P. Cantalamessa : Le Renouveau Charismatique est la « résurgence du christianisme des origines »

Entretien avec le prédicateur de la Maison pontificale

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ROME, Mercredi 14 juin 2006 (ZENIT.org) – A la base du Renouveau charismatique catholique (RCC) se trouve « une expérience joyeuse de la grâce de Dieu » qui conduit le chrétien à puiser à la richesse du christianisme non « par obligation ou par la force mais parce qu’il se sent attiré », a affirmé le père Raniero Cantalamessa, OFM cap.

Le prédicateur de la Maison pontificale a prononcé ces paroles le 4 juin dernier, dimanche de la Pentecôte, à Marino (Italie) en présence de plus de 7000 membres du RCC venus du monde entier pour participer à une rencontre qui avait pour thème : « Mon âme exalte le Seigneur ».

Cette rencontre était organisée par l’ICCRS dans le cadre de la préparation du 40ème anniversaire du RCC qui aura lieu en février 2007.

Le père Cantalamessa a expliqué que dans la Bible l’Esprit Saint se révèle de deux manières différentes : une manière appelée « charismatique » c’est-à-dire que « l’Esprit Saint accorde des dons particuliers » non pas pour le « progrès spirituel » ou comme « récompense pour la propre sainteté » de celui qui les reçoit, mais pour « édifier la communauté » ; une autre manière d’agir de l’Esprit est appelée « transformante ou sanctifiante », c’est-à-dire qu’elle est basée sur la transformation de la personne si bien que celle qui en fait l’expérience en ressort régénérée et revêtue d’une « vie nouvelle ».

« Cette action transformante de l’Esprit est une expérience, et non une idée de la grâce », a-t-il expliqué.

Le père Cantalamessa a ajouté que « ces deux manières d’agir de l’Esprit Saint que nous avons vues dans toute la Bible et du jour de la Pentecôte à aujourd’hui , se sont manifestées de manière saisissante dans le Renouveau charismatique ».

Il a expliqué que le Renouveau charismatique a ainsi fait « réapparaître dans l’Eglise les charismes de la Pentecôte, qui s’étaient perdus », et a constitué d’une certaine manière « la réponse de Dieu à la prière du pape Jean XXIII pour une nouvelle Pentecôte » faite au début du Concile Vatican II.

Interrogé par Zenit en marge de cette rencontre, le père Cantalamessa raconte son expérience personnelle liée au Renouveau charismatique et explique ce que ce « courant de grâce » peut apporter à l’Eglise et au monde aujourd’hui.

Zenit : Dans l’Evangile de Jean Jésus répond aux questions de Nicodème en affirmant que « l’Esprit souffle où il veut » (Jn 3, 8). Pensez-vous qu’il soit possible d’interpréter la direction dans laquelle souffle l’Esprit Saint ?

P. Cantalamessa : Dans son homélie pour la Veillée de la Pentecôte le pape a dit une chose très belle en commentant ces paroles de l’Evangile de Jean. Il a dit effectivement que l’Esprit « souffle où il veut » mais il a précisé que l’Esprit ne souffle jamais de manière désordonnée, contradictoire. Nous avons derrière nous toute la tradition de l’Eglise, la Doctrine des docteurs de l’Eglise, le Magistère de l’Eglise, pour discerner quels charismes sont valides et quels charismes ne le sont pas. Il peut arriver qu’au départ il y ait des charismes qui fassent beaucoup de bruit, qui attirent beaucoup l’attention mais qui avec le temps se révèlent sans fondement. L’Eglise est comme l’eau : elle reçoit tous les corps, mais les vrais, les corps solides, elle les accueille en son sein, alors que les autres, elle les laisse à la superficie. Les charismes qui sont vides, qui ne sont que manifestation extérieure, restent à l’extérieur de l’Eglise.

Zenit : Selon vous, dans le contexte actuel, les Mouvements ecclésiaux sont-ils davantage appelés à un élan d’évangélisation, à un engagement dans le dialogue œcuménique ou à combattre la sécularisation ou la crise de la famille ?

P. Cantalamessa : Je suis convaincu, comme le pape s’est également déclaré convaincu, que les Mouvements sont une grâce de l’Eglise d’aujourd’hui ; une réponse adaptée au monde d’aujourd’hui, au monde sécularisé, à un monde où les prêtres et la hiérarchie n’arrivent plus à entrer et qui a donc besoin des laïcs. Ces Mouvements de laïcs sont insérés dans la société, ils vivent au milieu des autres. Je pense par conséquent qu’ils ont une tâche extraordinaire et que grâce à Dieu, il ne s’agit pas d’une utopie pour l’avenir mais de quelque chose que nous voyons de nos propres yeux car les Mouvements ecclésiaux sont aux avant-postes de l’évangélisation, ils sont présents dans les œuvres caritatives, et génèrent un large éventail d’activités. Le fait est que ces Mouvements donnent aux chrétiens une motivation nouvelle et leur font redécouvrir la beauté de la vie chrétienne et les préparent ainsi à assumer des tâches d’évangélisation, d’animation pastorale et de l’Eglise.

Zenit : En deux mots, comment êtes-vous entré en contact avec le Renouveau ?

P. Cantalamessa : Ce n’est pas moi qui suis entré en contact, Quelqu’un m’a pris et m’y a conduit. Lorsque je priais les Psaumes j’avais déjà auparavant le sentiment qu’ils avaient été écrits pour moi. Puis lorsque je suis allé de Convent Station dans le New Jersey, au Couvent des Capucins de Washington je me sentais attiré par l’Eglise comme par un aimant. Ceci était une découverte de la prière, et il s’agissait d’une prière trinitaire. Le Père semblait impatient de me parler de Jésus et Jésus voulait me révéler le Père. Je crois que le Seigneur m’a fait accepter, après une grande résistance l’effusion de l’Esprit puis, de nombreuses choses sont venues avec le temps. J’enseignais l’histoire des origines chrétiennes à l’Université catholique de Milan puis j’ai commencé à prêcher, jusqu’en 1980 lorsque je suis devenu prédicateur de la Maison pontificale.

Zenit : Dans le panorama des nombreux Mouvements ecclésiaux, quelle contribution particulière le Renouveau charismatique catholique peut-il apporter à l’Eglise ?

P. Cantalamessa : D’une certaine manière nous sommes très humbles et discrets : nous n’avons pas de pouvoir, nous n’avons pas de grandes structures, nous n’avons pas de fondateur, mais le Renouveau charismatique catholique est celui qui, par exemple, parmi tous les Mouvements ecclésiaux, s’intéresse le plus à la théologie. Il y a en effet une demande sur l’Esprit Saint dans le Renouveau charismatique. Tous les grands traités des théologiens sur l’Esprit Saint parlent en effet du Renouveau car il ne s’agit pas d’une spiritualité à côté d’une autre, mais de la résurgence du christianisme des origines, qui était celui des Apôtres. Je crois que son objectif n’est pas limité à un secteur en particulier mais plutôt à l’animation de l’Eglise. Le Renouveau ne devrait pas conduire à constituer des groupes, des Eglises. Malheur s’il en était ainsi ! Il devrait être, comme le disait le cardinal Leo Joseph Suenens, un courant de grâce qui se perd dans la masse de l’Eglise.

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ZENIT Staff

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