1er juin 2025
Q : Récemment, un paroissien m’a demandé une bénédiction avec l’huile des malades en raison d’un voyage à l’étranger. J’ai dû le catéchiser pour lui apprendre que cette huile n’était réservée qu’aux personnes gravement malades, aux personnes âgées, à ceux qui font l’objet d’une intervention médicale grave ou à ceux qui sont sur leur lit de mort. Le paroissien continuait à insister sur le fait que certains anciens prêtres de la paroisse avaient l’habitude de bénir avec de l’huile les gens qui allaient faire un long voyage. Pourriez-vous nous éclairer un peu ? — S.T., Mumbai, Inde
R : Je n’ai pas pu vérifier la possibilité que certaines coutumes locales existaient qui permettaient aux personnes d’être ointes avant d’entreprendre un long voyage ou une émigration.
Je peux affirmer que ni le Rituel romain en vigueur avant le Concile Vatican II, ni l’actuel Livre des Bénédictions, ne prévoie l’utilisation de l’onction dans le cadre de la bénédiction rituelle pour ceux qui s’apprêtent à partir en pèlerinage ou pour un long voyage. Mais certaines sources ont suggéré la possibilité de cette utilisation dans plusieurs situations non sacramentelles.
En ce qui concerne les saintes huiles bénies par l’évêque au cours de la messe chrismale, il existe des indications claires concernant leur utilisation émanant des conférences épiscopales et des diocèses du monde entier. Tous ces textes contiennent une version de la norme suivante :
« Les huiles ne doivent PAS être employées pour un usage non sacramentel. Les saintes huiles qui doivent être renouvelées chaque année sont destinées uniquement à un usage sacramentel. Elles sont sacrées et doivent être traitées avec dignité et respect et il faut veiller à les protéger d’usages non sacramentels ». Par « usage sacramentel », il faut comprendre l’administration des sacrements tels que l’onction des malades et la confirmation, mais aussi l’utilisation dans le cadre d’autres rites liturgiques comme l’onction des mains d’un prêtre lors de l’ordination ou de l’autel lors de la consécration d’une église.
À la lumière de ce qui précède, il est clair que l’huile des malades ne peut être utilisée dans le contexte d’autres bénédictions en aucune circonstance.
Si quelqu’un était sur le point d’entreprendre un long voyage pour recevoir l’assistance médicale nécessaire, alors le sacrement de l’onction des malades pourrait être administré comme il se doit. Il y a d’autres sortes d’huiles bénies qui sont bénies par les prêtres pour être utilisées dans la piété populaire en utilisant les formules du Livre des Bénédictions. Ce sont des sacramentaux de la même manière que l’eau bénite, le sel béni, les médailles et les crucifix.
Nous trouvons habituellement deux types de ces huiles bénies.
Il existe des huiles bénies associées aux sanctuaires et aux saints, comme le sanctuaire de la Sainte Maison de Lorette en Italie, le sanctuaire de Notre-Dame du Laus dans le sud-est de la France, et l’huile bénie de St Genès d’Arles.
Cette coutume de bénir l’huile en l’honneur de certains saints semble être née de la pratique d’allumer des lampes à huile sur les tombes des martyrs et des saints. Ces lampes étaient entretenues en l’honneur du saint, et de grandes sommes d’argent étaient souvent données comme offrandes votives pour les garder allumées.
Parfois cette huile aurait été placée dans les lampes du tombeau pendant un certain temps avant d’être distribuée aux pèlerins ou envoyée aux malades qui n’étaient pas en mesure de venir en personne au sanctuaire.
Dans certains cas, l’huile associée à certains saints a été associée à la guérison d’une maladie spécifique. Bien que beaucoup aient été animés par une foi sincère, un certain degré de superstition ne peut être totalement exclu.
De même, il faut se méfier des sites Internet qui proposent à la vente une telle huile bénie. Il faut se rappeler que selon le droit canon, tout objet béni perd sa bénédiction du moment où il fait l’objet d’une transaction commerciale.
Le deuxième type comprend les huiles qui sont bénies par un prêtre en utilisant le rite du Livre des Bénédictions à des fins dévotionnelles.
En 2021, les évêques de l’Afrique australe ont donné les indications suivantes :
« Comme sacramental, l’huile bénie indique le renforcement, la protection et la guérison comme l’eau bénite.
« Pour la bénédiction de l’huile, on trouvera ci-dessous la prière de bénédiction recommandée par la conférence. L’huile ainsi bénie sera amenée au niveau d’autres sacramentaux comme les médailles, crucifix et eau bénite qui ont leurs propres formules de bénédiction.
« Il sera nécessaire et important d’apprendre aux gens que l’huile ainsi bénie par le prêtre ou l’évêque est à utiliser pour eux-mêmes ou dans leur famille.
« Dans le cas de liturgies de guérison quand le prêtre n’utilise pas l’huile des malades, l’huile peut être bénie en utilisant la formule ci-dessous. Le prêtre qui l’utilise a la responsabilité de catéchiser le peuple sur les raisons pour lesquelles, à cette occasion particulière, on utilise l’huile bénie et non l’Huile des malades.
« La raison principale est que l’huile pour le sacrement des malades est utilisée pour conférer le sacrement à ceux qui sont physiquement malades, alors que les liturgies de guérison invitent les personnes avec toutes sortes d’affections physiques, psychiques, émotionnelles, à venir prier et être ointes de l’huile bénie. L’eau bénite, le sel béni, les bougies bénites et l’encens pourraient aussi être utilisés comme des alternatives dans ces rituels de prière.
« Cette huile bénie est aussi utilisée en cas de délivrance comme l’eau bénite serait utilisée.
« Des groupes tels que Youth Encounter in Spirit (YES), Education for Life et d’autres provenant de milieux charismatiques, utilisant l’huile bénie, sont invités à comprendre que les évêques restreignent désormais la bénédiction et l’utilisation de cette huile bénie aux seuls prêtres.
« La promotion et l’utilisation de l’eau bénite est une alternative à l’huile bénie, et son équivalent.
« Il y a une prière spéciale pour la bénédiction de l’huile ordinaire et elle doit être utilisée par un prêtre lorsqu’il bénit l’huile à la demande de quelqu’un.
« Le prêtre, après avoir béni l’huile, va oindre la personne avec un simple signe de croix sur le front, en silence, et confier l’huile à la personne pour son propre usage, ou pour l’usage dans la famille.
« Il rappelle à la personne que cette huile n’est qu’un sacramental qui indique la rencontre beaucoup plus importante avec le Christ guérisseur dans les sacrements de la confession et de la sainte communion.
« Les évêques désirent aussi que l’huile bénie soit utilisée par le prêtre ou un certain nombre de prêtres dans les lieux de pèlerinage où sont rassemblés de nombreux fidèles dont les besoins de guérison sont beaucoup plus larges que la maladie physique qui est la raison du sacrement de l’Onction des malades ».
Les directives ci-dessus qui limitent l’utilisation de l’onction aux évêques et aux prêtres sont, entre autres, une application pratique de la position officielle du Saint-Siège. Dans l’instruction interdicastérielle « Sur quelques questions concernant la collaboration des fidèles laïcs au ministère des prêtres » (1997), l’article 9 énonce :
« Les fidèles non-ordonnés assistent particulièrement les malades en les accompagnant aux moments les plus graves, en suscitant en eux le désir des sacrements de Réconciliation et de l’Onction des malades, en favorisant leurs dispositions et en les aidant à préparer une bonne confession sacramentelle individuelle, comme aussi à recevoir l’Onction. Quand ils ont recours à des sacramentaux, les fidèles non-ordonnés veilleront à ce que ce geste ne soit pas confondu avec les sacrements dont l’administration est réservée en propre et exclusivement à l’évêque et au prêtre. Ceux qui ne sont pas prêtres ne peuvent en aucun cas pratiquer des onctions, ni avec de l’huile bénite pour le Sacrement des malades, ni avec toute autre huile ».
Cela dit, ce que les indications pastorales disent concernant l’utilisation d’autres huiles pourrait être utilisé par notre prêtre correspondant de l’Inde pour répondre aux désirs de son paroissien.
Il pourrait d’abord bénir l’huile en utilisant la formule trouvée dans le Livre des Bénédictions et ensuite utiliser cette huile bénie pour oindre son paroissien après avoir donné la bénédiction spéciale à ceux qui s’apprêtent à entreprendre un voyage.
Le Livre des Bénédictions publié dans différents pays a des arrangements légèrement différents selon les besoins pastoraux de chaque lieu. Dans la version américaine, « la bénédiction des voyageurs » se trouve au chapitre 9, pages 271 à 278. « La bénédiction de la nourriture ou des boissons ou d’autres éléments liés à la dévotion » se trouve au chapitre 59, pages 751 à 759.
Il est nécessaire de veiller à ce que le bénéficiaire de la bénédiction soit conscient qu’il reçoit un sacramental et non un sacrement, et que l’huile bénie n’est pas celle de l’onction des malades.
* * * Les lecteurs peuvent envoyer leurs questions à zenit.liturgy@gmail.com. Veuillez inscrire le mot Liturgie dans l’objet. Le texte doit inclure vos initiales, votre ville et votre état, province ou pays. Le père McNamara ne peut répondre qu’à une petite partie du grand nombre de questions qui arrivent.