ROME, Jeudi 4 décembre 2008 (ZENIT.org) – « Si la loi définit des frontières à ne pas franchir, elle ne peut pas, en même temps, fournir les moyens de les violer sans infraction », fait observer le cardinal Vingt-Trois aux Parlementaires français à propos des lois de bioéthique.
Il a annoncé la communication aux élus du dossier des évêques de France à ce sujet pour « fournir des éléments d’appréciation dans le dialogue auquel nous sommes invités ».
Le cardinal archevêque de Paris, André Vingt-Trois, président de la conférence des évêques de France, a en effet présidé la messe annuelle des responsables politiques à Paris, mardi 2 décembre 2008, en la basilique Sainte-Clotilde (Cf. Zenit du 3 décembre 2008 pour le texte intégral).
Dans le passage de son homélie consacrée aux lois de bioéthique, le cardinal Vingt-Trois a fait observer qu’« après plus de dix ans sous le régime des premières lois de bioéthique, l’expérience nous montre que les exceptions ne sont souvent qu’une manière déguisée de donner une autorisation en sauvegardant l’attachement aux grands principes ».
« A moins que ce ne soit une tactique pour abaisser les résistances et accoutumer les consciences à la transgression », ajoute l’archevêque.
Il rappelle le « principe de précaution » en disant : « Un peu de recul permet de faire une véritable évaluation des enjeux et des risques et d’appliquer à l’égard de l’homme et de l’humanité le fameux principe de précaution dont on se réclame si volontiers pour tant de sujets bien moins importants ».
Le cardinal Vingt-Trois a noté « une plus grande liberté dans l’expression de convictions différentes sur la dignité de l’homme et sur son avenir », acquise ces dernières années.
Il y voit « une ressource précieuse en ces temps où nous allons être entraînés dans le grand débat des États Généraux sur les lois de bioéthique ».
Pour un vrai débat, l’archevêque de Paris suggère de revenir à la « raison » : « Si nous souhaitons que ces débats soient vraiment généraux et ne se réduisent pas à des luttes d’influence entre les diverses idéologies ou entre les représentants des lobbies économiques, il nous revient de faire entendre des arguments de raison ».
Il mentionnait aussi le travail de la Conférence des évêques de France sur ce sujet et il annonçait que les évêques des Parlementaires allaient leur transmettre un « dossier important » dans ce domaine.
Et de préciser que ce dossier « réunit les avis de différents spécialistes sur les questions retenues pour les États Généraux ».
Le cardinal Vingt-Trois a souligné l’esprit de ce dossier : « Notre propos n’est pas d’imposer à la société des vues particulières, mais de fournir des éléments d’appréciation dans le dialogue auquel nous sommes invités ».
L’archevêque a ajouté cette réflexion sur le « droit » en démocratie : « Nous savons bien que le droit positif, dont vous avez la lourde charge d’établir l’expression législative, ne peut pas être une simple répétition des principes fondamentaux. Il doit être l’expression de leur mise en œuvre dans une législation pratique. Mais nous savons aussi que le droit positif ne peut pas se borner à rappeler les grands principes en formulant aussitôt la liste des dérogations qui permettront de les transgresser avec l’approbation du législateur ».
« En cette année où nous fêtons avec la grandeur qui convient le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, il peut ne pas être inutile de rappeler que cette déclaration n’est pas une simple invocation sans effet pratique », a souligné le président de la conférence des évêques de France.