Lorsque les pays « accueillant un afflux important de réfugiés restent seuls, il est inévitable que les réfugiés eux-mêmes ne soient pas accueillis avec dignité », affirme Mgr Ivan Jurkovic : « Si nous nous soucions vraiment des réfugiés, nous ne devons ni ignorer ni abandonner les communautés hôtes. Dans le même temps, nous devons résoudre les causes profondes du déplacement forcé. »
Le nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies et aux autres organisations internationales à Genève est intervenu à l’occasion de la rencontre du 70e Comité exécutif du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés le 9 octobre 2019, à Genève. Mgr Jurkovic a aussi annoncé un événement sur « La santé des migrants et des réfugiés : une question de vie et de dignité » organisé par une Mission permanente du Saint-Siège à Genève le 27 novembre prochain.
Au cours des deux derniers jours, a indiqué le nonce apostolique, « de nombreux appels ont été lancés pour que les États directement touchés par les afflux les plus importants ne restent pas seuls ». Ces appels « renouvellent l’esprit et la volonté politique qui ont émergé de la Déclaration de New York et de l’adoption des Pactes mondiaux, notamment du Pacte mondial pour les réfugiés (GCR) », a-t-il rappelé : « De tels engagements doivent maintenant être transformés en actions concrètes. »
Mgr Jurkovic a lancé un appel à agir « avec un multilatéralisme efficace » et a cité à ce propos les paroles du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, prononcées à l’Assemblée générale des Nations Unies, le 28 septembre 2019 : « La promotion d’un multilatéralisme efficace est l’une des priorités les plus importantes de la communauté internationale, car elle est une condition préalable à la résolution des problèmes. »
« Promouvoir le dialogue à tous les niveaux est en effet à la fois la prévention et l’antidote aux divisions et aux crises », a aussi affirmé l’observateur permanent du Saint-Siège. Il a souligné les « trois aspects particuliers » qui ont été soulevés par le Saint-Siège « tout au long du processus de consultation en vue de la GCR ».
Le premier concerne « la responsabilité partagée de s’attaquer aux causes profondes du déplacement forcé » et d’« appuyer des mesures de réconciliation » pour le « retour sécuritaire et volontaire des réfugiés » dans leurs pays d’origine. « Il est important que les réfugiés qui ont trouvé refuge et protection dans les pays voisins puissent rentrer chez eux et y rester en sécurité », a déclaré Mgr Jurkovic.
Il a aussi exigé la mise en place « des mesures concrètes pour augmenter le nombre et la gamme de voies légales alternatives pour une réinstallation sûre et volontaire » des migrants et des réfugiés. Il s’agit de « programmes de parrainage privé et communautaire » ; de « l’ouverture de couloirs humanitaires » et de « l’octroi de visas temporaires spéciaux pour les réfugiés particulièrement vulnérables ». Il faut « promouvoir un plus grand respect pour l’unité de la famille en développant les visas de regroupement familial » et « respecter le droit universel à une nationalité dûment certifiée pour tous les enfants à la naissance », a souligné le nonce apostolique.
À cet égard, Mgr Jurkovic a soulevé la question de l’apatridie en saluant la création aux Nations Unies d’un Segment de haut niveau consacré à ce problème. Il a aussi voulu « féliciter le Kirghizistan pour ses efforts visant à éliminer l’apatridie, ainsi que d’autres États engagés dans des efforts similaires ».
Enfin, le troisième aspect présenté par Mgr Jurkovic concerne « la santé, y compris la santé mentale ». « La santé, a-t-il affirmé, doit être reconnue comme un droit universel. Ainsi, l’accès aux soins de santé ne peut être considéré comme un privilège. »
En concluant, le nonce apostolique a rappelé que « les réfugiés ne sont pas des nombres et des quotas à répartir et à attribuer, mais des personnes avec un nom, une histoire, des blessures, mais aussi avec beaucoup de force et de potentiel ».
Il a évoqué l’inauguration par le pape François – à l’occasion de la 105e Journée internationale des migrants et des réfugiés célébrée le 29 septembre 2019 – d’ « une sculpture représentant un groupe de migrants et de réfugiés de différentes confessions et cultures ». Cette œuvre, a-t-il dit, « s’inspire d’un passage biblique, de la Lettre de saint Paul aux Hébreux : « N’oubliez pas l’hospitalité ; quelques-uns en la pratiquant ont, à leur insu, logé des anges. »
Mgr Ivan Jurkovic @YouTube/OPTIC
ONU : ne pas «abandonner» les communautés accueillant des réfugiés, par Mgr Jurkovic
Et « résoudre les causes profondes du déplacement forcé »