Mgr Romero et le pape Paul VI @BOscarRomero

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Canonisation de Mgr Romero : le pape envisage de se rendre sur sa tombe au Salvador

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Une révélation du card. Rosa Chavez

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Le pape François, invité par les évêques salvadoriens, envisagerait de se rendre au Salvador, à l’occasion de son voyage en Amérique latine pour la JMJ de Panama en janvier 2019, révèle le cardinal Gregorio Rosa Chavez, archevêque de San Salvador.
Il a tenu une conférence de presse avec le cardinal Giovanni Angelo Becciu, ce jeudi 11 octobre 2018 au Vatican, à 17h, à l’occasion de la prochaine canonisation des bienheureux Paul VI et Oscar Arnulfo Romero, martyr. Ils ont été béatifiés par le pape François respectivement en 2014 et en 2015.
Les évêques du Salvador ont demandé au pape de venir chez eux à l’occasion de la JMJ de Panama et le pape a dit : « L’idée me plaît (…). Peut être avec une célébration… » Il y a quand même plus de 1100km à vol d’oiseau entre San Salvador (au sud du Guatemala) et Panama City (Etat d’Amérique centrale le plus au sud).

JMJ Panama 2019 Twitter @LaityFamilyLife

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Le cardinal Rosa Chavez a aussi répondu à une question non résolue : qui a tué Mgr Romero ? Il a d’abord évoqué l’organisateur de l’assassinat de l’archevêque de San Salvador, le 24 mars 1980, alors qu’il célébrait la messe, dans la chapelle de l’hôpital de la Divine-Providence. On lui reprochait de défendre les droits de l’homme et particulièrement des paysans de son diocèse.
Il cite ce témoignage de réconciliation des années après : « L’homme qui a dirigé l’opération, confie le cardinal Rosa Chavez, m’a appelé au téléphone pour me demander: ‘Je voudrais me réconcilier avec Romero’ (…) Il a décidé de tout raconter: on trouve le récit sur Internet: il est mort réconcilié avec Romero. »
Quant au tueur qui a tiré sur l’archevêque Romero, son nom est toujours inconnu. Il serait venu d’un centre d’entraînement de l’Argentine: une hypothèse retenue aujourd’hui comme vraisemblable.
Le nonce au Costa Rica a d’ailleurs été lui-même averti d’un attentat préparé contre Romero par une source en Argentine, continue le cardinal Rosa Chavez.
Il a alors appelé Romero au téléphone. Il faisait un temps de retraite. Il a noté l’appel dans son carnet. Il a offert sa vie à Dieu. Mais si le lien avec l’Argentine est confirmé, le nom de l’assassin reste encore inconnu, ajoute le cardinal salvadorien.
Une vidéo, présentée durant la conférence de presse, a fait entendre le témoignage de Mgr Romero qui raconte son « évolution »: « Mon idéal de prêtre c’est d’être toujours fidèle au service de l’Eglise et du peuple de Dieu ».
Après la mort du p. Rutilio Grande, jésuite du Salvador assassiné en mars 1977, en effet, il ne craignit plus de dénoncer désormais ouvertement la pauvreté, l’injustice sociale, les assassinats et les actes de torture.
P. Rutilio Grande, S.J. (Salvador) @ Facebook

P. Rutilio Grande, S.J. (Salvador) @Facebook

Il dira: « Quand je vis Rutilio, étendu mort, j’ai pensé que s’ils l’avaient tué pour ce qu’il avait réalisé, alors moi aussi j’avais à avancer sur le même chemin ».
Romero sait qu’il sera menacé: « Mon devoir c’est de me déplacer librement, si quelque chose m’arrive, je suis dans les mains de Dieu, je suis disposé à tout ».
A Rome il a d’abord été mal perçu par le pape Jean-Paul II, constate le cardinal Rosa Chavez, mais Jean-Paul II a revu son opinion et quand il est venu en visite au Salvador, il a voulu se rendre sur sa tombe, contre la volonté du gouvernement. Jean-Paul II a prié et constaté: « C’est un saint ».
Le cardinal salvadorien reconnaît que l’ambassadeur du Salvador près le Saint-Siège était alors opposé, avec son gouvernement, à Mgr Romero, et que quand un nouveau gouvernement est arrivé, et un nouvel ambassadeur, les choses ont changé. Romero pouvait être canonisé!
Un autre élément important a été le jugement du cardinal Joseph Ratzinger qui a reçu les textes des homélies de Romero et il a vu qu’il n’y avait « rien d’hétérodoxe ». En 2000, Jean-Paul II a reconnu: « C’est un martyr ». Il a été nommé parmi les martyrs du XXe s. dont il a été fait mémoire au Colisée en mai 2000, dans le cadre du Grand jubilé.
En 2007, le pape Benoît XVI s’est prononcé en faveur de la béatification de Mgr Romero comme martyr: il a reconnu en lui un « grand témoin de la foi ».
Pour le cardinal salvadorien, Mgr Romero est en somme le « Saint de quatre papes », de Paul VI au pape François.
Il confie que le cardinal Bergoglio disait: « Si j’étais pape je le canoniserais ». « Il va le faire dimanche ! », s’exclame le cardinal Rosa Chavez.
A propos du rapport avec Paul VI, il a cité le livre italien intitulé : « Paul VI et Romero » de Mgr Leonardo Sapienza (éditions « Vivere In »).
A Rome, comme c’est la coutume, la canonisation sera l’occasion d’un triduum de prière, avec une veillée, samedi soir, dimanche, la célébration Place Saint-Pierre et lundi, quelque 5 000 pèlerins se retrouveront dans la Salle Paul VI pour une audience du pape François.
Enfin, le cardinal Rosa Chavez voit dans Mgr Romero un saint patron des « communicateurs ».
Place Saint-Pierre @BOscarRomero

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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