ROME, Mardi 7 mars 2006 (ZENIT.org) – « Le chrétien est appelé à toujours chercher la justice », affirme Benoît XVI, car « les œuvres de charité ne doivent pas se substituer à l’engagement pour la justice sociale », et « justice et charité sont deux aspects inséparables de l’unique engagement social du chrétien ». Benoît XVI insistait sur la « charité sociale » et sur l’intercession de saint Joseph, patron des travailleurs.
Le pape a en effet reçu, samedi dernier, en la salle Paul VI du Vatican les Membres de l’Union chrétienne des Chefs d’entreprise (U.C.I.D., www.ucid.it). Le 19 mars prochain, un rassemblement des travailleurs aura par ailleurs lieu au Vatican à l’occasion de la fête de saint Joseph.
Le pape disait avoir été frappé par la proposition de l’association de « tendre à une éthique qui aille au-delà de la simple déontologie professionnelle, même si, dans le contexte actuel, elle ne serait déjà pas peu de chose ».
C’est pourquoi le pape s’attardait au rapport entre « justice et charité », qu’il aborde dans la seconde partie de son encyclique Deus caritas est (nn. 26-29).
« Le chrétien est appelé, disait le pape, à toujours chercher la justice, mais il porte en soi l’élan de l’amour, qui va au-delà de la justice ».
« Le chemin accompli par les laïcs chrétiens, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours, les a conduits à la conscience que les œuvres de charité ne doivent pas se substituer à l’engagement pour la justice sociale ».
« La doctrine sociale de l’Eglise et surtout l’action de tant d’associations d’inspiration chrétienne, comme la vôtre, démontrent le chemin parcouru par la communauté ecclésiale à ce sujet. Ces dernières années, grâce aussi au magistère et au témoignage des pontifes romains, et en particulier du bien aimé pape Jean-Paul II, il est plus clair pour nous tous que la justice et la charité sont deux aspects inséparables de l’unique engagement social du chrétien », a poursuivi le pape.
« Aux fidèles laïcs, en particulier, revient de travailler pour un ordre juste dans la société, en participant au premier chef à la vie publique, en coopérant avec les autres citoyens sous leur responsabilité propre (cf. Deus caritas est, 29). En faisant cela, ils sont animés par la ‘charité sociale’ qui les rend attentifs aux personnes en tant que personnes, aux situations en plus grande difficulté, ou dans la solitude, et aux besoins non matériels (cf. DCE 28b) ».
Benoît XVI attirait spécialement l’attention sur la publication, par le conseil pontifical Justice et Paix, du « Compendium de l’enseignement social de l’Eglise catholique ».
Le pape y voit un « instrument de formation très utile pour ceux qui ont l’intention de se laisser guider par l’Evangile, dans leur activité de travail professionnel ».
« Je suis certain qu’il a fait l’objet d’un examen attentif aussi de votre part, et je souhaite que pour chacun de vous et pour les sections locales de l’UCID, il devienne un point de référence constante dans l’examen des questions, l’élaboration de projets, la recherche de solutions pour les problèmes complexes du monde du travail, et de l’économie. Et en effet c’est justement dans ce domaine que vous réalisez une part incontournable de votre mission de laïcs chrétiens, et donc de votre chemin de sanctification ».
Par ailleurs, le pape évoquait la « Charte des valeurs » élaborée par l’UCID et il se félicitait « de l’esprit positif et de confiance dans la personne humaine qui l’anime » car « à chaque ‘credo’, elle unit un ‘engagement’, en misant sur une forte conviction et un effort de mise en œuvre équivalent ».
Benoît XVI s’arrêtait à cette proposition de « mettre en valeur chaque personne pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle peut donner, selon ses talents, en refusant toute forme d’exploitation, ainsi que l’importance reconnue à la famille et à la responsabilité personnelle ».
« Il s’agit de valeurs qui hélas aussi à cause des difficultés économiques actuelles risquent souvent de n’être pas suivis par des entrepreneurs qui sont dépourvus d’une solide inspiration morale. Pour cela, l’apport de ceux qui puissent dans leur formation chrétienne est indispensable ». Et cette formation, soulignait le pape, ne va pas de soi, mais elle doit être « toujours nourrie et renouvelée ».
Le pape évoquait la célébration de la solennité de saint Joseph, patron des travailleurs, le 19 mars prochain. « Dans l’histoire de votre association sa vénération a toujours été présente », soulignait le pape, qui ajoutait: « De mon côté, comme je porte son nom, je suis heureux, aujourd’hui, de pouvoir vous l’indiquer non seulement comme un protecteur céleste et comme intercesseur pour toute initiative méritoire, mais avant même, comme confident de votre prière, de votre engagement ordinaire, certainement constellé de satisfactions et de déceptions, de votre vie quotidienne, et, je dirais, la recherche tenace de la justice de Dieu dans les choses humaines. C’est justement saint Joseph qui vous aidera à mettre en pratique l’exigeante exhortation de Jésus: ‘Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice’ (Mt 6,33) ».
Le pape concluait en disant: « Que la Vierge Marie et les grands témoins de la charité sociale, qui, par leur enseignement et leur action ont répandu l’Evangile de la charité, vous assiste toujours également ».