Antonio Rosmini par Francesco Hayez (1791-1882) pinacothèque de Brera @ Domaine public

Antonio Rosmini par Francesco Hayez (1791-1882) pinacothèque de Brera @ Domaine public

Antonio Rosmini parle aux catéchistes, dans L'Osservatore Romano

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Pour «un engagement éducatif fort et cohérent» 

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Les écrits catéchétiques d’Antonio Rosmini (1797-1855) – prêtre italien, philosophe et fondateur de l’Institut de la Charité – ont été « longtemps considérés comme mineurs ». Cependant, aujourd’hui, les chercheurs et les enseignants « les lisent comme l’expression d’un engagement éducatif fort et cohérent ».
L’Osservatore Romano en italien du 21 février 2019 présente une édition de « Catechetica » de Rosmini publié par Città Nuova (Rome, 2018) et introduit par Eduino Menestrina, spécialiste du théologien.
Le p. Rosmini « veut des clercs spirituellement vivants », « il les veut aussi correctement instruits », lit-on dans l’article du quotidien du Vatican. « Il invite maîtres et prédicateurs à prendre leurs distances par rapport aux légendes fausses et grandiloquentes. »
Saint Augustin est « un modèle exemplaire » pour lui, mais le p. Rosmini n’ignore pas les autres maîtres : il admire saint Charles Borromée, qui « a en lui tout l’esprit de la Sainte Église », François de Sales, Alphonse de Liguori et Philippe Néri.
« Et surtout, il rappelle qu’il faut d’abord se prêcher à soi-même et se convertir : ‘Alors, nous commencerons à être des orateurs valables et qui portent du fruit pour les autres.’ »
Voici notre traduction de l’article de L’Osservatore Romano.
MD
Rosmini, éducateur
Par Francesco Pistoia
L’attention des experts se concentre depuis seulement quelques années sur les écrits que Rosmini consacre au savoir catéchétique, longtemps considérés comme mineurs. Spécialistes, chercheurs et enseignants, aujourd’hui, les lisent comme l’expression d’un engagement éducatif fort et cohérent. L’essai introductif d’Eduino Menestrina, spécialiste du théologien de la province de Rovereto, est un excellent guide à la lecture de « Catéchétique », que Città Nuova publie dans l’édition nationale et critique des œuvres du bienheureux (Rome, Città Nuova, 2018, 568 p.) : une révision attentive.
L’essai situe l’œuvre de Rosmini dans le climat culturel des premières décennies du dix-neuvième siècle et reconstruit avec une compétence philologique et avec passion le développement de la pensée catéchétique et pédagogique d’un authentique maître.
De la très haute conception que Rosmini a du sacerdoce découle son action pastorale et catéchétique, toujours soutenue par une profonde sensibilité pédagogique. Dans les « Discours sur les devoirs ecclésiastiques » il écrit que le prêtre, lorsqu’il offre le saint sacrifice, « s’offre en même temps sacrifié et mort avec le Christ ».
Et tout cela ne peut faire un prêtre « immortifié » : la mortification « est une vertu tout à fait inhérente au caractère sacerdotal » (huitième conférence). Rosmini veut des clercs spirituellement vivants. Il les veut aussi correctement instruits (que l’on pense à la seconde des « Cinq plaies »). Augustin écrit au diacre Diograzia qui lui demande conseil sur la manière de catéchiser les « gens rudes », les personnes incultes ; Rosmini traduit la Lettre et, dans sa dédicace à la première édition, il offre des suggestions précieuses, un bref profil historique de la catéchèse. Il s’arrête en particulier sur « ceux qui écoutent » et sur « ceux qui sont compétents ». Le discours d’Augustin, nourri de références bibliques, lui semble adapté en termes de méthode et de contenu « aussi à notre époque ». Il ajoute que la petite œuvre de l’évêque d’Hippone, « grande lumière » du monde, « fut la première de toutes, qui ait inscrit les règles de cet art divin, ce qui ajoute mérite et louange à son caractère original ». Elle inspire de nombreux catéchismes à l’époque moderne.
Augustin est donc un modèle exemplaire. Rosmini n’ignore pas les autres maîtres. Il admire saint Charles Borromée, qui « a en lui tout l’esprit de la Sainte Église ». Et l’on connaît son estime pour François de Sales, Alphonse de Liguori et Philippe Néri.
Menestrina, qui fouille les sources et la littérature critique (ses notes, ponctuelles et claires, enrichissent le discours), attire l’attention sur la méthode historico-augustinienne, sur le Catéchisme historique de Claude Fleury, sur Jacques Bénigne Bossuet et sur Johann Michael Sailer.
Il s’intéresse aussi au style et à la langue. Sur la suggestion de son ami Manzoni, le prêtre de Rovereto procède à une révision linguistique de son catéchisme. Il invite maîtres et prédicateurs à prendre leurs distances par rapport aux légendes fausses et grandiloquentes. Il indique Antonio Cesari comme un orateur « sage ». Il recommande un langage sobre. Et surtout, il rappelle qu’il faut d’abord se prêcher à soi-même et se convertir : « Alors, nous commencerons à être des orateurs valables et qui portent du fruit pour les autres ». Le catéchète s’identifie au catéchiste. On lit dans l’introduction le témoignage de saint Jean Bosco : « Quelquefois, il m’aidait à faire le catéchisme à mes jeunes et je m’émerveillais de voir comment ce grand homme savait s’abaisser pour se mettre à la portée de mes jeunes, avec une simplicité qui enchantait »
Il dit à Don Giovanni Stefani : il est certain que « le maître chrétien ne doit ni ne peut avoir d’autre exemple que celui qui a catéchisé toute la terre, Jésus-Christ, envoyé, comme il l’annonce lui-même, évangéliser les pauvres, c’est-à-dire instruire les pauvres de science, et consoler les pauvres des vrais biens par le don de ceux qui sont éternels ». Il « possédait vraiment les paroles de la vie éternelle (…) Il réchauffait le cœur par ses paroles, parlait avec ardeur et ce qu’il disait était esprit et vie ».
Les textes de « Catéchétique » racontent Rosmini. Ils racontent Rosmini qui aimait le Sauveur et son Église. Ils racontent Rosmini tout entier tendu vers le salut des âmes. Ils racontent son ardeur, son dévouement, sa pédagogie fondée sur le dialogue. Menestrina rappelle que le pape François fait référence, dans Veritatis gaudium, à un Rosmini qui, avec charité spirituelle et intellectuelle, tend vers une réforme radicale de l’éducation chrétienne. Rosmini veut des apôtres et des maîtres saints. L’éducation est la communication de la sainteté et de la joie. Et l’homme (la première question du catéchisme concerne l’homme : un tournant significatif sur le plan pédagogique) trouve sa joie dans la rencontre avec Dieu, comme il le souligne dans son explication du Notre Père.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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