ROME, Jeudi 22 mai 2008 (ZENIT.org) – Le premier pèlerinage du « monde des médias » a eu lieu le 17 mai dernier à Paris, pour répondre à un « besoin de nourriture spirituelle qui puisse nous aider à vivre en chrétien dans ce monde de la communication », explique dans cet entretien, Aymeric Pourbaix, directeur des programmes de Radio Notre-Dame, organisateur du pèlerinage.
Une cinquantaine de journalistes ont marché et prié dans les rues de la capitale, du monastère de la Visitation (Denfert-Rocherau) à l’église Saint-François de Sales (17e), en passant par la chapelle Notre-Dame des Anges pour un chapelet médité et une introduction de Mgr Michel Aupetit, vicaire général à Paris et par le couvent des Franciscaines réparatrices de Jésus-Hostie (17e) pour le déjeuner. La messe a été célébrée en l’église de Saint-François de Sales, patron des journalistes.
Q – Aymeric Pourbaix (IEP de Grenoble, ESJ-Lille), actuellement directeur des programmes, vous êtes à Radio Notre-Dame depuis 1999. Vous avez organisé le premier « Pèlerinage du monde des médias », à Paris, le 17 mai. Pourquoi ?
Aymeric Pourbaix – Parce qu’avec un petit groupe de journalistes et communicants, nous avions le sentiment d’un relatif isolement dans nos médias respectifs, et besoin d’une nourriture spirituelle qui puisse nous aider à vivre en chrétien dans ce monde de la communication. La bénédiction apostolique du Saint-Père, reçue pour cette journée du 17 mai, nous a montré que notre intuition allait dans la bonne direction. La cinquantaine de personnes présentes ce jour-là nous l’a confirmé.
Q – Selon Benoît XVI, le monde a besoin d’une « info-éthique ». En quoi est-elle différente de l’info tout court ?
Aymeric Pourbaix – Les enseignements reçus au cours de cette journée, du P. Matthieu Rougé, curé de Sainte-Clotilde et aumônier des parlementaires, de Mgr Michel Aupetit, vicaire général à Paris, et de Mgr Patrick Descourtieux, ancien recteur de la Trinité-des-Monts à Rome, nous ont aidés à préciser cette vision chrétienne de l’information. D’abord parce que nous sommes messagers de la Bonne nouvelle, qui est le Christ. Cela tranche radicalement sur le besoin de divertissement, qui s’exprime à travers l’appétit pour les faits divers, pour ce qui est horrible. Ensuite parce que comme le rappelle saint Augustin, « on n’entre pas dans la vérité, si ce n’est par la charité ». Le journaliste catholique doit donc tenir les deux bouts de la chaîne : la vérité parce que le réel s’impose à lui, la charité parce qu’il perçoit que l’œuvre de Dieu est en train de s’accomplir.
Q – Dans votre thème principal, vous reprenez des termes du Message pour la journée mondiale des communications sociales de Benoît XVI, disant que le monde des médias a besoin d’apôtres, qui soient des « hommes courageux » et « d’authentiques témoins de la vérité ». Quel rapport existe-t-il entre le fait d’être courageux et d’être un homme des médias ?
Aymeric Pourbaix – Le monde des médias est aujourd’hui un enjeu de pouvoir et de luttes d’influences, ainsi que de stratégies économiques. Il n’est donc pas facile d’y faire entendre un autre discours, d’autant plus que nous sommes en France, où la parole religieuse n’a pas forcément bonne presse ! Il y a donc un certain courage qui est nécessaire pour s’afficher comme chrétien à l’intérieur des médias, pour se sentir libre aussi de la publicité, des pressions politiques, du discours dominant repris en boucle. De manière plus précise, le courage qui nous est demandé est aussi celui de la cohérence entre ce que nous disons et ce que nous vivons, car autrement il n’y a pas de véritable témoignage de foi.
Q – Concrètement, le pèlerinage allie prière (office, marche méditée, messe) et enseignements (P. Matthieu Rougé, Mgr Patrick Descourtieux). Pensez-vous que les journalistes, chrétiens ou non, aient besoin de temps de réflexion dans le tumulte du quotidien ?
Aymeric Pourbaix – Je ne le crois pas, j’en suis sûr. Le temps de la réflexion est ce qui manque le plus aujourd’hui, tout est fait pour nous en empêcher : « le monde actuel est une conspiration contre la vie intérieur », disait Bernanos !
Il faut donc une démarche volontaire et énergique pour s’extraire de ce tourbillon et s’ancrer à un roc, celui de la personne du Christ, seul vrai repère stable dans un monde toujours en mouvement.
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Propos recueillis par Thomas Grimaux