CASTEL GANDOLFO, dimanche 26 août 2001 (ZENIT.org) – Dans la matinée du mercredi 15 août 2001, solennité de l´Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, le Pape Jean-Paul II a célébré une messe dans la cour du Palais pontifical de Castel Gandolfo. A cette occasion, il a prononcé l´homélie suivante:
1. « Le dernier ennemi détruit, c´est la Mort » (1 Co 15, 26).
Les paroles de Paul, qui viennent de retentir au cours de la deuxième lecture, nous aident à comprendre le sens de la solennité que nous célébrons aujourd´hui. En Marie, élevée au ciel au terme de sa vie terrestre, resplendit la victoire définitive du Christ sur la mort, entrée dans le monde à cause du péché d´Adam. C´est le Christ, le « nouvel » Adam, qui a vaincu la mort, en s´offrant en sacrifice sur le Calvaire, dans un geste d´amour obéissant au Père. Il nous a ainsi sauvés de l´esclavage du péché et du mal. Dans le triomphe de la Vierge, l´Eglise contemple Celle que le Père a choisie comme vraie Mère de son Fils unique, en l´associant intimement au dessein salvifique de la Rédemption.
C´est pour cela que Marie, comme le montre bien la liturgie, est un signe réconfortant pour notre espérance. En la contemplant, enlevée dans l´exultation de la foule des anges, l´histoire humaine tout entière, avec ses lumières et ses ombres, s´ouvre à la perspective de la béatitude éternelle. Si l´expérience quotidienne nous permet de nous rendre compte que le pèlerinage terrestre est placé sous le signe de l´incertitude et de la lutte, la Vierge élevée dans la gloire du Paradis nous assure que le secours divin ne nous fera jamais défaut.
2. « Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme! Le soleil l´enveloppe » (Ap 12,1). Contemplons Marie, très chers frères et soeurs ici rassemblés en ce jour si cher à la dévotion du peuple chrétien. Je vous salue avec une grande affection. Je salue en particulier M. le Cardinal Angelo Sodano, le premier de mes collaborateurs, ainsi que l´Evêque d´Albano et son Auxiliaire, en les remerciant de leur présence courtoise. Je salue en outre le curé, ainsi que les prêtres qui l´aident dans sa tâche, les religieux et les religieuses et tous les fidèles présents, en particulier les consacrés salésiens, la communauté de Castel Gandolfo et celle des Villas pontificales. J´étends ma pensée aux pèlerins des différents groupes linguistiques qui ont voulu s´unir à notre célébration. Je souhaite à chacun de vivre dans la joie la solennité de ce jour, qui est riche d´occasions de méditation.
Un grand signe apparaît pour nous dans le ciel aujourd´hui: la Vierge Mère! L´auteur sacré du livre de l´Apocalypse nous en parle à travers un langage prophétique dans la première lecture. Quel prodige extraordinaire se trouve devant nos yeux stupéfaits! Habitués à fixer les réalités de la terre, nous sommes invités à regarder vers le Haut: vers le ciel, qui est notre Patrie définitive, où la Très Sainte Vierge nous attend.
L´homme moderne, peut-être plus encore que par le passé, est pris par des intérêts et des préoccupations matérielles. Il recherche la sécurité et, souvent, il fait l´expérience de la solitude et de l´angoisse. Et que dire ensuite de l´énigme de la mort? L´Assomption de Marie est un événement qui nous touche de près justement parce que l´homme est destiné à mourir. Mais la mort n´est pas le dernier mot. Elle est – comme nous l´affirme le mystère de l´Assomption de la Vierge – le passage vers la vie à la rencontre de l´Amour. Elle est le passage vers la béatitude céleste réservée à ceux qui oeuvrent pour la vérité et la justice et s´efforcent de suivre le Christ.
3. « Désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1, 48). Ainsi s´exprime la Mère du Christ lorsqu´elle rencontre sa parente âgée, Elisabeth. L´Evangile nous a reproposé, il y a peu, le Magnificat que l´Eglise chante chaque jour. C´est la réponse de la Madone aux paroles prophétiques de sainte Elisabeth: « Bienheureuse celle qui a cru en l´accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Lc 1, 45).
En Marie, la promesse se fait réalité: Bienheureuse est la Mère et bienheureux serons-nous, nous, ses fils, si, comme elle, nous écoutons et nous mettons en pratique la Parole du Seigneur.
Puisse la solennité de ce jour ouvrir notre coeur à cette perspective supérieure de l´existence. Que la Vierge, que nous contemplons aujourd´hui resplendissante à la droite du Fils, aide l´homme d´aujourd´hui à vivre en croyant « en l´accomplissement de la Parole du Seigneur ».
4. « Aujourd´hui, les fils de l´Eglise sur la terre célèbrent dans la joie le passage de la Vierge à la cité divine, la Jérusalem céleste » (Laudes et hymni, VI). C´est ce que chante la liturgie arménienne aujourd´hui. Je fais miennes ces paroles, en pensant au pèlerinage apostolique au Kazakhstan et en Arménie que j´accomplirai, si Dieu le veut, dans un peu plus d´un mois. Je Te confie, Marie, l´issue de cette nouvelle étape de mon service de l´Eglise et du monde. Je Te demande d´aider les croyants à être les sentinelles de l´espérance qui ne déçoit pas, et à proclamer sans cesse que le Christ est vainqueur du mal et de la mort. Illumine, ô Femme fidèle, l´humanité de notre temps afin qu´elle comprenne que la vie de tout homme ne finit pas dans une poignée de poussière, mais est appelée à un destin d´éternel bonheur.
Marie, qui es la « joie du ciel et de la terre », veille et prie pour nous et pour le monde entier, maintenant et toujours. Amen!
(©L´Osservatore Romano – 14 août 2001)