ROME, Jeudi 18 janvier 2007 (ZENIT.org) – Tandis que se prépare au Vatican une rencontre de haut niveau au sujet de la Chine, la nouvelle de la nomination par le pape d’un évêque pour le diocèse de Canton a filtré dans la presse, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA 456, eglasie.mepasie.org).
A la veille de la tenue à Rome de cette réunion, la presse de Hongkong a fait état de la nomination par le pape du P. Gan Junqiu à la tête du diocèse de Canton, dans la province du Guangdong.
Le choix du candidat n’est pas une surprise, commente Eglises d’Asie. A la fin du mois de novembre dernier (cf. EDA 453), le P. Gan Junqiu, 42 ans, secrétaire général du diocèse, avait été élu par 36 voix pour et une abstention, quelques voix se portant sur des prêtres âgés du diocèse. Les électeurs étaient composés des quelque seize prêtres du diocèse, de religieuses et de responsables laïques. La candidature du P. Gan a été étudiée par le Saint-Siège pour un éventuel accord. C’est cet accord qui a filtré, à Hongkong le 16 janvier sur Cable TV, puis dans la presse chinoise de Hongkong le lendemain. A Hongkong, le South China Morning Post en fait état dans son édition datée du 18 janvier.
Le P. Gan étant appelé à devenir l’évêque « officiel » du diocèse de Canton – un siège épiscopal vacant depuis le décès, en mai 2001, de Mgr James Lin Bingliang –, sa candidature doit également être acceptée par les autorités chinoises. Selon Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, les structures de l’Eglise de Chine n’ont pas fini l’étude de sa candidature ; par conséquent, la date de l’ordination épiscopale du P. Gan n’a pas encore été fixée.
Selon les observateurs, l’élévation à l’épiscopat du P. Gan diffère évidemment des ordinations illicites – car non reconnues par le pape – qui ont eu lieu, au printemps 2006, à Kunming et dans l’Anhui et, le 30 novembre dernier, à Xuzhou. En revanche, elle s’inscrit bien à la suite des nominations épiscopales de ces derniers mois où les candidats choisis localement dans les diocèses ont été approuvés tant par le pape que par les autorités chinoises. Cela a été le cas à Shanghai, Xi’an (province du Shaanxi), Wanxian (Chongqing), Suzhou (province du Jiangsu) et Shenyang (Liaoning). Mais la nomination du P. Gan présente toutefois une particularité : l’accord du pape sur la candidature a filtré avant celui des autorités chinoises. Autrement dit, Pékin se voit contraint ici de reconnaître que la nomination par Rome a précédé la nomination par les instances « officielles » de l’Eglise de Chine, ce qui présente une contradiction avec les principes d’indépendance réaffirmés avec constance par le gouvernement de la Chine.
Selon un observateur, la question se pose désormais du choix des évêques consécrateurs. Pour le Saint-Siège, aucun évêque illégitime ne devrait être associé à la consécration. De son côté, Pékin souhaitera mettre en avant des évêques qui ont été compromis dans les récentes ordinations illicites.
Dans les prochains mois, de nouvelles nominations épiscopales pourraient avoir lieu. Des candidats ont été choisis pour les diocèses de Yichang (province du Hubei) et du Guizhou ; la réponse de Rome n’est pas encore connue.