Le gouvernement canadien a discrètement retiré son financement à un comité chargé d’enquêter sur les tombes anonymes situées à proximité d’anciens pensionnats indiens, après que des années de recherches coûteuses n’aient pas permis de trouver des preuves matérielles de la présence de restes humains. Cette décision a relancé le débat sur la vérité qui se cache derrière l’un des récits les plus chargés politiquement au Canada et sur le rôle du gouvernement et des institutions religieuses dans l’histoire du pays.
Des millions dépensés, aucune trace retrouvée
Le Comité Consultatif National (CCN) sur les pensionnats, les enfants disparus et les sépultures anonymes a annoncé à la mi-février qu’il était « extrêmement déçu » par la décision du gouvernement fédéral de lui retirer son soutien financier. Le comité, géré conjointement par le centre national pour la vérité et la réconciliation et le ministère des relations Couronne-Indigènes, avait pour mission d’aider les communautés indigènes à localiser et à commémorer les enfants qui auraient disparu des pensionnats.
Malgré les millions de dollars alloués à cette initiative, aucun corps n’a été retrouvé sur les terrains associés à ces écoles mandatées par le gouvernement, dont beaucoup étaient gérées par des églises catholiques et anglicanes. Le financement initial du projet, budgétisé en 2022, devait expirer en 2025, alors qu’environ 216,5 millions de dollars ont déjà été dépensés. Les 7,9 millions de dollars dépensés pour les travaux sur le terrain n’ont pas encore donné lieu à des découvertes matérielles.
La réclamation de Kamloops et ses conséquences
Le tollé mondial suscité par des tombes anonymes a commencé en 2021, lorsque la première nation Tk’emlúps te Secwépemc a affirmé avoir découvert 215 sépultures dans l’ancien pensionnat indien de Kamloops. Toutefois, cette affirmation n’était fondée que sur des relevés radar à pénétration de sol mais ne confirment pas la présence de restes humains. Les années suivantes, l’affirmation a été révisée, passant de « 215 tombes » à « 200 sépultures potentielles », sans qu’aucune fouille ne permette d’en savoir plus.
Cependant, les médias et les personnalités politiques ont amplifié les accusations initiales, provoquant l’indignation de l’opinion publique. À la suite de ces rapports, 112 églises, dont beaucoup desservant des communautés indigènes, ont été vandalisées, profanées ou incendiées dans tout le Canada, la majorité des attaques visant des églises catholiques.
La position de M. Trudeau et la désinformation persistante
Malgré l’absence de preuves physiques confirmées, le premier ministre Justin Trudeau a continué à affirmer publiquement que des tombes anonymes avaient été découvertes. En juin 2024, il a réitéré cette affirmation, alimentant la controverse et les critiques.
Le système des pensionnats, qui a fonctionné de la fin du XIXe siècle jusqu’à la fermeture de la dernière école en 1996, était une initiative gouvernementale destinée à assimiler les enfants autochtones à la société occidentale. Alors que des organisations religieuses, en particulier l’Église catholique, géraient un grand nombre de ces établissements, les écoles étaient créées et financées par le gouvernement fédéral.
Des décès tragiques ont eu lieu au sein du système, mais les preuves historiques suggèrent que de nombreux enfants ont succombé à des maladies telles que la tuberculose, exacerbées par un financement gouvernemental inadéquat des soins médicaux et de l’assainissement. En octobre 2024, un juge manitobain à la retraite, Brian Giesbrecht, a critiqué l’administration Trudeau, affirmant que les canadiens étaient « délibérément induits en erreur par leur propre gouvernement », qui continuait à défendre une thèse accusant injustement l’Église catholique d’être à l’origine des « enterrements secrets ».
Un récit politisé ?
S’il est incontestable que des abus ont été commis dans certains pensionnats, les allégations de fosses communes et d’enterrements cachés n’ont pas été prouvées. Les critiques affirment que ces allégations non vérifiées ont alimenté une réaction anticatholique et porté atteinte à l’exactitude historique.
Le retrait discret du financement par le gouvernement suggère une reconnaissance implicite du fait que les preuves n’ont pas corroboré les affirmations dramatiques formulées ces dernières années.