Première publication le 26 juin 2025 par l’AED
Une attaque meurtrière a été perpétrée contre l’église Saint-Élie à Damas le 22 juin 2025. Le père Fadi Azar, prêtre franciscain en Syrie, a pris la parole pour alerter sur la situation des chrétiens sur place.
« Les chrétiens en Syrie ressentent une grande douleur. La communauté chrétienne dans tout le pays traverse un moment de profonde tristesse avec la mort de 30 chrétiens dans cet attentat. À ce jour, on compte 54 blessés », a déclaré le père Fadi Azar, prêtre franciscain en Syrie, dans une interview accordée à l’AED. Il a expliqué que la situation devenait de plus en plus difficile pour les groupes religieux non dominants… « Chaque fois que l’Église interpelle le gouvernement, cela est qualifié d’incident isolé. Jusqu’à cet événement grave, qui a bouleversé l’ensemble de la Syrie. »
Le père Fadi a lancé un appel pour la défense des droits humains en Syrie : « Nous avons la foi, nous n’avons pas peur. La persécution des chrétiens au Moyen-Orient, en Terre Sainte, a toujours existé. Cela fait 2 000 ans que ça existe. Mais nous vivons dans un monde civilisé, où les droits humains sont censés être défendus. Nous ne voulons la justice, rien de plus. Les chrétiens ont le droit de vivre dans un pays sûr, où ils peuvent aller à l’église et prier en paix. »
Le prêtre, qui a passé de nombreuses années à Damas, a insisté sur la période d’incertitude que traverse la Syrie et de la souffrance des chrétiens après l’attentat de dimanche dernier. À ce sujet, il a souligné la répétition des agressions : « Des fusillades devant des églises à Homs ou à Hama. Mais aussi des enlèvements, et de nombreux chrétiens perdent leur emploi », a-t-il expliqué à l’AED.
« Nous recevions beaucoup de menaces »
À propos de l’instabilité du pays depuis le changement de gouvernement, le prêtre a rappelé les événements de mars : « En mars, ici à Lattaquié, beaucoup d’Alaouites ont été tués. Et maintenant, pour la première fois dans l’histoire de la Syrie, depuis 1860, des assaillants entrent dans une église et tuent de nombreuses personnes pendant la messe, un dimanche à six heures du soir. »

Concernant les auteurs présumés de l’attentat, plusieurs versions circulent quant à leur identité. Le père Fadi rapporte que « certains affirment que c’était le groupe Ansar al-Sunna, lié à Daech. Avant, ils étaient tous à Idlib. » Il a ajouté : « C’est un danger, pas seulement pour les chrétiens. Ils sont très dangereux. Ils ne veulent pas d’un gouvernement civil, ils veulent un gouvernement islamiste fanatique et terroriste. »
Quant à savoir si cette attaque était attendue par la population, le prêtre a expliqué que, d’une certaine manière, elle était redoutée depuis des mois : « Nous recevions des menaces. C’était prévisible, mais personne ne savait quand. La semaine dernière, il y a eu une fusillade devant une église syriaque orthodoxe à Homs, un homme a tiré sur la porte de l’église. »
Une protection internationale réclamée
Concernant l’état actuel de la communauté chrétienne locale, le prêtre syrien a expliqué que « tous les chrétiens ressentent une grande tristesse. Nous avons le sentiment d’être seuls maintenant. Nous demandons l’intervention du Vatican, de la Communauté européenne… » et il poursuit : « Les gens nous disent maintenant : “Père, nous ne voulons pas d’aide, pas de nourriture, pas de médicaments, rien. Aidez-nous à fuir. Nous avons peur pour nos vies et celles de nos enfants.” »
Dans ce contexte, le nombre de chrétiens en Syrie continue de diminuer : « Avant la guerre, les chrétiens représentaient 10 % de la population. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 3 %. Il est fort probable que d’autres quittent le pays cet été », a-t-il déclaré à l’AED.
Blanca Tortosa
