Le pape a en effet reçu jeudi matin au Vatican un premier groupe d’évêques colombiens des provinces ecclésiastiques de Bogota, Bucaramanga, Ibague, Nueva Pamplona, Tunja et Villavicencio, au terme de leur visite quinquennale ad limina.
Jean-Paul II a encouragé les évêques colombiens à ne pas perdre l’espérance face « à la situation difficile dans laquelle se trouve la Colombie ».
Le pays, soulignait le pape est en effet marqué par des « attentats à la vie, à la liberté et à la dignité des personnes ».
Le pape mentionnait en particulier les enlèvements, toujours plus nombreux, manifestation de « la bassesse humaine » atteinte lorsque « des intérêts occultes font perdre toute perspective morale », et que « les droits fondamentaux des personnes » ne sont ni reconnus ni respectés.
En Colombie, beaucoup de ces maux, déplorait le pape, « viennent du trafic de drogue, largement ramifié, un phénomène qui a depuis longtemps causé au pays et à la vie sociale des dommages considérables ».
« Je partage votre souffrance », confiait le pape, « j’apprécie tous les efforts déployés contre la violence, pour éliminer ses causes et atténuer ses effets, pour secourir les victimes, pour encourager ceux qui entendent abandonner la voie des armes à prendre le chemin pacifique du dialogue ».
Quant au rôle des évêques, le pape leur recommande de « proclamer la justice, la vérité, la fidélité et l’amour du prochain », comme partie intégrante de l’annonce de l’Evangile.
Une annonce, précisait le pape, « qui doit être en accord avec la doctrine morale de l’Eglise », et qui ne portera du fruit que jointe à « l’exemple personnel », à « une présence constante » et « un élan infatigable ».
Jean-Paul II soulignait les atouts de l’Eglise de Colombie en vue de cette évangélisation, en particulier « le nombre croissant de vocations sacerdotales et religieuses, une vaste présence d’instituts religieux et de nombreux centres d’étude et de formation », autant de témoins de « la profondeur d’enracinement de la foi chrétienne dans ce pays » et de « son dynamisme apostolique ».
Pour ce qui est de la dégradation de la morale, le pape déplorait aussi qu’elle « touche de multiples secteurs, de la vie personnelle à la vie familiale ou sociale » : un « grave danger pour l’authenticité même de la Foi ».
Jean-Paul II diagnostiquait l’effet des « idéologies » qui ne reconnaissent pas à l’homme « la capacité de connaître clairement le bien, et de le mettre en pratique ».
Le pape recommandait une « pastorale » qui prenne « Jésus pour modèle », l’accomplissement des devoirs, pour pouvoir annoncer de façon crédible « la véritable dignité de la personne ».
C’est là, disait Jean-Paul II, la source de la « paix intérieure » mais aussi de la paix « sociale », notamment dans les « institutions », du moment qu’elles sont « fondées sur l’esprit de service et le bien commun, régies par les principes d’égalité et de justice, d’honnêteté et de vérité ».
Enfin, le pape recommandait de donner la « priorité » à « une formation chrétienne organisée et adaptée à la culture contemporaine et à chaque milieu », spécialement « dans des contextes sociaux défavorables au développement de la Foi, là où manquent les structures de diffusion que sont la famille ou l’école, et même une communauté chrétienne ».