Le pape François rend hommage à saint Jean Bosco pour « la confiance dans la divine Providence », « la vocation des jeunes, en particulier les plus pauvres, à être prêtres », et « le service loyal et actif de l’Église, notamment dans la personne du Successeur de Pierre ».
A l’occasion de la visite pastorale du pape François à Turin (21-22 juin 2015), il a rencontré les Salésiens et les Filles de Marie Auxiliatrice, dans la basilique de Marie Auxiliatrice, à Valdocco, dimanche 21 juin.
Le pape invite les Salésiens à « annoncer à tous la miséricorde de Jésus, faisant « oratoire » en tout lieu, spécialement les plus inaccessibles ».
Le pape François a quitté l’archevêché de Turin dimanche à 14h30, et il s’est rendu au sanctuaire de la Vierge de la Consolata pour un moment de prière en privé, en présence de plusieurs prêtres, hôtes de la Casa. Le pape a déposé une « Rose d’or » devant l’icône de la Vierge, en souvenir de sa visite.
Il a ensuite rejoint la basilique de Marie Auxiliatrice à Valdocco où il a rencontré, à 15 heures, les Salésiens et les Filles de Marie Auxiliatrice, en cette année du bicentenaire de la naissance de saint Jean Bosco (1815-1888). Sur la place devant la basilique, étaient présents les jeunes des patronages, les « oratoires ».
Après les paroles de salutations du recteur majeur des Salésiens, Don Ángel Fernández Artime, le pape a laissé le texte qu’il avait préparé pour prononcer un discours d’abondance de cœur.
Le pape leur a remis le discours préparé pour toute la famille salésienne et dont voici notre traduction intégrale :
Chers frères et sœurs,
Au cours de mon pèlerinage consacré à la vénération de Jésus crucifié, dans le signe du Saint-Suaire, j’ai choisi de venir en ce lieu qui représente le cœur de la vie et de l’œuvre de saint Jean Bosco, pour célébrer avec vous le bicentenaire de sa naissance. Avec vous, je remercie le Seigneur d’avoir donné à son Église ce saint qui, avec tant d’autres saints et saintes de cette région, constitue un honneur et une bénédiction pour l’Église et la société de Turin et du Piémont, de l’Italie et du monde entier, en particulier en raison du souci qu’il a eu pour les jeunes pauvres et marginalisés. On ne peut parler, aujourd’hui, de don Bosco sans le voir entouré de nombreuses personnes : la famille salésienne qu’il a fondée, les éducateurs qui s’inspirent de lui et, naturellement, tous les jeunes, garçons et filles, de tous les coins de la terre qui acclament Don Bosco comme leur « père et maître ».
On peut dire beaucoup de choses sur Don Bosco. Mais aujourd’hui, je voudrais relever seulement trois aspects : la confiance dans la divine Providence ; la vocation des jeunes, en particulier les plus pauvres, à être prêtres ; le service loyal et actif de l’Église, notamment dans la personne du Successeur de Pierre.
Don Bosco a rempli sa mission sacerdotale jusqu’à son dernier souffle, soutenu par une confiance inébranlable en Dieu et en son amour, et c’est pourquoi il a fait de grandes choses. Cette relation de confiance avec le Seigneur est aussi la substance de la vie consacrée, afin que le service de l’Évangile et des frères ne consiste pas à rester prisonniers de nos points de vus, des réalités de ce monde qui passe, mais soit un dépassement continuel de nous-mêmes, ancrés dans les réalités extérieures et plongés dans le Seigneur, notre force et notre espérance. Et ce sera aussi notre fécondité. Nous pouvons aujourd’hui nous interroger sur cette fécondité et, je me permets de le dire, sur la si « remarquable » fécondité salésienne. Sommes-nous à la hauteur ?
L’autre aspect important de la vie de Don Bosco est le service des jeunes. Il l’a réalisé avec fermeté et constance, entre les obstacles et les fatigues, avec la sensibilité d’un cœur généreux. « Pas un de ses pas, pas une de ses paroles, pas une de ses entreprises qui n’ait eu pour but le salut de la jeunesse… En toute vérité il n’eut rien d’autre à cœur que les âmes » (Constitutions salésiennes, n.21). Le charisme de Don Bosco nous pousse à êtres des éducateurs des jeunes en mettant en œuvre cette pédagogie de la foi qui se résume ainsi : « évangéliser en éduquant et éduquer en évangélisant » (Directoire général pour la catéchèse, 147). Évangéliser les jeunes, éduquer à temps plein les jeunes, en commençant par les plus fragiles et abandonnés, en proposant un style éducatif fait de raison, de religion et de tendresse, universellement apprécié comme « système préventif ». Cette douceur si forte de Don Bosco, qu’il avait certainement apprise de Maman Marguerite. Douceur et tendresse fortes ! Je vous encourage à poursuivre avec générosité et confiance les multiples activités en faveur des nouvelles générations : « Oratoires », centres pour les jeunes, instituts professionnels, écoles et collèges. Mais sans oublier ceux que Don Bosco appelait les « jeunes de la rue » : ils ont tellement besoin d’espérance et d’être formés à la joie de la vie chrétienne !
Don Bosco a toujours été docile à l’Église et au pape, suivant ses suggestions et ses indications pastorales. Aujourd’hui, l’Église s’adresse à vous, fils et filles spirituels de ce grand saint, et concrètement, elle vous invite à sortir, à retourner sans cesse trouver les jeunes là où ils vivent : dans les périphéries des métropoles, dans les quartiers de danger physique et moral, dans les contextes sociaux où manquent tant de choses matérielles, mais où manquent surtout l’amour, la compréhension, la tendresse et l’espérance. Aller vers eux avec la paternité débordante de Don Bosco. L’Oratoire de Don Bosco est né de sa rencontre avec les jeunes de la rue et, pendant un certain temps, il a été itinérant dans les quartiers de Turin.
Puissiez-vous annoncer à tous la miséricorde de Jésus, faisant « oratoire » en tout lieu, spécialement les plus inaccessibles ; en portant dans le cœur le style oratorien de Don Bosco et en visant des horizons apostoliques toujours plus larges. De la solide racine qu’il a plantée il y a deux cents ans dans la terre de l’Église et de la société, beaucoup de branches ont poussé : trente institutions religieuses en vivent le charisme pour partager la mission de porter l’Évangile jusqu’aux limites des périphéries. Le Seigneur a ensuite béni ce service en suscitant parmi vous, au long de ces deux siècles, un grand nombre de personnes que l’Église a proclamées saintes et bienheureuses. Je vous encourage à poursuivre sur cette route, en imitant la foi de ceux qui vous ont précédés.
Dans cette basilique, qui vous est si chère ainsi qu’à tout le peuple de Dieu, invoquons Marie Auxiliatrice pour qu’elle bénisse tous les membres de la Famille salésienne : qu’elle bénisse les parents et les éducateurs qui dépensent leur vie pour la croissance des jeunes ; qu’elle bénisse tous les jeunes qui participent aux œuvres de Don Bosco, en particulier celles qui sont consacrées aux plus pauvres, afin que, grâce à la jeunesse bien accueillie et éduquée, soit donnée à l’Église et au monde la joie d’une nouvelle humanité.
© Traduction de Zenit, Constance Roques