Chemin néocatéchuménal © Vatican Media

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Chemin néocatéchuménal : pour la mission, il faut "partir", affirme le pape

Même s’il est plus facile de rester chez soi (Traduction intégrale)

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« La mission demande de partir », a affirmé le pape François depuis Tor Vergata, à Rome, où il a rencontré des milliers de membres du Chemin néocatéchuménal, pour le 50e anniversaire de la présence de ce mouvement dans la Ville éternelle, ce 5 mai 2018. S’il est « plus facile de rester chez soi », il a invité à « être toujours en sortie, pèlerins dans le monde à la recherche du frère qui ne connaît pas encore la joie de l’amour de Dieu ».
Le pape a aussi invité à partir « léger » : « Pour annoncer il faut renoncer. Seule une Eglise qui renonce au monde annonce bien le Seigneur. Seule une Eglise libérée du pouvoir et de l’argent, libérée des triomphalismes et des cléricalismes, témoigne de façon crédible que le Christ libère l’homme. Et celui qui, pour son amour, apprend à renoncer aux choses qui passent, embrasse ce grand trésor : la liberté. Il ne reste plus bridé par ses attachements, qui réclament toujours quelque chose de plus mais ne donnent jamais la paix, et il sent que son cœur se dilate, sans inquiétudes, disponible pour Dieu et pour les frères. »
La mission se conjugue au pluriel, a encore souligné le pape : « Le Seigneur ne dit pas : “vas-y, puis toi, puis toi…”, mais “allez”, ensemble ! Etre pleinement missionnaire ce n’est pas y aller seul, mais cheminer ensemble. » Et d’encourager : « Apportez cette atmosphère familiale dans de nombreux lieux désolés et privés d’affection. Faites-vous reconnaître comme les amis de Jésus. Appelez tout le monde ami et soyez amis de tous… soyez passionnés d’humanité, collaborateurs de la joie de tous… Aimez les cultures et les traditions des peuples, sans appliquer de modèles préétablis. Ne partez pas des théories et des schémas, mais des situations concrètes. »
Au cours de la célébration, le pape a béni des croix qu’il a remises aux prêtres responsables des 34 nouvelles « missio ad gentes » envoyées dans le monde. Il a aussi envoyé en mission des paroisses de Rome. Le Chemin néocatéchuménal a été fondé par Kiko Argüello et Carmen Hernández, aujourd’hui décédée.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour !
Je suis heureux de vous rencontrer et de dire avec vous : merci ! Merci à Dieu, et aussi à vous, surtout à ceux qui ont fait un long voyage pour être ici. Merci pour le “oui” que vous avez dit, merci d’avoir accueilli l’appel du Seigneur à vivre l’Evangile et à évangéliser. Et un grand merci va également à ceux qui ont commencé ce Chemin néocatéchuménal il y a cinquante ans.
Cinquante est un chiffre important dans l’Ecriture : au cinquantième jour, l’Esprit du Ressuscité descendit sur les Apôtres et manifesta au monde l’Eglise. Avant cela encore, Dieu avait béni la cinquantième année : « Cette cinquantième année sera pour vous une année jubilaire » (Lv 25,11). Une année sainte, durant laquelle le peuple élu toucherait du doigt de nouvelles réalités, comme la libération et le retour des opprimés chez eux : « Vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays – avait dit le Seigneur –. […] Chacun de vous réintégrera sa propriété, chacun de vous retournera dans son clan » (v. 10). Voilà, il serait beau après cinquante ans du Chemin que chacun de vous dise : “Merci, Seigneur, parce que tu m’as vraiment libéré ; parce que dans l’Eglise j’ai trouvé ma famille ; parce que dans ton baptême, les vieilles choses sont passées et je goûte une vie nouvelle (cf. 2 Cor 5,17); parce qu’à travers le Chemin tu m’as indiqué le sentier pour découvrir ton tendre amour de Père.”
Chers frères et sœurs, à la fin vous chanterez le “Te Deum d’action de grâce pour l’amour et la fidélité de Dieu”. C’est très beau : remercier Dieu pour son amour et pour sa fidélité. Souvent nous le remercions pour ses dons, pour ce qu’il nous donne, et il est bon de le faire. Mais c’est encore mieux de le remercier pour ce qu’il est, parce qu’il est le Dieu fidèle dans l’amour. Sa bonté ne dépend pas de nous. Quoi que nous fassions, Dieu continue à nous aimer fidèlement. C’est la source de notre confiance, la grande consolation de la vie. Alors courage, ne vous contristez jamais ! Et quand les nuages des problèmes semblent s’épaissir lourdement sur vos journées, rappelez-vous que l’amour fidèle de Dieu resplendit toujours, comme un soleil qui ne se couche pas. Faites mémoire de son bien, plus fort que tout mal, et le doux souvenir de l’amour de Dieu vous aidera dans toute angoisse.
Il manque encore un merci important : à tous ceux qui vont partir en mission. Je veux vous dire quelque chose du cœur sur la mission, sur l’évangélisation, qui est la priorité de l’Eglise aujourd’hui. Car la mission c’est donner une voix à l’amour fidèle de Dieu, c’est annoncer que le Seigneur nous aime et qu’il ne se lassera jamais de moi, de toi, de nous et de ce monde, duquel nous nous lassons peut-être. La mission c’est donner ce que nous avons reçu. La mission c’est d’accomplir le mandat de Jésus que nous avons écouté et sur lequel je voudrais m’arrêter avec vous : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples. » (Mt 28,19)
Allez. La mission demande de partir. Mais dans la vie, la tentation de rester, de ne pas prendre de risques, de se contenter d’avoir la situation sous contrôle, est forte. Il est plus facile de rester chez soi, entourés de ceux qui nous aiment, mais ce n’est pas le chemin de Jésus. Il envoie : “Allez”. Il n’utilise pas de demi-mesure. Il n’utilise pas des déplacements à prix réduit ou des voyages remboursés, mais il dit un seul mot à ses disciples, à tous ses disciples : “Allez !”. Allez : un appel fort qui résonne dans toute anfractuosité de la vie chrétienne ; une invitation claire à être toujours en sortie, pèlerins dans le monde à la recherche du frère qui ne connaît pas encore la joie de l’amour de Dieu.
Mais comment faire pour aller ? Il faut être agiles, on ne peut pas emporter tous ses bibelots. La Bible l’enseigne : quand Dieu libéra son peuple, il le fit aller dans le désert avec pour seul bagage la confiance en Lui. Et fait homme, Il marche lui-même dans la pauvreté, sans avoir où reposer la tête (cf. Lc 9,58). Il demande le même style aux siens. Pour aller, il faut être léger. Pour annoncer, il faut renoncer. Seule une Eglise qui renonce au monde annonce bien le Seigneur. Seule une Eglise libérée du pouvoir et de l’argent, libérée des triomphalismes et des cléricalismes, témoigne de façon crédible que le Christ libère l’homme. Et celui qui, pour son amour, apprend à renoncer aux choses qui passent, embrasse ce grand trésor : la liberté. Il ne reste plus bridé par ses attachements, qui réclament toujours quelque chose de plus mais ne donnent jamais la paix, et il sent que son cœur se dilate, sans inquiétudes, disponible pour Dieu et pour les frères.
“Allez” est le verbe de la mission et cela nous dit encore une chose : qu’elle se conjugue au pluriel. Le Seigneur ne dit pas : “vas-y, puis toi, puis toi…”, mais “allez”, ensemble ! Etre pleinement missionnaire ce n’est pas y aller seul, mais c’est cheminer ensemble. Cheminer ensemble est un art à apprendre toujours, chaque jour. Il faut rester attentifs, par exemple, à ne pas imposer son rythme aux autres. Il faut plutôt accompagner et attendre, en se rappelant que le chemin de l’autre n’est pas identique au mien. Comme dans la vie aucune allure n’est exactement égale à une autre, dans la foi et dans la mission aussi : on avance ensemble, sans s’isoler et sans imposer son sens de la marche ; on avance unis, comme Eglise, avec les Pasteurs, avec tous les frères, sans fuite en avant et sans se lamenter de celui qui a un pas plus lent. Nous sommes des pèlerins qui, accompagnés par des frères, accompagnent d’autres frères, et c’est bien de le faire personnellement, avec soin et respect pour le chemin de chacun et sans forcer la croissance de personne, car la réponse à Dieu mature seulement dans la liberté authentique et sincère.
Jésus ressuscité dit : « Faites des disciples ». Voilà la mission. Il ne dit pas : conquérez, occupez, mais “faites des disciples”, c’est-à-dire partagez avec les autres le don que vous avez reçu, la rencontre d’amour qui vous a changé la vie. C’est le cœur de la mission : témoigner que Dieu nous aime et qu’avec Lui l’amour vrai est possible, celui qui conduit à donner sa vie là où l’on est, en famille, au travail, comme consacrés et comme époux. La mission c’est redevenir disciples avec les nouveaux disciples de Jésus. C’est se redécouvrir partie prenante d’une Eglise qui est disciple. Certes, l’Eglise est maîtresse, mais elle ne peut pas être maîtresse si avant elle n’est pas disciple, de même qu’elle ne peut pas être mère si avant elle n’est pas fille. Voici notre Mère : une Eglise humble, fille du Père et disciple du maître, heureuse d’être sœur de l’humanité. Et cette dynamique du disciple – le disciple qui fait des disciples – est totalement différente de la dynamique du prosélytisme.
Ici réside la force de l’annonce, pour que le monde croie. Ce qui compte, ce ne sont pas les arguments qui convainquent, mais la vie qui attire ; non pas la capacité de s’imposer, mais le courage de servir. Et vous avez dans votre “ADN” cette vocation à annoncer en vivant en famille, à l’exemple de la sainte Famille : dans l’humilité, la simplicité et la louange. Apportez cette atmosphère familiale dans de nombreux lieux désolés et privés d’affection. Faites-vous reconnaître comme les amis de Jésus. Appelez tout le monde ami et soyez amis de tous.
« Allez ! De toutes les nations faites des disciples ». Et quand Jésus dit « toutes » il veut souligner que dans son cœur il y a de la place pour tous les peuples. Personne n’est exclu. Comme les enfants d’un père et d’une mère : même s’ils sont nombreux, grands et petits, chacun est aimé de tout cœur. Car l’amour, en se donnant, ne diminue pas, il augmente. Et il est toujours plein d’espérance. Comme les parents, qui ne voient pas d’abord tous les défauts et les manques des enfants, mais les enfants eux-mêmes, et dans cette lumière ils accueillent leurs problèmes et leurs difficultés, comme le font les missionnaires avec les peuples aimés par Dieu. Ils ne mettent pas en première ligne les aspects négatifs et les choses à changer, mais ils “voient avec le cœur”, avec un regard qui apprécie, une approche qui respecte, une confiance qui patiente. Allez ainsi en mission, en pensant à “jouer en famille”. Parce que le Seigneur est de la maison de chaque peuple et son Esprit a déjà semé avant votre arrivée. Et en pensant à notre Père, qui aime tant le monde (cf. Jn 3,16), soyez passionnés d’humanité, collaborateurs de la joie de tous (cf. 2 Cor 1,24), influents parce que proches, à l’écoute parce que proches. Aimez les cultures et les traditions des peuples, sans appliquer de modèles préétablis. Ne partez pas des théories et des schémas, mais des situations concrètes : ce sera ainsi l’Esprit qui façonnera l’annonce selon ses temps et ses modes. Et l’Eglise grandira à son image : unie dans la diversité des peuples, des dons et des charismes.
Chers frères et sœurs, votre charisme est un grand don de Dieu pour l’Eglise de notre temps. Remercions le Seigneur pour ces cinquante années : un applaudissement aux cinquante ans ! Et en regardant sa fidélité paternelle, fraternelle, et aimante, ne perdez jamais confiance : Il vous protègera, vous poussera en même temps à avancer, comme disciples aimés, vers tous les peuples, avec une humble simplicité. Je vous accompagne et je vous encourage : allez de l’avant ! Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi, que je reste ici !
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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