Collégialité épiscopale et conversion pastorale, missionnaire

Les synodes, par le card. Baldisseri (traduction complète)

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« Le Synode est le lieu de la manifestation de la collégialité épiscopale, du renouvellement de l’Église dans la fidélité à l’Évangile et de l’action imprévisible du Saint Esprit », rappelle le cardinal Baldisseri, en écho au pape François.

Une commémoration du 50e anniversaire de l’institution des synodes a eu lieu dans la matinée de samedi, 17 octobre, au Vatican, dans la salle Paul VI.
La conférence commémorative a été présentée par le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, président de la Conférence des évêques d’Autriche.
Elle a été suivie par les allocutions de cinq représentants des cinq continents, dont le patriarche Sako pour l’Asie et les Églises orientales catholiques.
Le pape François a conclu la rencontre : le texte en français devrait être publié sous peu par la Secrétairerie d’État, indique le P. Federico Lombardi.

La cérémonie a été introduite par le Secrétaire général du synode, le cardinal Lorenzo Baldisseri, qui a présenté une histoire des synodes.
Il a notamment rappelé l’importance d’une « conversion » : « A travers le Synode – dans lequel les Évêques provenant du monde entier mettent au service du Successeur de Pierre leurs conseils, leur prudence et leur expérience[i] – l’Église entend toujours plus « avancer sur le chemin d’une conversion pastorale et missionnaire ».
Voici notre traduction complète, de l’italien, de l’intervention du cardinal Baldisseri.

A.B.

 

Introduction du cardinal Baldisseri

Très bienheureux Père,

Éminences, Béatitudes, Excellences,

Frères et sœurs,

C’est avec une grande joie que nous nous trouvons dans cette salle pour commémorer le cinquantième anniversaire de l’Institution du Synode des Évêques.

En ma qualité de Secrétaire général, je voudrais remercier vivement Votre Sainteté, d’avoir voulu que, pendant le déroulement de la XIVe Assemblée générale ordinaire, se tienne cette célébration, solennisée par votre présence et celle de tous les Pères synodaux ; des Cardinaux, Archevêques et Évêques invités à cet événement ; ainsi que leurs Excellences Messieurs les Ambassadeurs et les distingués Représentants des nombreuses Institutions ecclésiastiques et civiles.

Un remerciement particulier s’étend à tous ceux qui, pendant ces cinquante années, ont offert un service généreux et compétent au cheminement synodal, spécialement aux Secrétaires généraux qui m’ont précédé, aux sous-secrétaires, aux consultants et aux officials d’hier et d’aujourd’hui.

Enfin, je voudrais saluer cordialement et remercier vivement tous les présents dans cette Salle.

Le 15 novembre 1964 le bienheureux Paul VI promulgua le motu proprio Apostolica Sollicitudo, par lequel il instituait le Synode des Évêques lequel est « un conseil permanent spécial des Pasteurs sacrés, afin qu’il continue, même après le Concile, à apporter au Peuple chrétien cette grande abondance de bienfaits, qui pendant le Concile advint de l’union vivante du Souverain pontife avec les Évêques »[ii]. Avec l’institution du Synode, Paul VI entendait répondre à l’exigence d’« adapter les chemins et les méthodes de l’apostolat sacré aux nécessités grandissantes de nos jours et aux conditions de la société en mutation », exigence qui veut « recourir toujours plus à l’aide des Évêques pour le bien de l’Église universelle »[iii].

A seulement quelques mois de la conclusion du Concile Vatican II, le Synode des Évêques commençait son chemin : le nouvel organisme recevait le « témoignage » de la grande assise œcuménique, afin que l’« esprit de collégialité » du Concile continue ainsi à « souffler » sur l’Église.

A partir de là jusqu’à aujourd’hui, on compte 27 Assemblées synodales, y compris celle en cours : 14 Assemblées générales ordinaires, 3 Assemblées générales extraordinaires, 10 Assemblées spéciales.

Les quatorze Assemblées générales ordinaires se sont occupées de la préservation et du renforcement de la foi catholique, du sacerdoce ministériel et de la formation du Presbyterium dans les circonstances actuelles, de la justice dans le monde, de l’évangélisation et de la catéchèse dans l’époque contemporaine, de la pénitence et de la réconciliation, de la vocation et mission des laïcs, de la vie consacrée et du ministère pastoral des évêques, de l’Eucharistie et de la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, de la nouvelle évangélisation et par deux fois de la famille.

Par contre, les trois Assemblées générales extraordinaires ont traité de la coopération entre le Saint-Siège et les conférences épiscopales, du vingtième anniversaire de la conclusion du Concile Vatican II et, l’année dernière, de la famille comme première étape du chemin synodal qui est en train de se conclure.

Il y a eu dix Assemblées spéciales, qui par leur nature se réfèrent à une ou plusieurs zones géographiques : les Pays-Bas, l’Europe deux fois, l’Afrique deux fois, le Liban, l’Amérique, l’Asie, l’Océanie et le Moyen-Orient.

Le Synode, dans ce demi-siècle, a touché de multiples thèmes attenant à la mission évangélisatrice de l’Église dans notre temps. Les diverses Assemblées synodales, qui maintenant, avec un regard d’ensemble se révèlent à nous comme des étapes d’un chemin unitaire et cohérent, sont devenues des instruments privilégiés pour l’actualisation et la perception du Concile Vatican II, en vue du renouvellement pastoral de l’Église et de son dialogue avec le monde contemporain.

Il est révélateur que trois des 27 Assemblées synodales se soient concentrées sur la famille : un choix de grande actualité pour l’Église et pour le monde contemporain. Comme Votre Sainteté nous l’a récemment rappelé, la « respiration mondiale » du Synode des Évêques correspond bien à la « portée universelle de cette communauté humaine fondamentale et irremplaçable qui est justement la famille »[iv].

En parlant aux membres du Conseil ordinaire du Secrétariat Général, en 1983, saint Jean-Paul II a comparé le Synode à un arbre qui porte toujours de nouveaux fruits : « Le Synode des Évêques – affirme-t-il – est un germe dans le terrain fertile du Concile Vatican II, il a pu voir le jour grâce à la pensée sensible de mon Prédécesseur, Paul VI, et qui a commencé à porter ses fruits depuis la première Assemblée ordinaire de 1967. […] Face à cette richesse des fruits déjà produits et des potentialités pas encore déployées par celle qui est encore la jeune institution synodale, il est surtout juste de rendre grâce à Dieu parce qu’il a voulu inspirer sa fondation et guider son œuvre… […] Comme toute institution humaine, le Synode des Évêques est aussi en train de grandir et pourra encore grandir et développer ses potentialités »[v].

Même Votre Sainteté a appliqué l’image des fruits pour l’organisme synodal : le Synode – avez-vous affirmé – « a été un des fruits du Concile Vatican II. Grâce à Dieu, pendant ces presque cinquante ans, on a pu expérimenter les bienfaits de cette institution, qui, de manière permanente, est mise au service de la mission et de la communion de l’Église, comme expression de la collégialité »[vi].

A travers le Synode – dans lequel les Évêques  provenant du monde entier mettent au service du Successeur de Pierre leurs conseils, leur prudence et leur expérience[vii] – l’Église entend toujours plus « avancer sur le chemin d’une conversion pastorale et missionnaire »[viii], pou
r proclamer avec un élan renouvelé aux hommes de notre temps « la joie de l’Évangile [qui] remplit le cœur et la vie entière de ceux qui rencontrent Jésus »[ix]. Cette conversion doit être « capable de transformer chaque chose, afin que les coutumes, les styles, les horaires, les langages de toutes les structures ecclésiales deviennent un canal adapté pour l’évangélisation du monde actuel »[x].

Sainteté, nous Vous sommes reconnaissant d’avoir encouragé, depuis le début de Votre ministère pétrinien, le chemin synodal, pas seulement par Vos paroles prononcées avec autorité dans de multiples occasions, mais aussi par Votre présence constante aux Assemblées Synodales et aux réunions du Conseil ordinaire du Secrétariat général. Avec la conviction que « le chemin de la Synodalité […] est le chemin que Dieu nous demande »[xi], Vous nous exhortez avec détermination à « chercher des formes toujours plus profondes et authentiques de l’exercice de la collégialité synodale, afin de mieux réaliser la communion ecclésiale et promouvoir sa mission intarissable »[xii].

Il y a seulement quelques de jours, dans la première Congrégation générale de l’Assemblée en cours, Votre Sainteté nous a rappelé que le Synode est le lieu de la manifestation de la collégialité épiscopale, du renouvellement de l’Église dans la fidélité à l’Évangile et de l’action imprévisible du Saint Esprit[xiii]. Avec ces trois précieuses indications la route du Synode pour les temps à venir est déjà tracée. C’est une route que nous désirons continuer à « parcourir ensemble », nous les Évêques unis cum Petro et sub Petro au service du Peuple saint de Dieu.

 


[i]  Cf. François, Lettre au Secrétaire Général du Synode des Évêques, son Éminence Cardinal Lorenzo Baldisseri, à l’occasion de l’élévation à la dignité épiscopale du Sous-Secrétaire, Rév. Monseigneur Fabio Fabene, 1er avril 2014.

[ii]  Bienheureux Paul VI, motu proprio Apostolica sollicitudo, 15 novembre 2015.

[iii]  Ibidem.

[iv]  François, Audience générale, 16 septembre 2015.

[v]  Saint Jean-Paul II, Discours au Conseil Permanent du Secrétariat Général du Synode des Évêques, 13 juin 2013.

[vi]  François, Discours au Conseil du Secrétariat Général du Synode des Évêques, 13 juin 2013.

[vii]  Cf. François, Lettre au Secrétaire Général du Synode des Évêques, son Éminence Cardinal Lorenzo Baldisseri, à l’occasion de l’élévation à la dignité épiscopale du Sous-Secrétaire, Rév. Monseigneur Fabio Fabene, 1er avril 2014.

[viii]  François, exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 24 novembre 2013, n. 25.

[ix]  Ibidem.

[x]  Ibidem.

[xi]  François, Entretien accordé au quotidien La Nacion, 7 décembre 2014.

[xii]  François, Lettre au Secrétaire Général du Synode des Évêques, cf. supra.

[xiii]  François, Discours pendant la première Congrégation Générale de la XIVe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, 5 octobre 2015.

 

© Traduction de Zenit, Hugues de Warren

 

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ZENIT Staff

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