ROME, Jeudi 25 mai 2006 (ZENIT.org) – « Soyez accessibles dans les paroisses et les confessionnaux », recommande le pape au clergé polonais qu’il a rencontré en fin de matinée en la cathédrale Saint-Jean de Varsovie, où il a brossé en quelque sorte un très exigeant portrait robot du prêtre du XXIe siècle.
Le cardinal archevêque de Varsovie, Jozef Glemp, fêtait lui-même aujourd’hui ses 50 ans de sacerdoce: il a été ordonné le 25 mai 1956.
« Soyez accessibles dans les paroisses et les confessionnaux, accompagnez les nouveaux mouvements et les associations, soutenez les familles, ne négligez pas le lien avec les jeunes, souvenez-vous des pauvres et des abandonnés », a demandé le pape au clergé polonais.
Aux prêtres aussi, le pape a rappelé le thème de son voyage en ajoutant en italien: « Restez fermes dans la foi! (…) Soyez authentiques dans votre vie et dans votre ministère. En fixant (le regard) sur le Christ vivez une vie modeste, solidaire avec les fidèles auxquels vous êtes envoyés. Servez-les tous ».
Il avait auparavant évoqué les « héroïques témoins de la foi » et les figures de prêtres de l’histoire douloureuse de la Pologne, dont le cardinal primat, Stefan Wyszynski, mort en offrant sa vie pour Jean-Paul II.
Des saints et des hommes ordinaires, qui, disait le pape, ont persévéré dans la « droiture, dans l’authenticité et dans la bonté, sans jamais céder au manque de confiance »: « ils ne se sont pas laissés dominer par les forces des ténèbres ».
« Croyez à la puissance de votre sacerdoce! », lançait le pape, invitant les prêtres à tout faire « au nom du Christ » pour qu’il puisse se servir de leurs « lèvres » et de leurs « mains ». Des mains qui ne sont pas destinées à servir « l’égoïsme » mais « doivent transmettre au monde le témoignage de son amour ».
Face à la « grandeur du sacerdoce », qui peut engendrer des craintes, le pape invitait les prêtres face à leurs « faiblesses » à se confier à « l’amour du Christ ».
Il leur recommande de ne pas se laisser prendre par la « hâte », rappelant que le temps « consacré au Christ dans la prière silencieuse » n’est jamais du « temps perdu », mais c’est là que se cachent « les fruits les meilleurs » de leur service pastoral.
« Il ne faut pas se décourager du fait que la prière exige un effort, ni par l’impression que Jésus se taise. Il se tait mais il agit ».
Benoît XVI citait le silence « profond et inoubliable » d’un million de jeunes au moment de l’adoration du Saint-Sacrement à Cologne en août dernier.
« Dans un monde où il y a tellement de bruit, disait-il, tant d’égarement, on a besoin de l’adoration silencieuse de Jésus caché dans l’hostie ».
En italien, Benoît XVI ajoutait: « Les fidèles attendent une seule chose des prêtres : qu’ils soient des spécialistes de la promotion de la rencontre de l’homme avec Dieu. On ne demande pas au prêtre d’être un expert en économie, en bâtiment ou en politique. On attend de lui qu’il soit un expert dans la vie spirituelle ».
Le pape invite les clercs à devenir des « prêtres authentiques », loin des « hypocrisies », parfois héritées du totalitarisme.
« On grandit en maturité affective, faisait remarquer Benoît XVI, lorsque le cœur adhère à Dieu. Le Christ a besoin de prêtres qui soient mûrs, virils, capables de cultiver une authentique paternité spirituelle ».
D’autre part, le pape a rappelé les appels de Jean-Paul II à ce que les chrétiens fassent « pénitence » pour les « infidélités passées ».
Tout en réaffirmant la sainteté de l’Eglise faite cependant « d’hommes pécheurs », Benoît XVI invitait les prêtres à ne pas s’identifier seulement à ceux qui sont sans péché: « Comment l’Eglise aurait-elle pu éloigner de ses rangs les pécheurs? », puisque le Christ est venu, est mort et est ressuscité pour eux.
Le pape invitait le clergé à vivre avec « sincérité » la pénitence chrétienne, sans s’ériger « avec arrogance en juges des générations précédentes, qui ont vécu en d’autres temps, et d’autres circonstances ».
« Il faut, avec une humble sincérité, ne pas nier les péchés du passé », et cependant ne pas lancer d’accusations faciles en l’absence de preuves réelles ou en ignorant les différentes pré-compréhensions d’alors ».
En outre, le pape recommandait que « la confession du péché » soit toujours accompagnée de la « confessio laudis », « la confession de louange », pour « rappeler le bien accompli avec l’aide de la grâce divine ».
Pour ce qui concerne les défis actuels de l’Eglise de Pologne, le pape identifiait le chômage, l’émigration et la nécessité de ne pas abandonner le soin pastoral de ceux qui quittent leur pays.
Le pape se réjouissait des nombreux missionnaires polonais envoyés dans le monde, en exhortant les prêtres à ne pas avoir peur de laisser un « monde sûr et connu » pour servir là où l’on manque de prêtres et où « la générosité peut porter un fruit abondant ».
La cathédrale Saint-Jean renferme les tombeaux des cardinaux Stefan Wysynski (mort en 1981), et August Hlonbd (mort en 1948), auprès desquelles le pape s’est recueilli avant de quitter la cathédrale.
Dans l’après-midi, il a rendu une visite de courtoisie au président de la république avant de rencontrer les autres confessions chrétiennes en l’église luthérienne de la Sainte-Trinité: une rencontre particulièrement cordiale que nous évoquerons demain.