A l’occasion du 99eanniversaire du génocide arménien (1915-2014), une messe est célébrée à Rome, en l’église San Nicola da Tolentino en mémoire des Martyrs arméniens.
Une réflexion biblique partira du verset de la Genèse : « Je cherche mes frères » (Gn 37, 16).
Mgr Georges Dankaye, du patriarcat de Cilicie des Arméniens (Liban), recteur du Séminaire pontifical arménien de Rome rappelle l’événement en disant : « Le 24 avril, chaque fils du peuple arménien, et tant de leurs amis – hommes et femmes de bonne volonté – commémorent partout dans le monde le 99èmeanniversaire du génocide arménien. »
Il souligne l’importance de cette mémoire : « Pour nous, Arméniens, cette date est chargée de sens. En rappelant la tragique page de notre histoire, et malgré la blessure encore ouverte par ce Grand mal dont les auteurs n’ont toujours pas reconnu leur responsabilité dans ce crime, nous élèverons notre prière confiante vers le Très-Haut – par intercession de nos Martyrs – pour lui demander d’affermir notre foi et de faire de nous des artisans de paix et de bien. »
Voilà la programme de la célébration romaine : « Nous, Arméniens de Rome, nous nous recueillerons en prière en célébrant une sainte messe en rite arménien à l’église San Nicola da Tolentino et rendrons hommage à nos martyrs en déposant une couronne de fleurs au pied du Khach kar – une Croix de pierre, érigée à la mémoire des victimes du génocide arménien, sur le parvis de l’église. »
Le recteur invite « à prendre part à la célébration et à l’acte de commémoration pour rappeler et rendre hommage aux Martyrs et demander au Seigneur d’accorder Sa justice et la Paix ».
Le génocide a débuté le 24 avril 1915 à Istanbul, capitale de l’empire ottoman, avec l’assassinat de 600 notables arméniens sur ordre du gouvernement.
A l’époque, le pape Benoît XV avait écrit au Sultan pour implorer sa clémence.
A la fin de l’été 1915, les deux tiers des Arméniens de Turquie auront péri dans des conditions généralement épouvantables. On rapporte par exemple que les soldats ottomans faisaient des « paris » sur le sexe des fœtus des femmes enceintes avant de les éventrer.
Jean-Paul II a rendu hommage aux martyrs arméniens lors de sa visite à Erevan en 2001. Après avoir prié devant le mémorial des victimes il a en effet dénoncé « l’extermination de 1,5 million de chrétiens arméniens, dans ce qui est généralement considéré comme le premier génocide du 20e siècle ».
Il a aussi mentionné les victimes arméniennes du communisme soviétique en parlant de « l’anéantissement de milliers d’autres sous l’ancien régime totalitaire (soviétique) sont des tragédies qui vivent encore dans la mémoire de la génération actuelle ».
Et lors de sa visite à Istanbul en 2006, Benoît XVI a rendu grâce à Dieu « pour la foi et le témoignage chrétien du peuple arménien, transmis de siècle en siècle et parfois dans des circonstances tragiques, comme ce fut le cas au siècle dernier ».
La bibliothèque vaticane a pour sa part recueilli des preuves et des témoignages de ces événements tragiques. Ils ont fait l’objet d’un livre coédité par le service des Archives du Vatican, avec des récits décrivant les tortures subies par les victimes.
En France, le Parlement a définitivement adopté la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien, lundi 23 janvier 2012, après un ultime vote au Sénat qui a ratifié le texte adopté par l’Assemblée nationale le 22 décembre 2011.
La loi prévoit de punir d’un an de prison et de 45.000 euro d’amende la négation de génocides reconnus comme tels par la loi française, dont le génocide arménien de 1915.
Jusqu’alors la France reconnaissait deux génocides, celui des juifs, la Shoah, pendant la seconde guerre mondiale et celui des Arméniens, en Anatolie, entre 1915 et 1917 (1,5 million de morts selon les Arméniens, 500 000 selon la Turquie), mais elle ne punissait que la négation du premier.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a, pour la première fois, hier, 23 avril, présenté les condoléances de la Turquie « aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915« .
Il le fait également « pour tous les citoyens ottomans qui ont perdu leur vie dans des conditions similaires durant cette période ».
Les autorités turques parlent depuis de « massacre », mais pour le moment, pas de « génocide ».
Avec Océane Le Gall