Des voyages trop chers pour les fêtes, sur le magazine «Piazza San Pietro», le pape François répond à une mère : « Aidons les jeunes et les familles par des mesures concrètes »
VATICAN, 15 AVRIL 2025 – «Il serait bien que les grandes entreprises puissent instituer des bonus pour le regroupement familial, au moins pour les fêtes de Noël et de Pâques. Ce serait un acte d’humanité et de fraternité, auquel est appelé aussi le monde de l’économie et des entreprises». Le pape François l’écrit dans les pages de « Piazza San Pietro », le mensuel dirigé par le père Enzo Fortunato qui explore des thèmes d’actualité, de spiritualité et de culture, en répondant – comme chaque mois – à une des lettres qui lui sont adressées. C’est celle d’une mère sicilienne de deux enfants travaillant hors de la région, qui estime injuste la hausse des prix des vols et des trains à l’approche des fêtes. Ce phénomène ne permet pas toujours le regroupement familial pour les fêtes.
« Dans ce changement d’époque, beaucoup de jeunes, beaucoup d’enfants ont trouvé du travail loin de leurs parents et ne peuvent pas passer avec eux les fêtes de Noël et de Pâques. Parfois même, la distance relâche les relations, crée des incompréhensions et des difficultés» écrit le Pontife qui pousse à aider les jeunes et les parents à être ensemble, convaincu que «ces fêtes et ces journées passées avec les parents et les grands-parents peuvent être des moments de bonheur unique. Ils deviennent des souvenirs qui nous donnent sérénité et joie pour toute la vie, des souvenirs auxquels nous pouvons nous accrocher dans les moments les plus compliqués et durs, souvenirs qui engendrent confiance et espérance parce qu’ils nous montrent que le bien et l’amour sont toujours possibles et qu’il y a un Amour plus grand qui nous attend et nous pardonne».
LETTRE AU PAPE
Cher Francesco, les prix des vols sont trop élevés, comment peut-on aider les familles avec des enfants éloignés ?
Cher Pape François,
Je t’écris de Palerme. Je suis mariée depuis 42 ans avec mon bien-aimé Francesco. Nous avons deux merveilleux enfants qui, pour des raisons professionnelles, vivent tous deux en dehors de la Sicile.
Je ne fais qu’observer un phénomène qui, selon moi, est extrêmement injuste pour des familles comme la nôtre. Les avions pour les moyens de transport pendant les fêtes et / ou les vacances d’été atteignent des chiffres incroyablement élevés, pour ceux qui vivent de la retraite. Et rejoindre les membres de la famille est parfois un problème.
Même pour les enfants qui veulent retourner chez leurs parents pendant un certain temps, le coût des vols est extrêmement élevé. Parfois on renonce à être tous ensemble.
Mais ne pourrait-on pas tenir compte de cela et établir en amont des tarifs préférentiels pour ceux qui ont des parents éloignés ?
C’est compliqué maintenant, vraiment ! Les jeunes vont travailler ailleurs, et heureusement ils le font … Mais au moins à Noël et à Pâques, on devrait aider un peu plus les familles qui souhaitent enfin être ensemble pendant quelques jours, sans faire dépenser une somme absurde pour le voyage.
La solidarité passe aussi par ces petites facilités. Meilleurs voeux pour la revue et bon travail à tous.
Santa
LE PAPE REPOND
Aidons les jeunes et les familles par des mesures concrètes pour qu’ils puissent partager la joie de Pâques
Chère Santa,
Je suis conscient et je l’ai dit plusieurs foi,s que les familles doivent être soutenues pour rester ensemble, jouir de la compagnie mutuelle, s’accompagner sur leur parcours de vie, dialoguer et chercher ensemble la volonté du Seigneur. Dans ce changement d’époque, beaucoup de jeunes, beaucoup d’enfants ont trouvé du travail loin de leurs parents et ne peuvent même pas passer avec eux les fêtes de Noël et de Pâques. Parfois même la distance relâche les relations, crée des incompréhensions et des difficultés.
Il serait bon que les grandes entreprises puissent instituer des bonus pour le regroupement familial, au moins pour les fêtes de Noël et de Pâques. Ce serait un acte d’humanité et de fraternité, auquel le monde de l’économie et des entreprises est également appelé.
Je me souviens d’une expression efficace de Saint Jean-Paul II: le travail est pour l’homme, pas l’homme pour le travail. Nous pensons toujours à la Vierge quand, à Cana, elle dit à Jésus: « Ils n’ont plus de vin», en se référant à la fête de mariage de deux jeunes époux. Alors aidons les jeunes et les familles à être ensemble, au moins pendant les fêtes, à partager, en contribuant à créer les conditions pour que l’on puisse se rencontrer et aimer.
Ces fêtes et ces journées passées avec les parents et les grands-parents peuvent être des moments de bonheur unique. Ils deviennent des souvenirs qui nous donnent sérénité et joie pour toute la vie, des souvenirs qui peuvent nous accrocher dans les moments plus compliqués et durs, des souvenirs qui engendrent la confiance et l’espérance parce qu’ils nous montrent que le bien et l’amour sont toujours possibles et qu’il y a un plus grand Amour qui nous attend et nous pardonne.
L’expérience de l’amour de Dieu est une grâce que l’on peut vivre en famille. Et qu’aucune intelligence artificielle ne pourra reproduire. C’est pourqupoi dans l’encyclique Dilexit nos, que j’ai voulu dédier à l’amour humain et divin du coeur de Jésus, j’ai souligné ce qu’aucun algorithme ne pourra jamais reproduire. Par exemple, «l’utilisation de la fourchette pour sceller le bord de ces petits pains faits maison avec nos mamans ou grands-mères», ou «faire apparaître des sourires avec une blague». Tout cela peut être vécu en famille. Nous aidons les jeunes et leurs parents quand ils veulent être ensemble.
Dans le même temps, nous cherchons également d’autres voies lorsque nous sommes loin, en utilisant la technologie. Nous pouvons utiliser l’appel video, au cours duquel nous pouvons aussi prier ensemble à distance , nous confronter à la Parole de Dieu et grandir dans la communion.
Cela ne peut pas être la règle, mais dans certains cas, nous pouvons recourir à ces nouveaux outils, par exemple en utilisant un chat familial, où chaque jour vous proposez de partager et méditer une phrase de l’Evangile, pour nous soutenir même à distance sur le chemin de la foi.
Je me souviens de vous dan,s la prière et n’oubliez pas de prier pour moi.
François