ROME, Jeudi 27 octobre 2005 (ZENIT.org) – En Chine, le séminaire régional du Sichuan a rouvert ses portes avec trente étudiants et une équipe composée de jeunes enseignants, explique « Eglises d’Asie, l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA n. 427, eglasie.mepasie.org).
Le 26 septembre dernier, trente étudiants ont commencé à suivre des cours au grand séminaire régional du Sichuan, situé dans le district de Pixian, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Chengdu, capitale du Sichuan. Pour l’Eglise locale, la réouverture du séminaire régional constitue un accomplissement en soi, tant ces dernières années les difficultés n’ont pas manqué. Mais, si les responsables catholiques apprécient la qualité et le confort des bâtiments, ils s’inquiètent du manque de solidité de l’équipe enseignante, formée de jeunes professeurs, des prêtres en majorité ordonnés très récemment.
Rouvert une première fois en 1984, le « grand séminaire du sud-ouest » a connu différents problèmes. Une année, tous les étudiants furent renvoyés dans leurs diocèses du fait d’un manque de discipline. Plus tard, en avril 1994, une majorité des étudiants quitta les lieux pour protester contre la nomination comme vice-supérieur d’un cadre non catholique du Bureau provincial des Affaires religieuses (1). En 1996, un prêtre du grand séminaire national vint de Pékin pour réorganiser l’institution. Quelques années plus tard, il fut décidé de transférer les locaux de l’ancien site, jugé étroit et bruyant, dans un nouveau site, éloigné de quelques kilomètres dans le même district de Pixian. Ce sont ces nouveaux locaux qui ont été inaugurés en septembre dernier. Pendant la durée des travaux, soit deux années universitaires, les étudiants avaient été transférés au séminaire national de Pékin.
Pour les responsables locaux, le séminaire est désormais « un des plus beaux » des onze autres grands séminaires « officiels » du pays. Reprenant – après rénovation – des locaux occupés auparavant par l’administration locale des Affaires religieuses, les bâtiments sont, selon les standards locaux, relativement luxueux. « Chaque chambre, de trois lits, comprend des toilettes, une douche – avec eau chaude – et l’air conditionné », explique Liu Deshen, vice-président de l’Association patriotique de Chongqing. Le recteur du séminaire, le P. Li Zhigang, précise que certains éléments, tels des téléviseurs dans les chambres, ont été retirés. « Nous demandons [aux séminaristes] qu’ils apprennent la discipline et fassent preuve de rigueur dans leur vie. Ils entrent en effet au séminaire non pour avoir la vie facile, mais pour se préparer à servir dans des paroisses où, bien souvent, le niveau de vie sera faible », indique le recteur.
Pour les prêtres et responsables des diocèses des provinces du Yunnan, du Sichuan, du Guizhou et de la municipalité de Chongqing, c’est la qualité de l’équipe enseignante qui constitue un sujet d’inquiétudes. Le P. Ran Qiliang, vicaire général du diocèse de Wanzhou, souligne que quatre des huit prêtres enseignants ont été ordonnés il y a peu, il y a un an ou deux pour certains d’entre eux. « Aucun d’entre eux n’a étudié à l’étranger et le séminaire n’a pas pu inviter d’enseignants d’autres régions de Chine », précise-t-il. Le P. Simon Yue Guoqing, du diocèse de Leshan, est préfet des études. Agé de 34 ans, ordonné en 2004, il est bien conscient des lacunes de son équipe enseignante. « Nous avons bien essayé d’inviter des professeurs des autres séminaires, mais ils sont soit trop occupés soit peu désireux de voyager jusqu’à Chengdu », déclare-t-il. Pour remédier à ces faiblesses, le séminaire compte sur la formation permanente que les prêtres-enseignants pourront recevoir et sur les séjours que pourront faire au séminaire des professeurs venus de l’étranger. Les autorités gouvernementales locales ne sont pas opposées à l’idée que des professeurs étrangers viennent temporairement au séminaire, ajoute encore le P. Simon Yue.
Pour l’heure, les trente étudiants, tous âgés d’une vingtaine d’années, sont inscrits en première année de philosophie. Le premier cycle de philosophie durera de deux à trois ans, avant que, espère le P. Li Zhigang, il soit possible d’ouvrir des classes de théologie. L’enseignement des matières profanes, telles les langues étrangères, l’histoire et la géographie, sera assuré par des professeurs venus des universités voisines. « Nous sommes déterminés à bien gérer ce séminaire, déclare le P. Li Zhigang. L’équipe enseignante est sous pression, car les différents diocèses de la région et les organisations d’Eglise attendent beaucoup de nous. »
(1) Voir EDA 177, 178, 189, 198, 244