CITE DU VATICAN, Mardi 13 juillet 2004 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral du message, en date du 5 juillet, du cardinal Crescenzio Sepe, préfet de la congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, à l’occasion du congrès International de Missiologie « Tertio Millenio», sur le thème « l’avenir de l’activité missionnaire de l’Eglise Ad Gentes. Perspectives pour le XXIe Siècle », qui se tient à Kinshasa, du 11 au 17 juillet 2004.
Le congrès marque le 40e anniversaire du Décret conciliaire « Ad gentes » et le 10e anniversaire du synode des évêques pour l’Afrique sui s’est tenu à Rome en 1994.
Eminence Monsieur le Cardinal,
Excellences Messeigneurs les Evêques et les Archevêques,
Honorables Professeurs,
Distingués Invités,
Auguste Assemblée,
Au moment où s’ouvrent les travaux du Congrès International de Missiologie « Tertio Millenio », sur le thème « l’avenir de l’activité missionnaire de l’Eglise Ad Gentes. Perspectives pour le XXIe Siècle », n’ayant pas été possible de venir personnellement y participer à cause de nombreux et contraignants engagements, je vous envoie ce message pour vous manifester l’affection particulière et l’attention soutenue de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, expression de notre sollicitude pour l’Eglise et sa mission évangélisatrice, particulièrement en Afrique. Je voudrais, au nom de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, saluer cordialement tous les participants à ces travaux et adresser mes sincères félicitations aux organisateurs de ces assises que je souhaite, d’ores et déjà, fructueuses. Je garde encore très vif dans la mémoire l’heureux souvenir de ma visite pastorale de juillet de l’année dernière dans ce beau et grand pays et je me revois avec émerveillement dans les Facultés Catholiques, cadre qui abrite ce Congrès.
L’actualité et la pertinence du thème auquel s’applique le présent Congrès préjugent clairement de son importance et traduisent nettement la responsabilité qui incombe à l’Eglise pour vivre sa vocation selon sa nature propre. Car la mission, inhérente à l’Eglise dans sa nature et sa vocation, demeure en ce début du Troisième Millénaire la préoccupation majeure de l’Eglise universelle. Aujourd’hui, en effet, c’est en termes de renforcement de foi et du témoignage chrétien à rendre que se pose concrètement la question de la missionariété.
S’inscrivant donc dans cette vision que le Saint-Père donne de la Mission de l’Eglise pour le XXIe Siècle et le troisième Millénaire de la Proclamation de l’Evangile, le Congrès Tertio Millenio constitue pour l’Eglise en général, et celle d’Afrique en particulier, un moment de reprise rationnelle de sa doctrine missionnaire. Car, comme le souligne le Pape Jean-Paul II, « il est donc temps maintenant que chaque Eglise, en réfléchissant sur ce que l’Esprit a dit au peuple de Dieu durant l’année jubilaire se livre à un examen de sa ferveur et trouve un nouvel élan pour son engagement spirituel et pastoral » (NMI, 3).
De cette manière, les présents travaux, en plus de faire le point sur les conditions de la Mission de l’Eglise aujourd’hui, doivent faire émerger des propositions concrètes en vue d’un renouvellement des forces et des efforts de l’activité missionnaire. Il s’agit donc d’inventer, de créer, non pas « un nouveau programme », car le programme existe déjà, celui de toujours, tiré de l’Evangile, de la Tradition vivante de l’Eglise, mais d’inventer et de créer, en dialogue avec le temps et la culture d’aujourd’hui, de nouveaux modes, de nouvelles méthodes pour l’Eglise d’être missionnaire. Donner à l’Eglise un nouvel élan missionnaire, tel est le pari de ces assises scientifiques.
Dans cette perspective, pour le renforcement de l’activité missionnaire, la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples a déjà tracé pour sa part quelques lignes d’orientation générale que je voudrais bien soumettre à votre attention, comme je l’ai déjà fait à différentes autres occasions.
Le nouvel élan pour l’Eglise d’assumer sa mission, la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples croit le trouver dans la formation, laquelle constitue son plan d’action au lendemain du Grand Jubilé. Car, il ne suffit plus aujourd’hui d’avoir seulement de simples agents d’évangélisation ou des témoins quelconques de foi, mais il faut avoir des agents d’évangélisation de qualité et des témoins authentiques de foi, véritables pierre vivantes sur lesquelles peut se construire l’Eglise. Et ces témoins sont autant les Evêques, le Prêtres, les Religieux et Religieuses, que les Laïcs. Ceux-ci doivent toujours se former et être formés, c’est-à-dire revêtir la Forma Christi. D’où la nécessité et l’urgence de la formation.
Cette dernière, comme le souligne le Saint-Père, est essentiellement « centrée sur le Christ lui-même qu’il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l’histoire jusqu’à son achèvement dans la Jérusalem céleste » (NMI, 29). Tel est le sens de l’invitation que le Pape Jean-Paul II lance aux chrétiens à repartir du Christ et à prendre le large, à aller en profondeur. Pour être authentiques, c’est-à-dire devenir plus mûrs dans la foi, les chrétiens doivent s’enraciner dans le Christ.
Action de l’Eglise, la mission évangélisatrice est une responsabilité commune. En tant que telle, elle présuppose et exige une solidarité pastorale, elle-même fruit d’une communion fraternelle et ecclésiale. Cette communion est nécessaire et indispensable entre les évêques, mais aussi entre les évêques et leurs prêtres, tout comme entre les prêtres eux-mêmes, et avec les fidèles laïcs. De plus, le processus de mondialisation fait sentir davantage l’importance de faire route ensemble en regardant dans la même direction.
Les défis et les enjeux de l’évangélisation rendent de plus en plus indispensable l’existence des structures de liaison et de coordination, lesquelles peuvent observer, analyser et étudier les différents problèmes et questions qui affectent l’Eglise afin d’en proposer des
solutions et des réponses concertées et appropriées.
Comme on le voit, la solidarité pastorale organique exige la collaboration et la communion entre différentes églises locales. D’où la possibilité de dialogue et de partage entre les différentes Conférences Episcopales tant nationales, régionales que continentales pour une harmonisation des choix de stratégies, des plans coordonnés.
Cependant cette approche ecclésiale globale, qui témoigne de la catholicité de l’Eglise, ne peut pas faire perdre de vue les particularités de chaque église locale. L’Eglise d’Afrique, par exemple, qui abrite ce Congrès International a ses problèmes propres qui appellent des solutions adéquates et appropriées d’après le contexte africain.
Aussi, se tenant au lendemain de la célébration du dixième anniversaire de la clôture de l’Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, convoquée pour permettre à l’Eglise en Afrique d’assumer sa mission évangélisatrice d’une manière aussi efficace que possible (EIA, 141), le présent Congrès se doit d’évaluer avec particulière attention la situation de cette mission. Cette évaluation, au-delà du fait d’être un bilan, doit surtout être une ouverture des perspectives d’engagement à exécuter très fidèlement les décisions et les orientations du Synode.
En plus des exigences de formation et de communion ecclésiale, l’Eglise en Afrique doit vaincre certains défis, dont celui des sectes, de l’extrémisme musulman, du moins dans certains pays, et du sous-développement économique. Pour une mission évangélisatrice en profondeur, il importe que l’Eglise d’Afrique résolve l’épineux problème des moyens financiers et applique une pastorale incisive.
En formulant les vœux de gr
ands succès aux travaux du Congrès International de Missiologie « Tertio Millenio », je confie chacun de vous et les présentes assises à la maternelle intercession et protection de la Vierge Marie, Reine de la Mission.
Rome, le 3 juillet 2004