Audience générale du 12 mai 2021 © Vatican Media

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Catéchèse : quand Dieu n’accorde pas la grâce ? « Il nous en fera une autre »

« La prière est un combat »

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La prière fait des miracles, affirme le pape François, et quand Dieu « ne nous accorde pas la grâce, il nous en fera une autre, que nous verrons ensuite avec le temps ».

A l’audience générale de ce mercredi matin, 12 mai 2021, qu’il a présidée en présence du public, dans la Cour Saint-Damase du Vatican – après sept mois de retransmission vidéo en raison du coronavirus – le pape a consacré sa catéchèse au « combat » de la prière.

« Il faut toujours combattre dans la prière pour demander la grâce, a-t-il souligné. Oui, parfois nous demandons une grâce dont nous avons besoin, mais nous la demandons comme ça, sans envie, sans combattre, mais ce n’est pas ainsi qu’on doit demander les choses sérieuses. La prière est un combat. »

La prière n’est pas « confortable », a encore prévenu le pape : « La prière apporte assurément une grande paix, mais à travers un combat intérieur, parfois dur… Chaque fois que nous voulons le faire, de nombreuses autres activités nous viennent immédiatement à l’esprit, qui à ce moment-là apparaissent plus importantes et plus urgentes. Cela m’arrive aussi : je vais prier un peu… Et non, je dois faire ceci et cela… Nous fuyons la prière… Nous préférerions être dans n’importe quelle autre partie du monde, mais pas là, sur ce banc de l’église en train de prier. »

AKM

Catéchèse – 33. Le combat de la prière

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je suis content de reprendre cette rencontre face à face, car je dois vous dire une chose: ce n’est pas agréable de parler quand il n’y a personne, devant une caméra. Ce n’est pas agréable. Et maintenant, après de nombreux mois, grâce au courage de Mgr Sapienza– qui a dit: “Non, nous la faisons là” – nous sommes réunis ici. Il est bien Mgr Sapienza! Et retrouver les gens, et vous retrouver, chacun avec sa propre histoire, des gens qui viennent de partout, d’Italie, des Etats-Unis, de Colombie, ensuite cette petite équipe de football de quatre jeunes frères suisses – je crois – qui sont là … quatre. Il manque la petite sœur, espérons qu’elle arrive … Et voir chacun de vous me fait plaisir, car nous sommes tous frères dans le Seigneur et nous regarder nous aide à prier l’un pour l’autre. Même les gens qui sont loin, mais qui deviennent toujours proches. L’immanquable sœur Geneviève qui vient du Lunapark, des gens qui travaillent: ils sont nombreux et ils sont tous ici. Merci pour votre présence et pour votre visite. Apportez le message du Pape à tous. Le message du Pape est que je prie pour tous, et je demande de prier pour moi unis dans la prière.

Et en parlant de prière, la prière chrétienne, comme toute la vie chrétienne, n’est pas une «promenade». Aucun des grands orants que nous rencontrons dans la Bible et dans l’histoire de l’Eglise n’a eu une prière «confortable». Oui, oui on peut prier comme des perroquets – bla , bla, bla, bla, bla – mais ce n’est pas une prière. La prière apporte assurément une grande paix, mais à travers un combat intérieur, parfois dur, qui peut accompagner des périodes parfois longues de la vie. Prier n’est pas une chose facile et c’est pourquoi nous fuyons la prière. Chaque fois que nous voulons le faire, de nombreuses autres activités nous viennent immédiatement à l’esprit, qui à ce moment-là apparaissent plus importantes et plus urgentes. Cela m’arrive aussi : je vais prier un peu… Et non, je dois faire ceci et cela… Nous fuyons la prière, je ne sais pas pourquoi, mais c’est ainsi. Presque toujours, après avoir reporté la prière à plus tard, nous nous apercevons que ces choses n’étaient pas du tout essentielles, et que nous avons peut-être perdu du temps. L’Ennemi nous trompe ainsi.

Tous les hommes et les femmes de Dieu rapportent non seulement la joie de la prière, mais également la difficulté et la fatigue qu’elle peut procurer: à certains moments c’est une lutte dure que de tenir foi aux temps et aux modes de prière. Certains saints l’ont poursuivie pendant des années sans en éprouver aucun goût, sans en percevoir l’utilité. Le silence, la prière, la concentration sont des exercices difficiles, et quelquefois la nature humaine se rebelle. Nous préférerions être dans n’importe quelle autre partie du monde, mais pas là, sur ce banc de l’église en train de prier. Celui qui veut prier doit se rappeler que la foi n’est pas facile, et parfois elle avance dans une obscurité presque totale, sans points de référence. Il y a des moments de la vie de foi qui sont sombres et c’est pourquoi certains saints les appellent: «La nuit obscure», parce que l’on n’entend rien. Mais moi, je continue à prier.

Le Catéchisme énumère une longue série d’ennemis de la prière, ceux qui rendent difficile de prier, qui mettent en difficulté (cf. nn. 2726-2728). Certains doutent qu’elle puisse vraiment atteindre le Tout-puissant: mais pourquoi Dieu est-il silencieux?  Si Dieu est Tout-puissant, il pourrait dire deux mots et mettre un terme à l’histoire. Devant la nature insaisissable du divin, d’autres ont le soupçon que la prière ne soit qu’une simple opération psychologique; une chose qui est peut-être utile, mais qui n’est pas vraie ni nécessaire: et on pourrait même être pratiquants sans être croyants. Et ainsi de suite, avec tant d’explications.

Les pires ennemis de la prière se trouvent cependant en nous. Le Catéchisme les appelle ainsi: «Découragement devant nos sécheresses, tristesse de ne pas tout donner au Seigneur, car nous avons « de grands biens » (cf. Mc 10, 22), déception de ne pas être exaucés selon notre volonté propre, blessure de notre orgueil qui se durcit sur notre indignité de pécheur, allergie à la gratuité de la prière» (n. 2728). Il s’agit clairement d’une liste sommaire, qui pourrait être allongée.

Que faire au moment de la tentation, quand tout semble vaciller? Si nous explorons l’histoire de la spiritualité, nous remarquons immédiatement que les maîtres de l’âme avaient bien clairement à l’esprit la situation que nous avons décrite. Pour la dépasser, chacun d’entre eux a offert une contribution: une parole de sagesse, ou bien une suggestion pour affronter les temps pavés de difficultés. Il ne s’agit pas de théories élaborées à un bureau, non, mais de conseils nés de l’expérience, qui montrent l’importance de résister et de persévérer dans la prière.

Il serait intéressant de passer en revue au moins certains de ces conseils, car chacun mérite d’être approfondi. Par exemple, les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola sont un livret de grande sagesse, qui enseigne à mettre de l’ordre dans sa propre vie. Il fait comprendre que la vocation chrétienne est le choix de militer, est la décision de se placer sous la bannière de Jésus Christ et pas sous celle du diable, en cherchant à faire le bien même quand cela devient difficile.

Dans les temps d’épreuve, il est bon de se rappeler que nous ne sommes pas seuls, que quelqu’un veille à nos côtés et nous protège. Saint Antoine abbé, fondateur du monachisme chrétien, en Egypte, affronta lui aussi des moments terribles, où la prière se transformait en dure lutte. Son biographe saint Athanase, évêque d’Alexandrie, raconte que l’un des pires épisodes arriva au saint ermite vers ses trente-cinq ans, un âge moyen qui comporte une crise pour beaucoup de personnes. Antoine fut troublé par cette épreuve, mais il résista. Quand il retrouva finalement sa sérénité, il s’adressa à son Seigneur sur un ton presque de reproche: «Où étais-tu? Pourquoi n’es-tu pas venu immédiatement pour mettre fin à mes souffrances?». Et Jésus répondit: «Antoine, j’étais là. Mais j’attendais de te voir combattre» (Vie d’Antoine, n. 10). Combattre dans la prière. Et très souvent la prière est un combat. Il me vient à l’esprit quelque chose que j’ai vécu de près, quand j’étais dans l’autre diocèse. Il y avait un couple qui avait une petite fille de neuf ans, atteinte d’une maladie que les médecins ne connaissaient pas. Et à la fin, à l’hôpital, le médecin dit à la mère: “Madame, appelez votre mari”. Et son mari était au travail; ils étaient ouvriers, ils travaillaient tous les jours. Et il a dit au père: “Votre fille ne passera pas la nuit. C’est une infection, nous ne pouvons rien faire”. Peut-être cet homme n’allait-il pas tous les jours à la Messe, mais il avait une grande foi. Il sortit en pleurant, il laissa sa femme avec la petite fille à l’hôpital, prit le train et parcourut  les soixante-dix kilomètres jusqu’à la basilique de la Vierge de Luján, la Patronne de l’Argentine. Et là – la basilique était déjà fermée, il était presque dix heures du soir – il s’accrocha aux grilles de la basilique et pria la Vierge toute la nuit, en combattant pour la santé de sa fille. Ce n’est pas une histoire inventée; je l’ai vu! Je l’ai vécu. Cet homme combattait. A la fin, à six heures du matin, dès l’ouverture de l’église il entra pour saluer la Vierge: toute la nuit à “combattre” et ensuite il rentra chez lui. Quand il arriva, il chercha sa femme, mais il ne la trouva pas et pensa: “Elle est partie. Non, la Vierge ne peut pas me faire ça”. Puis il la trouva souriante, qui disait: “Je ne sais pas ce qui s’est passé; le médecins me disent que les choses ont changé et que notre fille est à présent guérie”. En luttant avec la prière, cet homme a obtenu la grâce de la Vierge. La Vierge l’a écouté. Et j’ai vu cela: la prière fait des miracles, car la prière va précisément au cœur de la tendresse de Dieu qui nous aime comme un père. Et quand il ne nous accorde pas la grâce, il nous en fera une autre, que nous verrons ensuite avec le temps. Mais il faut toujours combattre dans la prière pour demander la grâce. Oui, parfois nous demandons une grâce dont nous avons besoin, mais nous la demandons comme ça, sans envie, sans combattre, mais ce n’est pas ainsi qu’on doit demander les choses sérieuses. La prière est un combat et le Seigneur est toujours avec nous.

Si dans un moment d’aveuglement nous ne réussissons pas à apercevoir sa présence, nous y arriverons à l’avenir. Nous répéterons nous aussi la même phrase que le patriarche Jacob prononça un jour: «En vérité, Yahvé est en ce lieu et je ne le savais pas!» (Gn 28,16). A la fin de notre vie, en regardant derrière nous, nous pourrons dire nous aussi: «Je pensais que j’étais seul, mais non, je ne l’étais pas: Jésus était avec moi». Nous pourrons tous dire cela.

© Copyright – Librairie éditrice du Vatican

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Rédaction

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