ROME, Mercredi 25 février 2009 (ZENIT.org) – « Il y a toujours beaucoup d’angoisse à l’idée de se priver de nourriture », affirme Jean-Christophe Normand, animateur de retraites, dans cet entretien sur le jeûne. Il reconnaît qu’« il y a un enjeu authentique de conversion sur le plan spirituel », même si « les fruits sont propres à chaque personne ». « Ce qui est certain, dit-il, c’est que le jeûne apporte des réponses ».
Jean-Christophe Normand est laïc, père de famille. Consultant en Ressources humaines et coach en entreprise, il anime des retraites d’initiation au jeûne depuis 2007. Il a repris le projet lancé à l’origine par un théologien suisse, Harri Wettstein, qui a proposé pendant plusieurs années, au monastère bénédictin français de la Pierre-qui-Vire, l’expérience d’un jeûne de six jours selon une méthode éprouvée et adaptée à notre époque.
Zenit – Qu’apporte le jeûne sur le plan spirituel ?
J.-C. Normand – Il y a un enjeu authentique de conversion sur le plan spirituel. Les gens qui viennent, parfois non-croyants, sont en quête. Une quête qui va prendre corps pendant la semaine et qu’ils ne savent pas toujours nommer. Face à un enjeu de changement, le jeûne donne des ressources pour faire face à un passage. Pour les aider, un temps d’accompagnement individuel avec un moine est proposé et conseillé, même si rien n’est imposé. Les personnes qui viennent ont besoin d’être guidées. Durant la retraite, un travail considérable se fait en chaque personne et elles ont en général besoin d’exprimer ce qu’elles ressentent. Cette retraite est aussi l’occasion de suivre les Offices liturgiques des moines bénédictins et la vie de leur communauté. Nous leur proposons d’essayer de vivre la liturgie et de rentrer dedans, de voir comment cela se déroule, d’être attentif à ce qui s’y passe. Le jour où nous nous séparons, nous faisons un temps de relecture. Les personnes arrivent alors à mettre des mots sur ce qu’elles sont venues chercher. Les fruits sont propres à chaque personne. Mais ce qui est certain, c’est que le jeûne apporte des réponses.
Zenit – Et sur le plan physiologique ?
J.-C. Normand – Tout d’abord, il faut affronter la crainte du manque. Et c’est très encourageant de se rendre compte qu’on peut y arriver. Cela donne finalement une confiance personnelle très forte : mon corps a des ressources pour vivre des périodes de disette !
A travers le jeûne, nous percevons aussi les dysfonctionnements de notre alimentation. Il y a des personnes qui font des excès : cela permet de trouver une mise à distance, de retrouver une forme d’hygiène de vie, de bien être.
Enfin, le système digestif au repos dégage des ressources supplémentaires. On a moins besoin de dormir. La qualité de concentration est différente. Le niveau d’acuité intellectuelle est renforcé. L’énergie du corps passe à la tête…
Zenit – Le jeûne n’est pas une démarche naturelle…
J.-C. Normand – Non, il y a toujours beaucoup d’angoisse à l’idée de se priver de nourriture. Au niveau spirituel, cela relève du lâcher prise. En nous plaçant en position basse, en posture d’humilité, nous allons renoncer à notre appétit de puissance. Nous allons faire le tri de ce qui est nécessaire ou pas dans nos vies. Dans ce travail d’introspection et de mise à distance, tout ce qui est excessif dans nos vies va être temporisé.
Enfin, on ne jeûne pas que pour soi. Le jeûne ouvre aux autres et à la vie caritative. C’est pourquoi nous proposons systématiquement, en fin de retraite, de faire un don, de soutenir une œuvre. Nous vivons ainsi pleinement les charismes associés à la vie du Christ. En plus de la joie d’un bien être physique, nous ressentons la joie d’être en communion avec nos frères et nos sœurs.
Pour participer à une retraite d’initiation au jeûne :
Abbaye Ste Marie de la Pierre-qui-Vire du 26 juillet au 2 août 2009
Abbaye saint Guénolé de Landévennec du 11 au 18 octobre 2009
Contact : Jean-Christophe Normand
Propos recueillis par Marine Soreau