Italie : 4 mesures pour les femmes enceintes en difficulté

Evaluation de la loi italienne sur lavortement

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Le docteur Antonio Oriente, vice-président national des Gynécologues obstétriciens catholiques italiens fait quatre propositions concrètes pour aider les mamans à garder leur enfant, notamment une aide financière de deux ans pour les mamans en difficultés.

Le Dr Oriente est en effet intervenu lors d’un séminaire de bioéthique organisé le 1erfévrier dernier à Marsala – en Sicile –  par le Mouvement pour la vie italien, à la veille de la Journée nationale pour la vie, dimanche 3 février, qui a reçu les encouragements de Benoît XVI (cf. Zenit du 3 février 2013).

Constatant que « les politiques de prévention de l’avortement appliquées jusqu’à maintenant en Europe et en Italie ont montré clairement qu’elles ne fonctionnaient pas », et vu qu’il faut un « changement radical dans l’approche de ce problème », à la fin de son intervention, le docteur Oriente a proposé différentes mesures :

1 – Une « aide financière personnelle » pour toute femme enceinte (à prévoir pendant au moins deux ans) ;

2 – Une ligne directe de financement pour les associations qui aident les femmes pendant leur grossesse ;

3 – La réduction de 50% de la TVA sur les produits de base, pour l’enfance « à risque » ;

4 – La suspension du paiement de la taxe d’habitation sur les maisons provisoirement mises à la disposition des mères célébataires ;

5 – Toute autre solution visant un changement de mentalité vis-à-vis de la mère célébataire et de son enfant.

En définitive, il faut promouvoir des politiques qui garantissent les droits des enfants non nés et le droit des femmes à la maternité, éliminant les obstacles qui empêchent la maternité et affirmant explicitement que l’avortement est un acte d’agression contre les femmes.

Un « concentré de souffrance » par lequel on compromet la santé psychique et physique de la femme, on tue son enfant et on limite sa capacité à mener une grossesse à son terme : telle est la définition de l’avortement donnée par le docteur Oriente.

L’intervenant a immédiatement cité le Message de la Conférence des évêques italiens pour la 35èmeJournée nationale pour la vie, célébrée le 3 février : « On ne sortira pas de cette phase critique en ayant moins d’enfants ou, pire encore, en étouffant la vie par l’avortement, mais en s’appuyant sur la vérité de la personne humaine, sur la logique de la gratuité et sur le don, grand et unique, de la transmission de la vie, justement en situation de crise ».

Le docteur Oriente s’est, en outre, référé à des documents fondamentaux pour parler de l’avortement volontaire selon la loi – selon la volonté de ceux qui l’ont proposée – montrant à quoi se réduit l’avortement et les dégâts qu’il a provoqués.

A l’article 2 – « Droit à la vie » – de la Convention pour la sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (Cour européenne des droits de l’homme, Rome, 4.11.1950), on peut lire que le droit à la vie de toute personne est protégé par la loi et que personne ne peut être privé intentionnellement de la vie. En outre, l’article 1 de la loi 194/78, redit que l’Etat garantit le droit à la procréation consciente et responsable, reconnaît la valeur sociale de la maternité et protège la vie humaine dès son commencement ; il affirme aussi que l’interruption volontaire de grossesse (…) n’est pas un moyen de contrôler les naissances.

Malgré cela, en 2011, il y a eu 116.000 avortements en Italie, et 1.200.00 en Europe. Ces chiffres ne concernent pas les avortements cachés : avortements clandestins, avortements chimiques (RU486, pilule du lendemain, pilule des cinq jours), stérilet, avortements pouvant être provoqués par la pilule hormonale contraceptive, ni les milliers de morts causées par la fécondation in vitro.

Se référant à des documents officiels, l’intervenant a expliqué aux participants quelle était l’étendue du problème « Avortement » en Italie et en Europe qui ont connu, entre 1982 et 2008, une baisse des naissances de 12,5% ; en Europe, l’avortement est la première cause de mortalité (30 fois supérieure aux accidents de la route).

Selon le médecin, une lecture superficielle des documents officiels du Ministère de la santé italien pourrait faire croire que les avortements diminuent mais, en analysant attentivement les données, on s’aperçoit que les avortements après la douzième semaine augmentent. Le ministre Balduzzi admet une « légère » augmentation de 14,5% des chiffres de 2010 par rapport à 2009, en une année seulement.

Alors que les avortements forcés ont diminué de 33,3% entre 1990 et 2010, il y a eu une augmentation de 182% du nombre des avortements après la douzième semaine, et de 278% de la totalité. Cette « explosion » effrénée des avortements au-delà du troisième mois est aussi la conséquence de l’affinement des technologies de diagnostic qui ne laissent pas d’issue aux enfants auxquels on diagnostique certains « défauts ».

Il y a aussi le cas des avortements « thérapeutiques » : 4000 avortements, dont presque 900 au-delà de la vingt-et-unième semaine, pratiqués en Italie en 2010, pour « conjurer », au moins dans la grande majorité des cas, le « grave danger » pour la santé psychologique et physique des femmes, en raison d’une malformation diagnostiquée à leur enfant.

D’après les conclusions d’un récent rapport ministériel italien, le Dr Oriente fait valoir qu’on peut facilement comprendre combien les données des échographies et celles des autopsies sont souvent en forte contradiction, et c’est pour cela que le même rapport souhaite que l’autopsie pour vérification du diagnostic sur les fœtus issus d’une IVG devienne obligatoire et non sujette à la sensibilité du médecin soignant ; il demande aussi, vu l’extrême complexité de ce diagnostique, que les IVG après la 90èmejournée de grossesse ne soient pas effectuables partout mais qu’elles soient concentrées dans un nombre limité d’hôpitaux à haut niveau de compétence en diagnostic obstétrique et en anatomie pathologique du fœtus et du placenta.

A propos de la loi italienne 194/78, le médecin, originaire de Messine, a affirmé que les chiffres rapportés par la propagande pro-avortement (25.000 femmes mortes chaque année des suites d’un avortement clandestin) qui ont amené à la légalisation de l’avortement, étaient tout à fait infondées. En effet, depuis l’entrée en vigueur de la loi 194, la mortalité des femmes en âge de procréer n’a connu aucune diminution statistique significative soudaine ; la loi 194 n’a donc rien modifié. Malgré cela, certains représentants politiques affirment encore le vieux lieu commun selon lequel la loi sur l’avortement aurait sauvé la vie à des centaines de milliers de femmes.

Toujours à propos de la loi italienne 194/78, qui devait donner une place centrale à la femme, le gynécologue a affirmé qu’elle a finalement laissé la femme « seule face à un choix aussi important et le père complètement exclu de la décision et même maintenu dans l’ignorance de la grossesse ».

Ce n’est pas tout. C’est une loi dans laquelle l’enfant conçu « n’a aucun droit », proteste le médecin, et dans laquelle c’est la « logique du choix pour le choix » qui domine, c’est-à-dire, l’idée que « la valeur à protéger est la liberté de choix de la femme » (et non son enfant).

Une loi qui vise en priorité à « frapper la clandestinité » et non à « protéger la vie dès son commencement » (que l’on se garde bien de définir) et enfin une loi où l’on n’a « pas donné l’occasion aux voix pro-vie de parler avec la femme, de l’accompagn
er, de lui conseiller des solutions alternatives » comme la garde de l’enfant ou l’adoption.

Le médecin a aussi dénoncé le fait que la loi 194/78 est une loi qui ne permet pas de « contrôler suffisamment la réalité du temps écoulé entre le certificat et l’intervention », ni le respect des procédures « selon la loi ».

En somme, pour lui, la loi italienne 194/78 est une loi qui « n’a pas protégé une seule vie », et « n’a pas favorisé non plus l’accompagnement avant, pendant et après l’avortement de la femme, » face à un choix si délicat et aux conséquences physiques et psychiques graves.

Une loi qui, en pratique, n’a pas été « pour la santé, la liberté, l’autodétermination de la femme ni, en dernière analyse, pour son bien. »

Le docteur Oriente sera encore à Marsala le 15 février pour la quatrième rencontre du séminaire de bioéthique où l’on abordera les conséquences de l’avortement.

Traduction d’Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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