P. Cantalamessa : La doctrine de la Trinité est le meilleur antidote à l’athéisme moderne

Homélie du dimanche 11 juin

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ROME, Vendredi 9 juin 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 28, 16-20

Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

© AELF

La vie chrétienne se déroule entièrement sous le signe et en présence de la Trinité. A l’aube de notre vie nous avons été baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » et à la fin, les paroles suivantes seront récitées à notre chevet : « Tu quittes ce monde, âme chrétienne : au nom du Père qui t’a créée, du Fils qui t’a rachetée et de l’Esprit Saint qui t’a sanctifiée ».

Entre ces deux moments extrêmes viennent se placer d’autres moments dits « de passage » qui, pour un chrétien, sont tous marqués par l’invocation de la Trinité. C’est au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit que les époux s’unissent dans le mariage et que les prêtres sont consacrés par l’évêque. Il fut un temps où les contrats, les sentences et tout acte important de la vie civile et religieuse commençaient par une formule « au nom de la Trinité ».

Il n’est donc pas exact d’affirmer que la Trinité est un mystère lointain, sans rapport avec la vie de tous les jours. Il s’agit en revanche des trois personnes qui nous sont les plus « intimes » dans la vie : en effet, elles ne sont pas à l’extérieur de nous-mêmes, comme notre femme ou notre mari, mais en nous. Elles « demeurent en nous » (Jn 14, 23), nous sommes leur « temple ».

Mais pourquoi les chrétiens croient-ils à la Trinité ? N’est-ce pas suffisant de croire à l’existence de Dieu ? Faut-il ajouter également qu’il est « un et trine » ? Les chrétiens croient que Dieu est un et trine car ils croient que Dieu est amour ! C’est la révélation de Dieu comme amour, faite par Jésus, qui nous a « contraints » à admettre la Trinité. Il ne s’agit pas d’une invention humaine.

Si Dieu est amour, il doit aimer quelqu’un. Il n’existe pas en effet d’amour « dans le vide », sans aucun objet. Mais qui Dieu aime-t-il pour être défini amour ? Les hommes ? Mais les hommes existent depuis quelques millions d’années, pas davantage. Le cosmos, l’univers ? Mais l’univers existe depuis quelques milliards d’années. Avant cela, qui Dieu aimait-il pour pouvoir se définir amour ? Nous ne pouvons pas dire qu’il s’aimait lui-même, car cela ne serait pas de l’amour mais de l’égoïsme ou du narcissisme.

Voici donc la réponse de la révélation chrétienne : Dieu est amour, car depuis toute éternité il a « en son sein » un Fils, le Verbe, qu’il aime d’un amour infini, c’est-à-dire avec l’Esprit Saint. Dans tout amour il existe toujours trois réalités ou sujets : un qui aime, un qui est aimé et l’amour qui les unit. Le Dieu chrétien est un et trine car il est communion d’amour. Dans l’amour, unité et pluralité se réconcilient ; l’amour crée l’unité dans la diversité ; « unité » d’intentions, de pensée, de volonté ; « diversité » de sujets, de caractéristiques et dans le domaine humain, de sexe. Dans ce sens, la famille est l’image la moins imparfaite de la Trinité. Ce n’est pas un hasard que Dieu ait dit lorsqu’il a créé le premier couple humain : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gn 1, 26-27).

Selon les athées modernes, Dieu ne serait qu’une projection que l’homme fait de lui-même, comme dans le cas de celui qui prend pour quelqu’un d’autre sa propre image qui se reflète dans un ruisseau. Ceci peut être vrai pour toute autre idée de Dieu mais pas du Dieu chrétien. Quel besoin aurait l’homme en effet de se diviser en trois personnes : Père, Fils et Esprit Saint, si Dieu n’était que la projection que l’homme fait de sa propre image ? La doctrine de la Trinité est à elle seule, le meilleur antidote à l’athéisme moderne.

Ce que je viens de dire vous semble trop difficile ? Vous n’avez pas compris grand-chose ? Je serais tenté de dire : ne vous inquiétez pas. Lorsqu’on se trouve sur le rivage d’un lac ou d’une mer et l’on veut savoir ce qui se trouve sur l’autre rive, le plus important n’est pas d’ouvrir grand les yeux et d’essayer de scruter l’horizon, mais de monter dans la barque qui conduit sur l’autre rive. Dans le cas de la Trinité, l’important n’est pas de spéculer sur le mystère mais de demeurer dans la foi de l’Eglise qui est la barque qui conduit à la Trinité.

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ZENIT Staff

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