« Face à la tentation des communautés de s’enfermer sur elles-mêmes, préoccupées de leurs propres problèmes, votre devoir est de rappeler la “missio ad gentes”, de témoigner prophétiquement que la vie de l’Eglise et des Eglises est mission et mission universelle », déclare le pape François lors de sa première audience aux Oeuvres pontificales missionnaires (POM).
Le pape François a en effet reçu ce vendredi 17 mai, à 12h30, au Vatican les participants de l’assemblée des Oeuvres pontificales missionnaires.
Il insiste sur ce don de la foi: « nous n’avons pas reçu le don de la foi pour la garder cachée, mais pour la répandre ».
Discours du pape François
Chers frères et soeurs,
Je suis particulièrement heureux de vous rencontrer pour la première fois, vous qui êtes directeurs nationaux des Oeuvres pontificales missionnaires du monde entier. Je salue cordialement le cardinal Fernando Filoni, je le remercie du service qu’il rend en tant que préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, et pour les paroles qu’il m’a adressées en votre nom. J’étends cette salutation au secrétaire, Mons. Savio Hon Tai-Fai, et au secrétaire adjoint, Mons. Protase Rugambwa, et à tous les collaborateurs du dicastère et des Oeuvres pontificales missionnaires, prêtres, religieux et religieuses, laïcs et laïques.
1. Je voudrais vous dire que vous m’êtes particulièrement chers parce que vous m’aidez à maintenir toujours vivante l’activité d’évangélisation, paradigme de toute oeuvre dans l’Eglise. En effet, l’évêque de Rome est appelé à être le Pasteur non seulement de son Eglise particulière, mais aussi de toutes les Eglises, afin que l’Evangile soit annoncé jusqu’aux extrémités de la terre. Dans cette tâche, les Oeuvres pontificales missionnaires sont un instrument privilégié entre les mains du pape qui est le principe et le signe de l’unité et de l’universalité de l’Eglise (cf. Conc. oecum. Vatican II, Const. dogm. Lumen gentium, 23). En effet, elles s’appellent « pontificales » parce qu’elles sont directement à la disposition de l’évêque de Rome avec pour objectif spécifique d’agir afin que soit offert à tous le don précieux de l’Evangile. Elles sont pleinement actuelles, et même nécessaires aujourd’hui encore, parce qu’il y a tant de peuples qui n’ont pas encore connu ni rencontré le Christ, et il est urgent de trouver des formes nouvelles et des nouvelles voies afin que la grâce de Dieu puisse toucher le coeur de tout homme et de toute femme et de les conduire à lui. Nous en sommes tous de simples mais importants instruments; nous n’avons pas reçu le don de la foi pour la garder cachée, mais pour la répandre, afin qu’elle puisse éclairer la route de tant de frères et soeurs.
2. Certes, c’est une mission difficile qui nous attend, mais, sous la conduite de l’Esprit Saint, elle devient une mission enthousiasmante. Nous faisons tous l’expérience de notre pauvreté, de notre faiblesse pour apporter au monde le précieux trésor de l’Evangile, mais nous devons sans cesse répéter les paroles de saint Paul: « Nous portons ce trésor dans des vases d’argile, afin de manifester que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous » (2 Co 4,7). Et ceci doit toujours nous donner du courage: savoir que la force de l’évangélisation vient de Dieu, appartient à Lui. Nous sommes appelés à nous ouvrir toujours plus à l’action de l’Esprit Saint, à offrir toute notre disponibilité pour être des instruments de la miséricorde de Dieu, de sa tendresse, de son amour pour tout homme et toute femme, surtout pour les pauvres, les exclus, ceux qui sont loin. Et cette mission est, pour tout chrétien, pour toute l’Eglise, non pas facultative mais essentielle. Comme saint Paul le disait: « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là mon motif d’orgueil, c’est une nécessité qui s’impose à moi ; malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9,16). Le salut de Dieu est pour tous!
3. Chers directeurs nationaux, je vous répète l’invitation que Paul VI vous a adressée, il y a presque cinquante ans, de protéger jalousement la respiration universelle des Oeuvres pontificales missionnaires « qui ont l’honneur , la responsabilité, le devoir de soutenir la mission [d’annoncer l’Evangile], de fournir les aides nécessaires (Discours aux Oeuvres pontificales missionnaires, 14 mai 1965: AAS 57 1965, 520). Ne vous lassez pas d’éduquer chaque chrétien, dès l’enfance, à un esprit vraiment universel et missionnaire, et de sensibiliser toute la communauté à soutenir et à aider les mission selon les besoins de chacune (cf. Conc. oecum. Vatican II, Décr. Ad gentes, 38). Faites en sorte que les Oeuvres pontificales missionnaires continuent, sur le socle de leur tradition séculaire, à animer et à former les Eglises en les ouvrant à une dimension ample de la mission évangélisatrice. Il est juste que les Oeuvres pontificales missionnaires soient confiées à la sollicitude des évêques, afin qu’elles soient « enracinées dans la vie des Eglises particulières » (Statut des Oeuvres pontificales missionnaires, n. 17); mais elles doivent vraiment devenir réellement un instrument privilégié de l’éducation à l’esprit missionnaire universel et à une communion et une collaboration toujours plus grandes entre les Eglises pour l’annonce de l’Evangile au monde. Face à la tentation des communautés de s’enfermer sur elles-mêmes, préoccupées de leurs propres problèmes, votre devoir est de rappeler la “missio ad gentes”, de témoigner prophétiquement que la vie de l’Eglise et des Eglises est mission et mission universelle. Le ministère épiscopal et tous les ministères sont certainement pou la croissance de la communauté chrétienne, mais ils sont aussi miss au service de la communion entre les Eglises pour la mission évangélisatrice. Dans ce contexte, je vous invite à être particulièrement attentif aux jeunes Eglises, qui souvent travaillent dans un climat difficile, de discrimination et de persécution, afin qu’elles soient soutenues et aidées dans leur témoignage par la parole et par les oeuvres de l’Evangile.
Chers frères et soeurs, en vous renouvelant à tous mes remerciements, je vous encourage à poursuivre votre engagement afin que les Eglises locales assument toujours plus généreusement leur part de responsabilité dans la mission universelle de l’Eglise; J’invoque Marie, l’Etoile de l’évangélisation et je fais miennes les paroles de Paul VI: « Que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Evangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçus en eux la joie du Christ, et qui acceptent de jouer leur vie pour que le Royaume soit annoncé et l’Eglise implantée au coeur du monde » (Exhort. ap. Evangelii nuntiandi, 80).
A vous, à vos collaborateurs, à vos familles, et à tous ceux que vous avez dans le coeur, à votre travail missionnaire, à tous ma bénédiction.
Traduction de Zenit, Anita Bourdin
