit à franchir les mers et les frontières pour échapper à la mort…

Nous faisons mémoire de Jésus, le Christ, l’Envoyé, qui a vécu et assumé nos traversées humaines, depuis la naissance dans le dénuement de la crèche jusqu’au dénuement de la mort sur la croix… De la mort indigne jusqu’au relèvement, dans la lumière du matin de Pâques. Car, nous le croyons, Dieu a relevé son Fils de la mort. Et Il veut libérer tout homme, tout vivant, de ce qui l’enferme dans sa solitude, dans sa souffrance et dans sa mort. Car l’amour de Dieu ne veut pas la souffrance, la solitude, la tristesse et la mort de l’homme. Il veut qu’il se convertisse et tourne son regard vers un horizon de joie et d’accomplissement.

C’est là le cœur de notre foi : ce que nous nommons « le Kérygme » de notre Tradition : une conviction qui repose sur le mystère d’un « Amour sans mesure » : un Amour qui ne se résout jamais aux situations d’injustice et d’indignité, d’esclavage, sous ses formes anciennes ou actuelles, d’instrumentalisation qui réduit le vivant à l’état d’objet.. Le Dieu que Jésus annonce, dans le soin aux plus pauvres et aux souffrants est un Père qui veut offrir la vie à chaque être en chemin : « une vie en abondance » (Cf. Evangile selon St Jean)

Pendant ce temps de Carême 2020, notre Saint Père, le Pape François, appelle avec force chaque chrétien à tourner son regard vers le Christ crucifié et à le reconnaître, dans ses bras ouverts, comme un frère qui assume et libère l’humanité de toutes ses fautes, de toutes ses errances. Ce regard vers le crucifié est un appel à redécouvrir le Dieu de la miséricorde, de la patience, de la compassion et du pardon. Dieu qui accueille son enfant, comme le Père de l’enfant prodigue. Contempler le Christ sur la croix ne conduit pas au désespoir mais au bouleversement intérieur par lequel nous prenons conscience du désir de Dieu de venir chercher son enfant, jusque dans la mort. Car si nous passons par la croix, c’est pour renaître, comme le Christ, dans une expérience pascale : passage de la nuit et de la mort à la lumière et à une vie nouvelle.

Il y a « urgence à se convertir ». L’expression pourra surprendre, dans son caractère paradoxal. Certains diront : on est croyant ou pas : l’alternative est simple. Beaucoup pensent ainsi. On sait pourtant que chacun est appelé à faire la traversée, d’une manière que Dieu seul connaît. Et qu’il importe donc de ne jamais fermer le chemin.

La conversion est un chemin intérieur : le chemin de la prière. Expérience du « face à face » et du « cœur à cœur » qui nous conduit à la vérité et au pardon. Pardon demandé, reçu et partagé. Temps de grâce qui nous libère de toute illusion et nous fait passer, avec le Christ, du chemin de la mort à un chemin de vie et de joie partagée.

Car la conversion et l’expérience pascale ouvrent pour nous un temps nouveau : une époque nouvelle et un monde nouveau. Voilà pourquoi nous sommes appelés, pendant le temps du Carême, à la prière mais également au jeûne et au partage de l’aumône. Car l’expérience de la limite et de la sobriété, l’expérience du pain partagé et de la fraternité, nous font redécouvrir Dieu en l’autre et l’autre comme une partie de nous-mêmes.

La convocation du Pape François à une réflexion des jeunes pour une nouvelle économie, à Assise, au cours de ce mois de Mars, puis, en Mai, à une recherche pour une éducation à la fraternité, traduit cette urgence de la conversion et cette actualité de l’expérience pascale. Il s’agit de faire ensemble la traversée, en gardant les yeux tournés par le Christ et vers le Pardon du Père, inspirés par l’Esprit des Béatitudes et l’attitude de service à laquelle nous rappelle sans cesse Marie, Celle qui prie au pied de la croix et qui soutient tout homme en marche vers Jésus, le Vivant.

 

Share this Entry

Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel