PizzaAut, par les jeunes autistes, Pl. Saint-Pierre, 1er avr. 2022 © Vatican Media

PizzaAut, par les jeunes autistes, Pl. Saint-Pierre, 1er avr. 2022 © Vatican Media

Journée de l’autisme: audience pontificale et « PizzaAut » pour les pauvres (traduction complète)

« Non seulement pour mais d’abord avec… »

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« Je vous encourage à poursuivre votre travail en marchant ensemble avec les personnes avec autisme : des membres de la Fondation italienne de l’autisme ont été reçus par le pape François au Vatican ce vendredi 1er avril 2022, à la veille de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme qui a lieu le 2 avril.

« Vous le savez bien, a poursuivi le pape, et aujourd’hui encore vous avez voulu le dire d’un geste : bientôt, place Saint-Pierre, des personnes avec autisme cuisineront et offriront un déjeuner à nos frères pauvres. C’est beau! Une initiative qui témoigne du style du Bon Samaritain, du style de Dieu. Quel est le style de Dieu ? Proximité, compassion, tendresse. Avec ces trois traits, nous voyons le visage de Dieu, le cœur de Dieu, le style de Dieu. »

À la fin de l’audience avec le pape François en effet, des jeunes de l’association « PizzaAut » ont préparé un déjeuner pour les pauvres du quartier de la colonnade de Place Saint-Pierre.

Nico Acampora, PizzaAut, par les jeunes autistes, Pl. Saint-Pierre, 1er avr. 2022 © Vatican Media

Nico Acampora et les jeunes de PizzaAut, Pl. Saint-Pierre, 1er avr. 2022 © Vatican Media

Discours du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenus !

Je remercie le président de la Fondation italienne de l’autisme pour ses paroles d’introduction et le jeune homme qui a apporté son témoignage, offrant de nombreux éléments auxquels réfléchir.

Demain, c’est la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, instituée par les Nations Unies pour attirer l’attention du monde entier due aux personnes porteuses d’autisme et les différents aspects de leur situation.

Tout d’abord, j’exprime ma gratitude pour le travail accompli par la Fondation italienne de l’autisme. Vous impliquez des chercheurs, des médecins, des psychologues, des organismes et des associations de familles, qui, depuis 2015, se donnent pour objectif commun de promouvoir une culture en faveur des personnes avec autisme et handicap intellectuel. Aujourd’hui plus que jamais, les thèmes et les questions que votre Fondation affronte, sont d’une importance vitale.

En effet, en menant des projets de recherche et des initiatives en faveur des plus faibles et des plus défavorisés, vous apportez une contribution valable à la lutte contre la culture du jetable (cf. Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 53), si répandue dans notre société trop portée à la compétition et au profit. Nous sommes victimes de cette culture du jetable.

Je voudrais saisir cette occasion pour partager quelques pistes de réflexion et d’engagement.1. La culture de l’inclusion et de l’appartenance, contre la culture du jetable. Le handicap, sous toutes ses formes, représente un défi et une opportunité pour construire ensemble une société plus inclusive et plus civile, où les proches, les enseignants et les associations comme la vôtre ne soient pas laissés seuls mais soutenus. C’est pourquoi il est nécessaire de continuer à sensibiliser aux différents aspects du handicap, à briser les préjugés et à promouvoir la culture d’inclusion et d’appartenance, fondée sur la dignité de la personne.

C’est la dignité de tous ces hommes et toutes ces femmes les plus fragiles et les plus vulnérables, trop souvent marginalisés parce qu’ils sont étiquetés comme différents ou même inutiles, mais qui sont en réalité une grande richesse pour la société. En effet, on est positivement surpris de découvrir autant de cas de personnes handicapées qui font une bonne expérience de travail – comme certains d’entre vous ici présents -, offrant ainsi un témoignage significatif pour nous tous. Mais il n’y a pas que la sphère du travail, il y a toute la vie de la personne, on dirait sa « vocation ». Pensons à l’exemple de Sainte Marguerite de Città di Castello, la jeune femme handicapée qui a remis sa vie entre les mains du Seigneur pour se consacrer entièrement à la prière et à l’assistance aux pauvres.

Chers frères et sœurs, la parabole évangélique du Bon Samaritain (cf. Lc 10, 25-37) indique le chemin vers une société plus fraternelle (cf. Enc. Fratelli tutti, chap. II). Et sur ce chemin les personnes porteuses de handicap ne sont pas seulement objet de soins, mais aussi sujet, c’est très important ! Le Samaritain peut être même la personne avec handicap, autisme, qui se fait proche de l’autre, en mettant ses talents au service de la communauté.

2. La participation. Un aspect essentiel de la culture de l’inclusion c’est la possibilité pour les personnes porteuses de handicap de participer activement. Ne pas les enfermer, non!, participer. Les mettre au centre signifie non seulement briser les barrières physiques, mais aussi faire en sorte qu’ils puissent participer aux initiatives de la communauté civile et ecclésiale en apportant leur contribution. Pour cela, il s’agit de soutenir leur projet de vie grâce à l’accès à des espaces d’éducation, d’emploi et de loisirs, dans lesquels socialiser et exprimer leur créativité. Cela nécessite un changement de mentalité. De grands progrès ont été faits dans ce sens, mais les préjugés, les inégalités et même les discriminations demeurent. J’espère que les personnes handicapées elles-mêmes deviendront de plus en plus les protagonistes de ce changement, comme vous en avez été témoins aujourd’hui en collaborant ensemble, institutions civiles et ecclésiales.

3. Faire réseau. La pandémie de Covid-19 a eu un impact très grave surtout sur les plus vulnérables, sur les personnes âgées, sur les personnes handicapées et leurs familles. Ces dernières semaines, s’est ajouté le drame de la guerre en Ukraine : pensons à ceux qui sont les plus défavorisés… Chers frères et sœurs, dans cette situation notre réponse doit être la solidarité, le « faire réseau ». Solidarité dans la prière et solidarité dans la charité qui devient un partage concret. Face à tant de blessures, surtout des plus vulnérables, ne laissons pas passer l’occasion de nous soutenir les uns les autres (cf. Exhortation apostolique Evangelii gaudium). Assumons la responsabilité de la souffrance humaine avec des projets et des propositions qui mettent les plus petits au centre (cf. Mt 25,40).

Même dans le domaine du handicap, les communautés ecclésiales et civiles sont appelées à travailler en réseau, à collaborer harmonieusement pour aider les plus faibles et les plus défavorisés à faire entendre leur voix. De cette manière, la subsidiarité est mise en œuvre et la contribution de tous ceux qui travaillent depuis un certain temps pour les personnes handicapées est renforcée, en créant une gamme de soutien ample et diversifiée. En mettant de côté les attitudes compétitives, une synergie efficace peut être créée, capable d’avoir un impact profond sur la société.

4. Pour une économie solidaire. De même qu’il existe une culture du jetable et une autre de l’inclusion, il existe une économie qui rejette et une économie qui inclut. Et cela arrive tous les jours : il y a un rejet et une inclusion, dans toute la vie, même dans l’économie. Depuis toujours, à partir de la première communauté chrétienne de Jérusalem, à travers des expériences nombreuses et multiples, l’Evangile nous inspire à mettre la fraternité au centre de l’économie, afin que les pauvres, les marginalisés et les personnes handicapées ne soient pas exclus. Mettre la fraternité au centre de l’économie ; pas l’égoïsme, pas le profit personnel, [mais] la fraternité. Le travail que vous faites grâce à la Fondation italienne de l’autisme a également besoin d’un soutien financier. C’est pour cela que ma gratitude va également à vos bienfaiteurs qui, en allouant des ressources en faveur de leur prochain, sont les bâtisseurs d’une société plus solidaire, plus inclusive et plus fraternelle. C’est aussi une manière concrète de faire de l’économie solidaire.

Chers frères et sœurs, nous traversons une période de dure épreuve, mais la Pâque du Seigneur qui approche nous rappelle que la mort n’a pas le dernier mot. Ensemble, avec nos frères et sœurs les plus fragiles, gardons allumé le flambeau de l’espérance !

Je vous encourage à poursuivre votre travail en marchant ensemble avec les personnes avec autisme : non seulement pour elles, mais d’abord avec elles. Vous le savez bien, et aujourd’hui encore vous avez voulu le dire d’un geste : bientôt, place Saint-Pierre, des personnes avec autisme cuisineront et offriront un déjeuner à nos frères pauvres. C’est beau! Une initiative qui témoigne du style du Bon Samaritain, du style de Dieu. Quel est le style de Dieu ? Proximité, compassion, tendresse. Avec ces trois traits, nous voyons le visage de Dieu, le cœur de Dieu, le style de Dieu.

Je vous bénis de tout coeur. Que Notre Dame vous protège, car elle est Mère et comprend ces choses : elle est meilleure que nous ! Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci!

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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