Le pape rencontre les enfants malades de l'hôpital Bambino Gesù, capture CTV

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Bambino Gesù: le pape met en garde contre l'affairisme dans le monde de la santé

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Rencontre avec les soignants et les enfants malades de l’hôpital

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Le pape François a reçu le personnel, les volontaires et les patients de l’Hôpital pédiatrique « Bambino Gesù » de Rome – propriété du Saint-Siège – le 15 décembre 2016. Durant la rencontre, il a fustigé l’affairisme et « l’industrie des maladies ». Il a aussi évoqué la souffrance des enfants, un drame sans réponse, et a fait mémoire d’une religieuse infirmière qui lui sauva la vie.

Quelque 7000 personnes étaient rassemblées dans la Salle Paul VI du Vatican pour l’occasion. Quelque 150 enfants malades, accompagnés de leurs parents, étaient présents. Parmi eux, un groupe d’enfants étrangers provenant d’une vingtaine de pays dans le cadre d’un programme de coopération internationale.

Dans un discours improvisé, le pape a répondu aux questions de représentants de la structure hospitalière, notamment d’une infirmière, d’un étudiant en médecine et d’une ancienne patiente aujourd’hui étudiante en chirurgie.

Entouré de petits malades d’une vingtaine de pays, coiffés de casquettes blanches, le pape a mis en garde contre la « tentation » de transformer l’hôpital en « entreprise », de « faire des affaires ». « Et les médecins deviennent affairistes », a-t-il dénoncé. « En ce monde où l’on fait tant de business avec la santé, où l’on escroque tant de monde avec l’industrie des maladies, le Bambino Gesù doit savoir dire non ! ».

Au contraire, « celui qui travaille au Bambino Gesù a une marque de fabrique : être fatigué, en sueur, sale, … souhaiter envoyer quelqu’un promener », mais « sans corruption », qui est « le pire cancer dans les hôpitaux ». Et le pape d’insister en défendant de faire des affaires sur le dos des enfants.

Face à la souffrance, prière et silence

A une question sur la souffrance des enfants, le pape a déclaré : « Il n’y a pas de réponse à cela. Il faut seulement regarder le crucifix ». Jésus « n’a pas expliqué pourquoi on souffre » mais il a donné l’exemple « en supportant avec amour la souffrance ».

« Accompagner un enfant qui souffre est si difficile », a fait observer le pape: on peut seulement prodiguer « des caresses, de la proximité, pleurer avec lui ». Face à la souffrance, « on ne parle pas : on pleure et on prie en silence ».

Au fil de son discours qu’il a prononcé debout, le pape a invité à « redécouvrir chaque jour la valeur de la gratitude ». « Dire merci, simplement parce que nous sommes face à une personne, est un médicament contre le rhume de l’espérance, qui est une grave maladie contagieuse ».

Pour trouver l’espérance, « essence de la vie chrétienne » et remède pour « ne pas devenir aseptisé », le pape a recommandé la « proximité » avec les enfants.

Le pape François a également rendu hommage au « flair des infirmières » : « Les infirmières et infirmiers, par leur proximité avec le malade, ont une qualité spéciale pour accompagner et aussi pour soigner ». Proches des patients, « ils comprennent les souffrances qu’ils savent traiter et accompagner avec tendresse : (…) ce sont eux qui comprennent le mieux le parcours de la maladie ».

La religieuse qui a sauvé la vie au pape

Le pape a aussi fait mémoire d’une religieuse italienne qui lui sauva la vie durant sa pneumonie à Buenos Aires. Jorge Mario Bergoglio avait alors 21 ans et fut amené à l’hôpital avec une forte fièvre : « Le docteur a dit – je ne me souviens pas bien du chiffre – : un million de pénicilline et 500 000 de streptomycine (…) puis il est parti. Et la sœur a dit à l’autre infirmière : trois millions et un million, parce qu’elle sentait très bien la situation ».

« Jusqu’à ce qu’elle meure, j’ai rendu visite à la sœur infirmière qui m’a sauvé la vie, a poursuivi le pape. Toujours joyeuse, (…) elle était toujours heureuse ». Elle vivait « le bonheur de semer la vie, de faire grandir les enfants comme personne solides ». « C’est votre salaire, le treizième mois en plus ! », a ajouté le pape en se tournant vers le personnel soignant.

Citant une nouvelle fois l’écrivain français Joseph Malègue, le pape a recommandé de vivre « la classe moyenne de la sainteté » qu’il a définie comme « la sainteté des petites choses, du quotidien ». Ainsi, a-t-il dit aux soignants « la majorité de vos petits travaux ne voient pas de résultats ». Mais les résultats « se verront là-haut : (…) chaque geste est un grain qui germera, fleurira, donnera ses fruits ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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