Le pape embarque à bord d'un avion d'Alitalia © L'Osservatore Romano

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A ceux qui crient: «Vive le pape!», le pape demande de crier: «Vive Jésus!»

Des souvenirs du pape François recueillis par A. Tornielli (4)

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« A ceux qui crient : « Vive le pape ! », j’ai demandé de crier plutôt : « Vive Jésus ! » », rappelle le pape François .
« En voyage » (« In viaggio« ) c’est le titre d’un livre du journaliste italien Andrea Tornielli, publié chez Piemme, et qui sera présenté à Rome le 26 janvier prochain. Il contient une interview du pape François, notamment, sur ses rencontres avec les foules et sa prière pour elles à son retour.
 
Le pape évoque ses rencontres avec les foules enthousiastes: « Le premier sentiment est celui de qui sait qu’il y a les « Hosanna ! » mais, comme nous le lisons dans l’Évangile, les « Crucifie-le ! » peuvent aussi arriver. Je tire un second sentiment d’un épisode que j’ai lu quelque part. Il s’agit d’une phrase dite par celui qui était alors le cardinal Albino Luciani, à propos des applaudissements qu’un groupe de servants de messe lui avait adressés en l’accueillant. Il dit plus ou moins ceci : « Mais vous pouvez imaginer que le petit âne sur lequel était assis Jésus au moment de son entrée triomphale à Jérusalem pouvait penser que ces applaudissements étaient pour lui ? » Voilà, le pape doit avoir conscience du fait qu’il « porte » Jésus, il témoigne de Jésus et de sa proximité et de sa tendresse à toutes les créatures, d’une manière spéciale à celles qui souffrent. C’est pourquoi parfois, à ceux qui crient : « Vive le pape ! », j’ai demandé de crier plutôt : « Vive Jésus ! ». »
Il rappelle que c’est aussi la paternité spirituelle qui est en jeu dans les voyages des papes: « Il y a aussi de très belles expressions sur la paternité dans un des dialogues du bienheureux Paul VI avec Jean Guitton. Le pape Montini confiait au philosophe français : « Je crois que de toutes les dignités d’un pape, la plus enviable est la paternité. La paternité est un sentiment qui envahit l’esprit et le cœur, qui nous accompagne à toute heure du jour, qui ne peut diminuer, mais qui grandit, parce que le nombre de ses enfants grandit. C’est un sentiment qui ne fatigue pas, ne lasse pas, qui repose de toute fatigue. Jamais, pas même un instant, je ne me suis senti fatigué quand j’ai levé la main pour bénir. Non, je ne me lasserai jamais de bénir ou de pardonner ». Paul VI disait cela juste après son retour d’Inde. Je crois que ce sont des paroles qui expliquent pourquoi les papes de l’époque contemporaine ont décidé de voyager. »
Dans ses souvenisr les plus vifs, les jeunes de Rio, le Sri lanka…: « L’enthousiasme des jeunes à Rio de Janeiro, qui me tiraient de partout dans la papamobile. Et puis, toujours à Rio, cet enfant qui, parvenant à se faufiler, a monté les marches en courant et m’a embrassé. Je me souviens des gens accourus au sanctuaire de Madhu, dans le nord du Sri Lanka où j’ai trouvé pour m’accueillir, outre les chrétiens, les musulmans et les hindous aussi, un lieu où les pèlerins arrivent comme membres d’une unique famille. »
Il évoque aussi les Philippines, la présence de personnes handicapées, et les survivants du typhon: « J’ai encore devant les yeux le geste de ces papas qui tendaient leurs enfants pour que je les bénisse et il me semblait qu’ils voulaient dire : c’est mon trésor, mon avenir, mon amour, pour lui cela vaut la peine de travailler et de faire des sacrifices. Et il y avait aussi beaucoup d’enfants handicapés et leurs parents ne cachaient pas leur enfant mais ils le portaient pour que je le bénisse, affirmant par leurs gestes : c’est mon enfant, il est comme cela, mais c’est mon fils. Des gestes qui venaient du cœur. Je me souviens encore des nombreuses personnes qui m’ont accueilli à Tacloban, toujours au Philippines. Il pleuvait beaucoup ce jour-là. Je devais célébrer la messe pour rappeler les milliers de morts causés par le typhon Hayan et il s’en est fallu de peu que le mauvais temps ne fasse sauter ce voyage. Mais je ne pouvais pas ne pas y aller : j’avais été tellement frappé par les nouvelles de ce typhon qui avait dévasté cette zone en novembre 2013. Il pleuvait et je portais un imperméable jaune sur mes vêtements pour la messe que nous avons célébrée là, comme on pouvait, sur une petite estrade ballottée par le vent. Après la messe, un cérémoniaire m’a confié qu’il avait été touché et même édifié parce que, malgré la pluie, les célébrants n’avaient jamais perdu le sourire. Il y avait aussi le sourire sur les visages des jeunes, des papas et des mamans. Une vraie joie, malgré les douleurs et la souffrance de ceux qui avaient perdu leur maison et parfois des proches. »
Et au retour des voyages? « Je les porte dans mon cœur, je prie pour elles, je prie pour les situations douloureuses et difficiles avec lesquelles j’ai été en contact. Je prie pour que soient réduites les inégalités que j’ai vues. »

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Constance Roques

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