Le pape et l'enfant, audience générale du 27 avril 2016 - OR

Les chrétiens sont envoyés dans la société pour y apporter la miséricorde

Message du pape François au Jubilé du continent américain

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Les chrétiens sont envoyés dans la société pour y traiter l’humanité avec miséricorde, a affirmé le pape François dans un message vidéo à l’occasion du Jubilé du continent américain qui s’est ouvert à Bogotá (Colombie) le 27 août 2016. Il a appelé toutes les structures ecclésiales à être des lieux d’apprentissage de la miséricorde.
L’évènement, promu par le Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) et la Commission pontificale pour l’Amérique Latina (CAL), voit la présence d’évêques, prêtres, religieux et laïcs de 22 pays d’Amérique latine et des Caraïbes, ainsi que du Canada et des Etats-Unis.
« Nous vivons dans une société qui blesse ; qui saigne, et le prix de ses blessures est généralement payé par les plus vulnérables », s’est attristé le pape argentin dans ce long message en espagnol. Et de fustiger une culture « divisée », une culture « du rebut » qui laisse de côté « les personnes âgées, les enfants, les minorités ethniques », une culture qui « promeut le confort de quelques-uns et empire les souffrances de beaucoup d’autres », une culture « qui a gaspillé la sagesse des peuples indigènes et s’est montrée incapable de prend soin des richesses de leurs terres ».
Mais c’est « vers cette culture que le Seigneur nous envoie », a assuré le pape, « avec un seul programme : se traiter les uns les autres avec miséricorde ». D’où la nécessité pour l’Eglise d’« apprendre à faire miséricorde ». « Tout traitement qui manque de miséricorde, aussi juste semble-t-il, a mis en garde le pape François, finit par devenir de la maltraitance ».
Le pape a alors souligné que l’apprentissage de la miséricorde concernait « nos catéchèses, nos séminaires (…), nos structures paroissiales et nos plans pastoraux, (…) notre activité missionnaire, nos plans pastoraux, nos rencontres de clergé et même notre façon de faire de la théologie ».
« En théorie nous sommes ‘missionnaires de la miséricorde’ mais souvent nous arrivons mieux à ‘maltraiter’ qu’à bien traiter », a encore constaté le pape. Exhortant les pasteurs à « traiter et non maltraiter », il a encouragé tous les baptisés à demander « au quotidien » la « grâce » d’apprendre à faire miséricorde.
S’incarner dans la vie des personnes
Au fil du message, le pape a médité sur la première lettre de saint Paul à Timothée (1, 12-16) où l’apôtre se décrit comme pécheur pardonné : « il m’a été fait miséricorde ». Il a invité les participants à faire mémoire de la façon dont « le Seigneur a toujours été proche de nous et nous a fait miséricorde » malgré « tous nos péchés, nos limitations ».
La miséricorde n’est pas une « théorie » qui serait « à la mode » durant le Jubilé et que l’on brandit pour être « applaudi », a averti le pape François. « Loin d’être une idée, (…) encore moins une idéologie, a-t-il ajouté, la miséricorde est une façon concrète de ‘toucher’ la faiblesse, de former des liens avec les autres, de se rapprocher d’eux. (…) C’est une façon d’agir (…) afin que d’autres (…) écrasés par le fardeau de leurs péchés soient soulagés d’avoir une autre chance ».
La miséricorde, a poursuivi le pape, « c’est le mouvement du cœur aux mains, le mouvement de quelqu’un qui n’a pas peur de se rapprocher, de toucher, de caresser, sans être scandalisé, sans condamner, sans rejeter personne. Une façon d’agir qui s’incarne dans la vie des personnes ». La miséricorde est « concernée par le visage de la personne, par sa vie, son histoire et son existence ». Pleine de « créativité », elle cherche « ce qui est le meilleur pour l’autre personne » sans être fixée sur des règles.
La façon de traiter les autres ne doit jamais être fondée « sur la peur » qui « sépare, divise », a aussi mis en garde le pape François, mais sur « l’espérance que Dieu a dans notre capacité à changer ». Cette attitude « encourage, regarde vers l’avenir, laisse de la place aux opportunités ». Au contraire de « l’Alzheimer spirituel » qui fait oublier la miséricorde de Dieu pour soi-même et génère une « mentalité séparatiste » en créant des « groupes de bons et mauvais, saints et pécheurs ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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